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 Les Affrontements Festifs d'Ubersreik

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Gromdal
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeSam 16 Mar 2019 - 23:00

.        L’explosion réveilla une grande partie de la ville. Notamment, dans une auberge… deux halfings. La plus âgée s’empara sans attendre du fléau posé contre son lit, les yeux alertes au milieu d’un visage marqué de rides et de cicatrices, encadré de deux nattes aux cheveux blancs. L’autre, bien plus jeune, s’était réveillé en sursaut et regardait avec ses grands yeux son aînée.

       « Luisétincelle, lui dit la halfeline sans ciller. Apporte moi mon armure. Et au plus vite ; considère cela comme ton baptême du feu. »

       Le jeune (demi) homme ne se fit pas prier et se précipita sans mot dire sur l’une des deux volumineuses valises qui patientaient à côté de la porte de leur chambre. Gentevigne le regarda faire, distraitement, les yeux plissés. Elle espéra un instant que l’explosion ne soit qu’un accident… mais elle se rappela les événements de la clôture de son propre tournoi, un an plus tôt. Il y avait autant de chance que ce qui se déroulait soit un accident ou prémédité.

       Se levant pour enfiler ses chausses, elle grommela. Il fallait évidemment que ce genre de chose arrive pendant ses jours de permissions loin de la Commanderie de la Reiksguard…

* * *

       Lorsque la Großmeisterin Narcisse Gentevigne descendit dans la grande salle de l’auberge en armure complète, armée de son fidèle fléau, la salle baignait dans un silence presque complet, uniquement troublé par quelques murmures parcourant les tables et le crépitement du feu dans la cheminée.

       Elle ignora la foule et ouvrit la porte donnant sur la rue. On pouvait voir par dessus les maisons, une nuage de fumée verte s’élever. Portés par le vent, des échos lui venaient de l’endroit, que son ouïe fine de halfeline réussissait à entendre. Des cris. Des plaintes humains, des hurlements de douleurs, et … d’autres choses.

       Plissant les yeux derechef, Narcisse se tourna vers la grande salle de l’auberge, les client la regardant en retour. Elle avisa quatre soldats de la garde attendant leur tour de ronde dans un recoin, des jeunes nobliaux quelque peu avinés mais armés, une bande de mercenaire autour d’une grande tablée, et quelques individus solitaires qu’elle aurait qualifiés de peu recommandables en temps normal. Mais elle n’avait pas de soldats de la Reiksguard sous la main. Elle souleva la visière de son casque au panache si reconnaissable de l’un des ordres de chevalerie impériale les plus reconnus.

       « Que tous ceux en armes viennent avec moi.” S’exclama-t-elle d’un ton sec et autoritaire, toisant chacun d’eux. “Si la situation est aussi mauvaise qu’on peut le craindre, alors la ville aura besoin de vous. Que vous cherchiez la gloire ou l’argent, qu’importe, vous pourrez l’obtenir si vous aidez à sauver ses quelques vies. »

       Sur la table du fond, les gardes échangèrent des regards, avant de se lever d’un air résigné, et de la rejoindre. À leurs tables, les mercenaires se concertèrent en silence, puis hochèrent la tête. Comme un seul homme, ils se levèrent, et mirent la main à leurs armes, les visages fermés. Deux des hommes encapuchonnés se joignirent au groupe qui se formait autour de Narcisse, des coutelas apparaissant dans leurs main gantées. Les nobliaux semblaient réticents, jusqu’à ce qu’un d’entre eux descende d’un trait son verre de vin avant de s’avancer, l’air peu rassuré, mais volontaire. Presque à contrecoeur, ses jeunes compagnons le suivirent. Les autres clients de l’auberge, petits marchands, soudards, serveuses...  les regardèrent sans rien dire, parfois impressionnés, parfois apeurés.

       La troupe sortit dans la rue, et Narcisse put les contempler : au total, c’était une quinzaine de lames qui s’offraient à elle. Elle les gratifia d’un hochement de tête.

       « Vous faites honneur à l’Empereur, et à votre nation. Messieurs, suivez-moi, et soyez prêts à toute éventualité. »

       Les gardes se mirent au garde-à-vous. Les mercenaires dégainèrent leurs armes en guise de réponse : hallebardes, flamberges aux lames menaçante… Le filou s’était mêlé à eux Derrière, les jeunes nobles sortirent timidement de fines rapières. Certains d’eux tremblaient, mais ils ne voulaient pas faire marche arrière.

       « Que l’un de vous mène la marche, ordonna-t-elle aux hommes de garde. Nous allons directement voir de quoi il en retourne. »

       L’un deux hocha la tête, les autres se mirent en formation à ses côtés, et ils se mirent en chemin, les mercenaires en rangs derrière eux, les jeunes nobles fermant la marche.

* * *

       « Gardez les rangs, gardez les rangs ! » hurla Narcisse en fracassant le crâne d’un revenant de son fléau. Le non-mort tenta de lever un bouclier frappé du symbole des dieux sombres, mais ne fut pas assez rapide. À ses côtés, les membres de la garde, les pieds fermement plantés sur le sol, tenaient bon face à l’assaut des maraudeurs morts-vivants, leur ligne complétée par les hallebardiers mercenaires. Ceux qui maniaient les épées longues abattaient froidement les morts qui tentaient de passer la ligne, imités par le filou et un des jeunes nobles. Ses compagnons étaient agenouillés à l’arrière, soutenant un des leurs, blessés grièvement.

       Un rapide regard lui indiqua qu’ils avaient également perdu un mercenaire supplémentaires, et elle serra des dents. Depuis qu’aux skavens mort-vivants s’étaient mêlés des revenants du chaos, maraudeurs à moitié décomposés, squelettes et cadavres boursouflés, leur progression s’était ralentie. Ce n’était pas tant que les morts-vivants humains étaient beaucoup plus dangereux : tout comme les autres, ils étaients pour la plupart titubant et maladroits. Mais leurs os se brisaient moins facilement que ceux, plus légers et fragiles, des squelettes des hommes-rats, et ils s’ajoutaient au poids du nombre de la horde grouillante des skavens.

       Pourtant, peu à peu, ils s’approchaient des docks : des volutes de fumée verdâtres étaient retombées dans les rues comme un brouillard malsain, et certaines bâtisses commençaient à prendre feu. Lentement mais sûrement, ils remontaient la rue droite qui les mènerait jusqu’aux docks.

       Enfin, alors qu’ils atteignaient les entrepôts, la marée s’arrêta. La halfeline baissa son arme. Il semblait ne plus y avoir de revenants dans la rue, et elle se retourna alors pour contempler son groupe. Leurs armures avaient été salies, souillées, abimées, leurs vêtements déchirés, leur peau griffée, mais ils étaient encore debout. Manquaient à l’appel l’un des deux filous, trois mercenaires, et deux nobliaux : le jeune homme blessé avait été ramené vers un endroit plus sûr par un de ses compagnons. Narcisse espérait qu’ils réussissent à trouver un tel endroit dans la folie qui semblait s’emparer de la ville. Cela dit, pour une petite troupe disparate, elle devait avouer qu’ils l’avaient plutôt impressionnée : elle n’aurait pas pensé qu’autant survivraient jusque là.

       Les avaient remplacés quelques gardes et d’autres combattants, poches de résistance rencontrées sur le chemin. Les survivants s’étaient joints à eux, portant leurs nombres à une petite vingtaine. Bien sûr ils n’arrivaient pas toujours assez vite, et trop de fois ils avaient dû se résigner à dépasser sans pouvoir rien faire les cadavres de civils qui n’avaient pas réussi à s’enfuir assez rapidement.

       Alors que tous prenaient le temps de reprendre leur souffle, goûtant avec contentement au répit soudain, la légère bise qui soufflait lui apporta de nouveau de faibles échos, qui se révèrbéraient contre les murs des entrepôts. Une voix grave et ferme, semblait déclamer des vers entre deux éclats d’un combat.

       « Hardi ! s’exclama-t-elle envers sa troupe. Notre devoir n’est pas fini ! Nous pourrons nous reposer plus avant quand nous aurons purgé le quartier de cette vermine ! »

       Tous reprirent leurs armes, certains à contrecoeur, mais personne ne protesta ouvertement. Après tout, ils venaient de remonter une marée de morts-vivants sous le commandement de la halfeline. Aussi la suivirent-ils sans trop broncher quand elle s’élança sur les docks.

* * *

       « Article … 223-6 ! Quiconque pouvant empêcher... par son action immédiate, soit un crime, soit un délit contre l'intégrité corporelle de la personne s'abstient volontairement de le faire … sera puni de cinq ans d'emprisonnement ! »

       Repoussant un mort-vivant d’un coup de pied, il en démembra un autre d’un revers de lame.

       « Article 223-7 ! … ”

* * *

       Au bout du ponton, Gentevigne regarda le vieux guerrier barbu couper littéralement un mauraudeur squelette en deux d’un coup de sa longue épée, tout en continuant à déclamer des extraits du code pénal impérial.

       Il était entouré d’une dizaine de revenants, et tout autour de lui étaient éparpillés les très nombreux restes de ceux qui les avaient précédés. Elle crut même apercevoir la forme massive d’un guerrier du chaos. Derrière lui, les corps prostrés de trois humains étaient en travers des pavés, dans une flaque de sang. Visiblement, le combattant avait refusé de les abandonner.

       Elle enjamba un tonneau éventré dont les bords se consumaient lentement. Tout ici portait les traces d’une violente explosion : de toute évidence, cet endroit dévasté était l’épicentre de l’incident.

       Suivie par sa troupe, elle s’élança vers les morts qui assaillaient le guerrier solitaire. Les revenants pris par surprise et en sous-nombre périrent bientôt sous l’assaut des vivants.

       Le vieux combattant les gratifia d’un regard austère et, abaissant son arme, cracha sur les restes du guerrier du chaos.

       « L’aide est appréciée, dit-il d’une voix légèrement éraillée par son… effort vocal. Il est rare de voir des gens respecter les articles du code d’assistance aux cités en danger en ces temps-ci. »

       Puis il toisa la halfeline, avisant son armure complète ouvragée et, contre toute attente, son casque portant les apparats caractéristiques de la Reikguard.

       « Frère Großmann, magistrat itinérant de l’Ordre de la L… de Vénéra, finit-il par lâcher.
       — Narcisse Gentevigne, Großmeisterin de l’Ordre de la Reiksguard, répondit la halfeline avant de montrer sa troupe armée. Et voici le groupe qui m’a accompagnée jusqu’aux ici depuis le quartier supérieur. La ville semble regorger de morts-vivants, vous pouvez m’expliquer ce qui s’est passé ? »

       Großmann renifla bruyamment, une ombre passant sur le visage.

       « Un sabotage, par un vil profanateur. Je ne sais pas ce qu’il a utilisé pour explosif, mais on a tenté de les lancer dans le fleuve pour endiguer l’explosion et depuis… Eh bien, depuis, tout “ça” en sort sans presque s’arrêter.
       — Vous étiez là depuis le début ? demanda Narcisse.
       — Ouaip.
       — Et… vous êtes restés là ?
       — La loi m’interdit de laisser des civils de l’Empire aux griffes des non-morts. »

       Et il désigna les trois corps derrière lui. De là où se tenait la Großmeisterin, il lui était impossible de voir s’ils étaient morts ou vivants.

       « Vous étiez seul ? continua-t-elle.
       — Les autres ont fui. S’ils survivent, je les mettrai aux fers, soyez en sûre.”

       Narcisse leva un sourcil à la remarque, avant de regarder à nouveau le cadavre du guerrier du chaos.

       « Si vous dites vrai, alors je suis impressionnée. Vous êtes un guerrier formidable, Bruder Großmann.
       — Je ne fais que vivre selon les bons préceptes de la Loi Impériale, répondit l’intéressé en haussant les épaules. Et ce n’était pas grand chose. Vous auriez du voir leurs chefs.
       — Leurs chefs ? Les revenants ont des chefs ?
       — Je ne sais pas si on peut les appeler ainsi… mais je peux vous dire que parmi tous ces morts, il y en a trois qui ne sont pas des simples pantins. Vous ne pouvez pas les rater : un bretonnien, mais je l’ai mis en fuite, un chef skaven avec une énorme hallebarde et un champion du chaos avec une hache runique. Ce sont ces deux derniers qui leur ont fait ça.»

       Et il s’écarta pour la laisser contempler plus avant les trois corps qu’il avait gardé. Un hoquet d’étonnement failli lui échapper, et derrière elle sa troupe fut secouée d’effroi en les reconnaissant. Devant elle se tenaient les formes prostrées des deux héros d’Ubersreik, Markus Kruber et Victor Saltzpyre, ainsi que Silvère de Castagne dont la geste lui était parvenue lors de son passage au tournoi de la Reiksguard. Elle frémit en pensant aux créatures qui avaient pu les mettre dans un état pareil.

       Narcisse s’agenouilla à côté d’eux, imitée par un des gardes qui prit le pouls de chacun d’eux : tous étaient vivants, et cela arracha un petit soupir de soulagement à la halfeline. Le chevalier de Castagne était le mieux en point des trois, avec une commotion au crâne et une légère plaie : il fallait s’attendre à ce qu’il reprenne conscience d’ici peu.

       Pour les deux autres, le bilan était plus critique : Saltzpyre, s’il n’avait pas de plaie externe, devait avoir plusieurs côtes cassées et ne reprendrait pas connaissance sans un peu de soins. Visiblement, la puissance du coup qu’il avait subi avait été atténuée par les quelques tomes de livres saints et les nombreux pistolets qui étaient accrochés dans la doublure de son long manteau.

       Kruber était encore plus mal en point. Son armure avait littéralement été enfoncée au niveau de l’épaule, et là où le métal avait été déchiré, on pouvait entrevoir une plaie aux abords noircis : l’arme impie qui lui avait infligé la blessure n’avait visiblement pas fini son oeuvre sur le pauvre impérial.

       « Ils ont besoin de soins aux plus vite, entendit-elle Großmann dire dans son dos. Je me lancerais bien à la poursuite du revenant bretonnien, mais la Loi m’impose de mettre ces gens en sûreté d’abord. J’aimerais les emmener chez les shalléennes, si leur temple n’a pas
été dévasté.»

       Narcisse se releva lentement et fit face au magistrat.

       « Je peux demander à quelques gardes de vous accompagner, ils vous aideront à les transporter jusque là. »

       Großmann hocha la tête en guise de remerciement. Elle continua :

       « Pourquoi voulez-vous poursuivre le bretonnien en particulier ?
       — C’est le plus dangereux. Les deux autres sont partis avec à leurs côtés une grosse troupe, et vont bien finir par concentrer l’attention sur eux. Avec tous les combattants présents pour le tournois, j’espère bien qu’ils finiront par être vaincus. Le bretonnien en revanche… il est parti seul. S’il est discret, il peut frapper n’importe où, ou pire, disparaître dans la nature. »

       Narcisse considéra ses options. Autant le skaven, elle n’avait aucune idée de ce dont il était capable, mais elle les savait plus faibles que le reste. Le champion du chaos… Vingt ans de moins, et elle n’aurait pas hésité. Mais affronter un élu des dieux sombres, qui plus est revenant… elle préférait laisser ça aux plus jeunes et peut-être plus aptes, mais au vu de ce qu’il avait déjà commis… Au moins, le bretonnien offrait une première étape moins ardue par laquelle commencer.

       « Je peux m’occuper du chevalier revenant, finit-elle par lâcher. Si vous me dites où il est parti. »

       Großmann lui indiqua une petite ruelle sombre.

       « Par là. La rue continue pendant un bon moment sans en croiser d’autres, et je n’ai pas vu d’autre revenant l’emprunter. Si vous vous dépêchez, vous le rattraperez avant qu’il n’aille trop loin. »

       La Großmeisterin regarda son groupe. Quatre gardes s’étaient déjà rangés aux côtés du magistrat, et les autres lui rendirent pour la plupart son regard, certains résignés, d’autres éreintés mais refusant de s’arrêter là.

       À sa suite, ils s’engouffrèrent dans la ruelle, laissant Großmann et ses gardes sur les docks jonchés des cadavres des revenants.


*  Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 2345468674  *


Dernière édition par Gromdal le Sam 30 Mar 2019 - 19:47, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeDim 17 Mar 2019 - 1:42

.       Courant à travers la ville, Jean-Edouard-Alphonse de Groboudin ne savait plus vraiment où il en était. Il était devenu mort-vivant, soit, cela était un fait. Un rapide passage devant une surface métallique réfléchissante lui avait permis d’apprécier ce fait dans sa totalité. Le visage qui lui était apparu alors n’était pas le sien, mais celui de la mort, deux lueurs dans les orbites étant les seules indications que ce squelette était bien animé d’un esprit (le sien). Son armure avait connu des jours meilleurs, la maille étant grisée par le temps, la saleté et la rouille. De plus, elle était trouée par endroits, notamment par des flèches, et le tabard était délavé et déchiré. Son bouclier était dans le même état, étant couvert d’éraflures et le blason complètement déchiré. Malgré tout, les deux pièces d’équipement semblaient encore fonctionnelles. Cependant, c’était son épée qui le surprenait le plus. La lame avait beau être salie par la vase, elle ne portait que peu de traces d’usures, et émettait quelques reflets verdâtres. Cette arme semblait à présent bien plus redoutable qu’auparavant.

      Il avait fini par prendre conscience de l’endroit où il était. Cette ville ne lui était pas inconnue, même s’il avait du mal à reconnaître quoi que ce fut dans l’obscurité. Regrettant que les flammes dans ses orbites ne lui permettent pas de voir dans le noir, il s’en était remis aux étoiles. Le ciel dégagé lui permit rapidement de réaliser qu’il n’était pas dans sa patrie, la Bretonnie. Je suis dans l’Empire avait-il finit par comprendre, dans le Sud du Reikland. La lecture des astres lui avait toujours permis de se repérer, et il parvint à identifier plus précisément sa position. « Ubersreik ! » dit-il à la nuit. Je suis à Ubersreik. Sa propre voix l’avait alors choqué au plus haut point maintenant qu’il était seul pour l’entendre.

      Des flashs de son dernier passage dans cette ville étaient alors apparus dans son esprit. Il se souvenait de plusieurs tavernes, de nombreuses coupes de vin et d’un somptueux boudin de porc. Où l’avait-il mangé d’ailleurs ? L’image d’une enseigne représentant un porc explosé lui était revenue en mémoire. L’auberge du cochon qui explose ! Si elle existait encore, elle devait bien se trouver quelque part. Et il était alors parti bille en tête à travers les ruelles, à la recherche de son seul point d’accroche dans cette ville.

* * *

      La Großmeisterin Narcisse Gentevigne pressait le pas. Il ne lui arrivait pas souvent de pester contre sa petite taille, mais dans cette situation il était essentiel d’aller vite tout en gardant le plus d’énergie possible.

      Elle n’était pas seule, étant encore accompagnée de deux gardes. Le reste de sa troupe s’était dispersé par groupes de trois ou quatre pour couvrir un maximum de terrain à la recherche de leur ‘proie’, le revenant humain. Malgré tout, la complexité du dédale de ruelles ainsi que l’obscurité rendaient la traque difficile.

      Mais elle comptait bien le trouver, oh oui.

* * *

      Jean-Edouard-Alphonse était déçu. Ses adversaires du moment n’étaient pas mauvais, mais c’étaient des pleutres. Tous trois n’osaient pas l’attaquer, se contentant de hurler « on l’a trouvé ! » et de reculer dès qu’il avançait. Peuh, même s’il était mort, la chevalerie aurait pu ne pas mourir avec lui. Levant son épée, il décida de forcer le combat.

      « Allez, bande de petites pucelles, venez donc tâter de mon épée si vous êtes des hommes ! »

      Son algarade ne servit qu’à les faire reculer de plus belle. Soit. Fonçant sur le premier d’entre eux, le revenant lui fit rapidement sauter son épée des mains d’un moulinet du poignet, et un coup de pommeau suffit à l’assommer. Le deuxième tenta une contre-attaque, qui s’écrasa sur son bouclier.

      « Ah, enfin du répondant ! Par la saincte cave, je commençais à désespérer. »

      D’un coup dudit bouclier, il repoussa son assaillant, et le fit trébucher en se jetant sur lui. Le troisième ne demanda pas son reste, et s’enfuit à toutes jambes en abandonnant ses compagnons.

      « Mais revenez ici, fond de bouteille dégarni ! » cria le chevalier mort-vivant en se lançant à sa poursuite. «°Vous déshonorez votre blason ! ».

      Arrivé au bout de la ruelle, il eut cependant la surprise de recevoir un violent coup de fléau qui, s’il ricocha sur son armure, l’arrêta net et le força à reculer, en garde (Narcisse : 3T, 3B, 3svg).

      « Vous ne toucherez pas à un cheveu de cet homme » lui asséna la voix tranchante de Narcisse Gentevigne. « Ni à aucun autre. Votre non-vie s’arrête ici ! »

      Et sans aucun ménagement, elle se jeta sur lui. Mis en difficulté par la taille de son adversaire et par son habileté, Groboudin ne put que se défendre (Groboudin : 0T) alors que les coups de l’halfeline pleuvaient. Mais sa garde était efficace, et le fléau ne rencontra que son bouclier (Narcisse : 3T, 0B), tout en continuant de l’empêcher d’attaquer convenablement (Groboudin : 0T).

      « Vous n’êtes pas de la même trempe qu’eux madame. Je me demandais si cette ville contenait plus d’un véritable combattant.
      - Je me suis posé la question aussi, lui dit la Großmeisterin en soupirant (il aurait juré la voir lever les yeux au ciel), mais assez parlé. Vous allez mourir !
      - Pas si j’ai mon mot à dire. GROBOUDIN, CHARGE ET VAINC ! »

      À ce cri de guerre, tous deux se jetèrent l’un sur l’autre. Narcisse était un tourbillon de coups, qui n’en finissait pas de mettre à mal la garde du chevalier revenant qui pourtant les encaissait sans broncher (Narcisse : 3T, 3B, 3svg) alors que celui-ci avait du mal à trouver la faille dans la garde de l’halfline (Groboudin : 1T, 0B).

      Le combat continua pendant encore de longues minutes, sans qu’un seul d’entre eux n’arrive à prendre l’avantage.

Narcisse : 4T, 0B
Groboudin : 0T.
Narcisse : 4T, 1B, 1svg
Groboudin : 1T, 0B
Narcisse : 4T, 1B, 1svg
Groboudin : 2T, 1B, 1svg
Narcisse : 4T, 2B, 1Svg, 1Invu
Groboudin : 0T

      Mais Jean-Edouard-Alphonse, qui mine de rien ne s’était pas battu pendant des décennies, et encore moins contre une adversaire semblable, finit par laisser un trou dans sa garde. L’halfeline s’y engouffra, lui assénant un coup qui lui fit mettre un genou à terre (Narcisse : 4T, 1B, -1PV). Cependant, il ne perdit pas ses esprits, et profitant de la position avancée de la großmeister, il plongea son épée vers l’avant, l’enfonçant dans un interstice de l’armure de plaques qui la recouvrait au niveau de la cuisse (Groboudin : 1T, 1B CF : -2PV ! ).

      « Vous n’êtes pas mauvais, lui dit-elle en reculant, pour un tas d’os.
      - Vous non plus, pour un tas de viande. »

      Ce faisant, elle repassa à l’attaque, profitant de la même faiblesse qu’elle avait vu juste avant (Narcisse : 4T, 3B, 2svg, -1PV ! ) tout en prenant soin de reculer juste après son coup (Groboudin : 1T, 1B, 1svg). Groboudin, qui semblait perdre pied dans ce combat, ne fut pas assez vif. Ils échangèrent encore deux ou trois passes, sans qu’aucun n’arrive à donner une frappe décisive (Narcisse : 3T, 1B, 1Invu, Groboudin : 0T). Mais l’halfeline fatiguait, elle le sentait. La blessure à sa jambe était plus grave que ce qu’elle aurait voulu l’admettre. Il fallait en finir rapidement.

       Tout d’un coup, un mouvement la surprit à sa gauche. Elle eut la surprise de voir surgir dans la ruelle l’un des deux soldats qui l’accompagnait juste avant. Mais que fait-il là, l’abruti ? Je lui avais dit de rester en arrière pendant que je me bats contre cette créature. L’homme brandissait son épée et fonçait sur le revenant, qui fut lui aussi surpris par l’attaque. Mais il réagit au quart de tour, bloquant le coup du soldat tout en lui fauchant le torse d’un coup précis. Mais en ripostant ainsi, il dégageait sa garde. Narcisse en profita immédiatement, portant un coup horizontal de son fléau qui faucha les jambes du mort-vivant, le faisant lourdement tomber sur le sol (Narcisse : 3T, 3B, 2svg, -1PV !).

      Elle n’eut pas l’opportunité de profiter de sa victoire. Le corps de son soldat, inopportunément, lui tomba dessus de tout son poids, la faisant choir à son tour. Elle tenta de se relever, mais sa jambe la faisait souffrir, lui arrachant une grimace alors qu’elle avait l’impression qu’on lui plantait mille aiguilles dans la chair. Devant elle, le revenant bretonnien se relevait, couvert de poussière, mais entier.

      « Madame, je vous concède la victoire. Votre habileté est proverbiale. Mais à présent, permettez que je prenne congé, j'ai un cochon à retrouver. Je n’ai pas l’intention de mourir une seconde fois, pas ce soir. »

      Et sans demander son reste il s’enfuit dans la nuit.

* * *
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeLun 18 Mar 2019 - 2:28

.       «Mais dressez moi cette foutue barricade !»

       Repoussant un mort vivant d’un coup de bouclier, il fracassa le crâne d’un autre de sa masse. Sous son bassinet, le Sergent de la Garde Friedrich Galsbach jeta un coup d’oeil rapide à ses hommes : quatre d’entre eux soulevaient un lourd chariot pour le faire basculer en travers de la rue, pendant que la demi-douzaine des autres tentaient tant bien que mal de les défendre. D’autres matériaux de fortune, tonneaux, bancs et autres planches, attendaient eux aussi d’étoffer leur barrière de fortune. À côté d’eux, une petite troupe de mercenaires et d’autres combattants venus pour le tournoi s’étaient rangés dans la ligne de défense face aux non-morts.

       Tant bien que mal, ils défendaient la Grand’Rue, qui menait jusqu’à la place où se tenait encore l’arène du tournois. C’était là qu’ils avaient vu, alors en patrouille, la large marée de squelettes d’hommes-rats déferler dans la large rue. Ils avaient alors établi leur carré, barrant la rue et permettant aux civils effrayés de s’enfuir. Mais maintenant que les cadavres inertes et désarticulés des revenants commençaient à s’empiler à leurs pieds, ils commençaient à ployer sous le nombre. Même la barricade improvisée qu’ils montaient ne pourrait que ralentir leur inévitable défaite.

       «Par Sigmar, qu’est-ce que foutent les renforts ? pesta à nouveau le Sergent Galsbach. Ça fait au moins un quart d’heure d’Edmund est parti en demander à la garnison !»

       L’un des gardes qui faisait rouler un tonneau pour stabiliser le chariot renversé se retourna pour observer la rue vide qui s’étendait derrière eux. Il s’arrêta soudainement dans son mouvement.

       «Je crois que j’le vois, sergent !
       — Ah bon ? Il est seul ? beugla l’intéressé en réponse entre deux coups de masse d’arme.
       — Non sergent !
       — Combien ?
       — Trois, sergent !»

       Galsbach s’arrêta.

       «Putain, c’est quoi cette blague ?»

       Profitant d’un répit dans la marée de morts, il s’abrita derrière le chariot, alors qu’Edmund et les deux autres soldats ralentissaient à leur approche, clairement à bout de souffle. Avant même que le sergent puisse s’exprimer, son jeune subalterne prit la parole entre deux souffles rauques.

       «C’est… tout ce que j’ai pu ramener… La garnison… est attaquée.
       — La garnison, attaquée ?
       — Oui m’sergent, répondit le garde, des hommes-rats, morts-vivants… dans les égouts… Ils sont attaqués de toute part et…
       — Allons bon Edmund, la garnison ne va pas se faire avoir, pas après la dernière inv...

       Un terrible son retentit dans la cité, coupant le sergent dans sa tirade, et stoppant tous les combattants vivants comme morts un court instant. C’était comme si un ébouli de montagne s’était décidé à jouer du cor de chasse.

       «La corne de Magnus…»

       Galsbach regarda la Tour du même nom, centre même de la garnison qui pointait au dessus des maisons depuis la rue. Il pouvait voir des volutes de fumée s’enrouler autour de l’édifice avant de grimper dans le ciel.

       «Pas de renfort, donc… fit le sergent d’une mine résignée. Sigmar soit avec eux. Et avec nous. On va avoir besoin de se replier les gars ! J’connais une baraque derrière les arènes, on va rec…
       — Attention, v’là un gros !»

       L’avertissement beuglé par l’un des mercenaires fit sauter Galsbach sur ses pieds.

       «Qu’est-ce qu’il se passe enc…»

       Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Dans un craquement sinistre de bois et de métal torturé, le chariot vola en éclat devant lui, projetant des débris dans tous les sens, et seul le réflexe de dresser son bouclier put sauver le visage du sergent d’être lacéré sans pitié.

       Au milieu du chariot éventré, jaillit une hache d’acier noir, le fer gravé de runes luisant d’une lueur malsaine.

       «Où sont vos champions ?» hurla une voix d’outre-tombe.

       Un revenant gigantesque s’avança entre les deux moitiés du chariot brisé, sa tête putréfiée étant l’une des rares parties de son corps qui n’étaient pas recouvertes par une armure abimée mais épaisse. Les gardes et les mercenaires s’écartèrent, leurs armes tremblantes dressées devant eux.

       Les orbites vides du revenant, dans lesquelles dansaient une lueur verdâtre et malsaine, fixèrent soudain le bassinet panaché du sergent, témoignage de son grade.

       «Toi… Tu feras un adversaire de choix pour Ur-Krell !» s’écria-t-il en levant sa hache titanesque dans sa direction.

       Avant même que Galsbach ne puisse réagir, la masse énorme du guerrier du chaos fondait sur lui. Il reçut un coup sur son bouclier… et sentit ses pieds se décoller de terre. Il atterrit quelques mètres plus loin, la douleur éclatant dans son dos. Il manqua de peu de perdre connaissance.

       «Ceux qui ne sont pas dignes de m’affronter… meurent !» entendit-il le champion du chaos crier, bientôt suivi par les hurlements de ses compagnons de la garde sur lesquels il s’était visiblement rabattu.

       «Assez ! Revenant impie ! Moi, le Reynald Duck, serait ton adversaire ! Crains-moi, car mon épée est avide de briser tes os si impunément ramenés à une parodie de vie !»

       Le sergent se força à se relever en grimaçant, s’appuyant sur ses coudes. Il put voir un chevalier en tabar entièrement rouge et au cimier à tête de cygne. Ce qui restait de peau putréfiée autour de la bouche du revenant se releva en un sourire grotesque. Ur-Krell relâcha le corps d’un infortuné mercenaire qu’il tenait dans sa main, pour se tourner vers le chevalier.

       «Viens à moi, humain ! Aide moi à prouver ma valeur aux yeux des dieux sombres !
       — Je vais même faire mieux, cracha Reynald, je m’en vais leur envoyer ton âme, la Dame m’en soit témoin !»

       Il s’élança sur le revenant, prenant l’imposant guerrier de vitesse avant qu’il ne puisse empoigner à deux mains sa hache maudite. La lame bénie du Duck taillada impitoyablement l’armure impie, mordant les os et arrachant un hurlement au mort-vivant qui fit se hérisser les poils de Galsbach, témoin impuissant de l’affrontement. (Le Duck : 3T, 2B, 2PV !!!)

       Ur-Krell repoussa son assaillant d’un vif coup de poing que le chevalier reçut sur son bouclier… qu’il sentit ployer légèrement.

       «Tu es digne ! beugla le champion du chaos. Digne de mourir pour ma gloire !»

       Sous les yeux de Galsbach, il ouvrit la garde de Reynald d’une seule frappe de sa hache maudite qui renvoya un infâme crissement métallique au contact de l’écu bretonnien. Le Duck fut violemment déséquilibré, et recula sur plusieurs pas, son adversaire à sa suite.

       Le revers de la hache cueillit alors le chevalier sur le côté, juste en dessous de la poitrine. Le guerrier du chaos avait visiblement mis toute sa force dans le coup car, si l’armure résista au revers plat de la hache de guerre, le Duck s’envola sur plusieurs pieds et finit sa course en traversant la vitre d’une échoppe de l’autre côté de la rue. Il disparut à la vue du sergent. (Ur-Krell : 3T dont une annulée, 2B dont un CF, Blessures multiples : 4PV)

       Alors que le champion du chaos éructait, sans même prendre la peine de vérifier si son adversaire était encore en vie dans l’échoppe, Galsbach se décida à fuir. Il pouvait voir que son escouade avait déjà commencé à se disperser. Là où une marée de morts décérébrés n’avait pas réussi à les faire plier, le seul guerrier venait de briser leurs défenses et leur moral.

       Alors qu’il commençait à ramper tant bien que mal dans la ruelle adjacente quand un pied tout en armure se posa devant lui dans un grand bruit métallique. Avant qu’il n’ait pu lever les yeux, une douleur atroce lui transperça le dos et un voile noir descendit sur son esprit.

*

       Ur-Krell se retourna pour faire face au raclement métallique, et se retrouva devant deux guerriers du chaos revenus eux aussi revenus à la vie. L’un deux n’avait plus qu’un seul bras et maniait une courte épée rouillée d’une seule main. Le second trainait une lance et le cadavre d’un des gardes dont il avait renversé les barricades quelques instants plus tôt.

       «Vous tombez bien, nous avons du pillage et des massacres à faire.» leur dit-il sèchement après les avoir toisés brièvement, méprisant.

       Mais les deux revenants continuèrent d’avancer, le regard dans le vide, sans trop lui prêter attention.

       «Ressaisissez vous, bande de faiblards ! Vous faites honte à nos pères des ténèbres !»

       Franchissant la distance qui les séparait d’un pas vif, il asséna au premier un coup de poing monumental avant de faire reculer l’autre d’un puissant coup de tête.

       «Ne laissez pas vos corps se faire aveuglément dominer !»

       La lueur qui filtrait à travers les heaumes des guerriers impies changea alors, et ils semblèrent se redresser, regardant tout autour d’eux avant de revenir à Ur-Krell.

       «Vos esprits sont faibles s’ils sont aussi aisément manipulés. Mais vos corps peuvent encore servir aux dieux sombres. Suivez-moi, nous avons des humains à tuer.»

*

       Ur-Krell menant la marche, les trois revenants du chaos remontèrent la Grand’Rue sans rencontrer plus de résistance.

       Puis ils arrivèrent sur la Jungfreud Platz, toujours recouverte du sable des affrontement, et entourée des tribunes qui n’avaient pas encore été démontées. Quelques torches abandonnées éclairaient la scène.

       «Une arène… » murmura le champion du chaos tout en embrassant la place d’un tour sur lui-même.

       «Changement de plan, dit-il finalement à ses compagnons.Nous allons rester là. Allez allumer des feux. Laissons les venir jusqu’à nous.»

       Alors que les deux guerriers du chaos s’éloignaient sans un mot, Ur-Krell ramassa le cadavre du sergent que l’un d’eux avait traîné jusque là. Fouillant la place du regard, il finit par trouver une longue lance jetée au sol par un fuyard, et sourit.

       Bientôt, il tenait la tête du soldat au bout d’une pique, qu’il dressa fermement à l’entrée de l’arène. Déjà, l’odeur du feu qui se répandait dans les tribunes venait chatouiller son nez décomposé.

       «Qu’ils viennent, ricana-t-il pour lui-même. Qu’ils viennent…»
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeMar 19 Mar 2019 - 2:17

.      À plusieurs et même nombreuses lieues de là, un groupe de cavaliers bariolés remontaient le Talablecland à bride abattue. En effet, les cavaliers griffons du Kislev et la bande de kossars qui le composaient semblaient accélérer au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient de leur patrie chérie.

      D’un mouvement de tête, le boyar qui menait la course indiqua à un de ses soldats d’aller asséner le maintenant rituel « remède contre la dissidence » à Tordimir Skvortskov. Mieux valait être sûr avec cette andouille, comme toujours. Ainsi, le cavalier concerné ralentit légèrement son allure et le boyar Novosi put entendre encore une fois un grognement sourd qui suivit un coup sec en arborant un sourire coupable.

      Un sourire qui se figea.

      Soudainement, le boyar ralentit son allure à grand coups de mors, surprenant ainsi toute la colonne de cavaliers. Mais avant que les hommes ne puissent demander de quoi il en retournait, leur supérieur tonna :

      « Faites-moi voir Skvortskov !
      — Mais…
      — Maintenant ! »

      Devant un tel empressement, même un kislévite chevronné ne put répliquer et un des cavaliers s’en alla chercher la monture du prisonnier par la bride. Ce dernier se tenait vouté sur l’animal, recouvert par l’épaisse couche de fourrure qui formait son manteau. Mais alors que la distance avec le boyar diminuait, il sembla aux hommes en présence que leur supérieur se mettait à vibrer de rage.

      « Où est son castor ?
      — Eh bien, il est l… » – au moment où le cavalier posa la main sur le petit tas rond qui se tenait sur l’épaule de Tordimir, la chose glissa et tomba au sol – « Mais… ! Ce n’est qu’une peau sur une chapka ! Comment… »

      Le boyar approcha sa monture suffisamment pour pouvoir prendre la tête du prisonnier par les cheveux et ainsi dévoiler qu’il ne s’agissait pas du turbulent kislévite, mais d’un de ses comparses. Les kossars en question baissèrent les yeux en chœur d’ailleurs.

      « Cet espèce de… Il nous a eu ! Demi-tour ! On retourne sur nos pas jusqu’à ce qu’on trouve ce maudit crétin ! »

      Avant de lancer sa monture, le boyar jeta un regard furieux à un de ses homme encore hagard.

      « Toi, reste avec trois autres et interroges-moi ces traîtres. Je veux tout savoir sur la direction qu’a prise Skvorstskov. Tout ! »

      Et le kislévite envoya sa monture au triple galop sans plus attendre, suivit de près par plusieurs de ses cavaliers griffons. La journée allait être longue.


*  Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 1332913676  *


        Johannes dévala les marches de la somptueuse demeure qu’il partageait avec Erhard et Sybille, armé de pied en cap. Derrière lui son frère et sa sœur avaient troqué leur vêture sophistiquée pour un attirail plus guerrier. Erhard portait une armure de maille sous un splendide tabard noir, et Sybille avait revêtu une armure de plates complète qui mettait en valeur ses formes voluptueuses. Tous deux étaient armés, Sybille avec une longue épée à deux mains qu’elle maniait d’une seule, appréciant l’allonge que cela lui conférait. Erhard, lui, portait deux épées, chacune portant l’emblème personnel des Mikaelson, une tête de Wyrm des glaces, rappelant l’origine norse de leur famille.

        « Eh bien, mon frère, fit la voix désabusée à l’accent snob d’Erhard, il semble que notre cité soit menacée plus vite que nous ne pensions qu’elle le serait.

        Johannes fronça les sourcils, prenant la situation très au sérieux.

        - Il semble aussi que les humains n’arrivent pas à s’occuper de la menace. C’est donc à nous de jouer.

        Sybille les interrompit brutalement.

        - Vous allez rester à bavarder longtemps, ou nous y allons ? Je peux sentir ces morts-vivants d’ici, et il est clair qu’ils attaquent tout ce qui bouge. »

        Les trois vampires partirent au pas de course en direction des quais, laissant leur manoir derrière eux. La demeure, sise en plein cœur du quartier Morgenseite, était vide, tous les invités ayant préféré rentrer chez eux après l’explosion. Les Mikaelson avaient rapidement compris que la ville subissait une attaque, et étaient décidés à en prendre la défense. Après tout, comment prendre le pouvoir à Ubersreik si Ubersreik n’existe plus ?

        Ils parvinrent sans encombre du côté des Docks, et s’aperçurent que la rive Nord semblait à feu et à sang. Des bruits de combat leur parvenaient, ainsi que des hurlements. De nombreuses volutes de fumée s’élevaient dans le ciel. Devant eux, la Teufel était agitée, et une brume verdâtre se déployait depuis l’Ouest, menaçant d’embrumer le pont. Et soudain, tous les sons furent couverts par un autre, long, profond, une note jouée avec la puissance de l’urgence. La corne de Magnus réalisa Johannes, qui la reconnut pour l’avoir entendu le premier jour du tournoi. Il ne fallait pas perdre de temps.

        « Traversons, c’est de l’autre côté que ça se passe ! »

        Ils rencontrèrent de plus en plus de monde en se dirigeant vers le pont. Ce dernier, symbole de la splendeur de l’ingénierie naine, voyait affluer des dizaines de civils, chassés par l’invasion mort-vivante. Quelques soldats tenaient le pont, leur permettant de fuir. Ce fut là qu’ils rencontrèrent leurs premiers adversaires. Des squelettes animés, généralement d’hommes-rats mais avec quelques humains, se jetaient sur tout ce qui bougeait. Ils étaient peu nombreux cependant, et clairement séparés du gros de l’assaut. Les trois vampires sortirent leurs armes, et sous les yeux ébahis des soldats ils exterminèrent les quelques morts-vivants encore sur le pont.


* * *


        Nathalia Hinrichtungsherr était énervée. Cette défaite dans l’arène, cet affront contre sa personne, cela méritait d’être lavé dans le sang. Toute cette ville devait brûler, voilà ce qu’il en coûtait de défier une personne comme elle. Il suffisait de voir comment avait fini ledit Darkula. Mais elle avait peu de moyens, et se lancer bille en tête dans l’incinération de la ville équivaudrait à un suicide.

        L’explosion qui avait secoué la Teufel n’avait rien fait pour apaiser sa fureur. Son navire, de facture elfe noire, avait été le seul à ne pas être irrémédiablement endommagé par la déflagration. Mais le mât d’un bateau voisin s’était écrasé sur le pont de l’aube de la souffrance, et avait causé quelques dégâts. Ses marins étaient attelés à la tâche depuis lors, et elle s’était initialement enfermée dans sa cabine, broyant de sombres pensées.

        Donc, quand elle s’aperçut que des morts-vivants essayaient de monter sur son bateau, elle en fut satisfaite. Il lui fallait des moyens, et voici que ceux-ci se présentaient d’eux-mêmes. Sortant sur le pont, elle prononça une formule qu’elle connaissait par cœur, le Dhar se plia à sa volonté, liant les morts-vivants en question à son commandement. Ils n’étaient qu’une demi-douzaine, mais c’était mieux que rien.

        Et elle avait alors vu la horde.

        Des squelettes, des zombies et des revenants, par centaines, se pressaient dans les rues. C’était comme si Nagash lui-même était venu à son appel. Mais, elle s’en rendit compte amèrement, cela était bien trop pour elle seule. Sa puissance magique, malheureusement, était largement insuffisante pour contrôler autant de cadavres. Autant essayer de soulever une montagne. Malgré tout, il lui sembla rapidement qu’elle n’en avait pas besoin. Les morts lui donnaient en effet l’impression d’être déjà lancés à l’assaut de la ville, quelle qu’en fut la raison.

        « Soit » fit-elle avec un sourire carnassier, « mais j’ai tout de même l’intention de me joindre à la partie. »

        Il lui fallait un endroit plus proche de la horde pour cela. S’équipant rapidement, elle confia le navire à son maître d’équipage (avec la menace de l’envoyer rejoindre les nouvelles recrues s’il se passait la moindre chose susceptible de la contrarier) et elle sortit du bateau, se dirigeant vers le centre-ville.

        Elle eut tôt fait de rejoindre Strohmann markt, une petite place au Nord du pont, qui était submergée de squelettes qui grouillaient sans ordre ni formation. Ils se contentaient d’avancer, à priori au hasard, mais toujours lentement et par dizaines. Les quelques humains qu’elle avait rencontrés, vivants comme morts, étaient désormais des zombies sous ses ordres, mais n’avaient pas l’air de valoir mieux. Nathalia grimaça de dégoût. Se comportant ainsi, ils manquaient cruellement de potentiel. En quelques bonds, elle se percha sur le toit de la maison des coutumes, un immense bâtiment servant de centre de collecte d’impôts. Se faisant, elle entendit un bruissement de capes, presque imperceptible. Des ombres pensa-t-elle en soupirant, Laekhir a dû en envoyer pour me protéger. Une fois sur son perchoir, elle étendit les bras et se lança dans le Dhar.

        Elle toucha facilement les squelettes au sol, sentant leur nombre, leur faiblesse individuelle, leur manque de potentiel. Elle pouvait encore en contrôler quelques-uns, mais tel n’était plus son objectif. Elle se concentra sur l’énergie qui les animait, une énergie maudite, dont la source se tarissait avec le temps. Si elle ne faisait rien, ces morts allaient retomber en poussière après quelques jours, à l’exception de trois d’entre eux, qu’elle n’arrivait pas à identifier, mais qui, clairement, étaient devenus autonomes. Un sourire sardonique éclaira son ravissant visage. Elle n’avait qu’une chose à faire. Lentement, prononçant une longue litanie, elle guida le Dhar vers les squelettes. Il fallait être parcimonieux, et faire en sorte que le vent noir englobe la masse entière des morts-vivants plutôt que de le concentrer à tel ou tel endroit. Au début, rien ne se passa. Puis elle les sentit devenir plus vifs, plus réactifs, plus solides. Les squelettes et les zombies se mettaient à avancer plus vite, à frapper plus précisément, tous autant qu’ils étaient. Son sourire s’élargit. La nuit était à elle, et à l’aube, elle en était certaine, Ubersreik ne serait que ruines fumantes.


* * *


Un peu plus tôt…

        Johannes donna un coup dans ce qui devait être son dixième squelette. L’épée cueillit le mort-vivant au niveau du sacrum, qui vola en éclats sous la force du coup. Ses autres os se répandirent au sol, mais cela ne l’empêchait pas de bouger encore. Le torse, encore rattaché au bras et au crâne, se mit à ramper vers lui, la mâchoire claquant dans le vide. D’un coup de pied, il envoya son soleret dans ladite mâchoire, éclatant ce qui restait du squelette sous l’impact. Mais un autre prit sa place. Encore une fois.

        Près de lui, Erhard et Sybille faisaient de même. Ils tenaient depuis plusieurs minutes face à la horde, dans une ruelle qui menait à Strohmann markt. Une pile d’ossements et de cadavres défraichis s’amoncelait autour d’eux, mais l’assaut n’avait pas l’air de s’arrêter.

        « J’ai comme l’impression que nous allons être occupés quelques temps ici…

        La voix d’Erhard exprimait la frustration. Sybille en profita pour le taquiner.

        - Tu t’ennuies déjà ? Nous venons à peine de commencer.

        - Ce n’est pas que je m’ennuie, mais je pense que nous ne servons pas à grand-chose.

        - Ce n’est pas que nous ayons beaucoup de choix dans l’affaire, rappela Johannes d’un ton amer. Je n’ai détecté aucune utilisation de nécromancie, alors bonne chance pour trouver celui qui les anime. »

        Ils se turent, retournant au combat. Mais tout d’un coup, les vampires remarquèrent un changement dans l’attitude de leurs assaillants. Ils commençaient à arriver plus vite, à frapper plus précisément. Erhard dut bloquer en quelques secondes deux coups clairement destinés à sa gorge.

        « Est-ce que ce ne serait pas… »

        Johannes poussa un cri de triomphe.

        « Oui ! Je le sens. Il n’est pas loin !

        - Tu comptes t’en charger seul ?

        Mais Sybille ne s’adressait qu’à un mur de pierres, son frère étant déjà parti à toutes jambes.

        - Je suppose que nous n’avons qu’à assurer ses arrières… »

        Elle fronçait les sourcils alors qu’ils s’élançaient derrière lui. Si Johannes se faisait tuer par excès de confiance, ils seraient dans de beaux draps.

        Le vampire blond escaladait la maison des coutumes avec une envie de meurtre. Son adversaire se trouvait en haut, il en était certain. Alors qu’il grimpait cependant, un bruissement de tissus, très ténu, attira son attention. Une seconde plus tard, il saisissait un elfe noir par la gorge, et sans ménagement l’envoya vers le sol, sans même regarder.

        Ce nécromancien commençait à avoir des airs familiers…

        Au sommet, Nathalia se mit à trembler. Elle sentait une puissance approcher, un mort-vivant qu’elle n’avait pas senti à la base, parce qu’il cachait sa présence. Mais il était trop proche maintenant. Cela la perturbait. Il se rapprochait de plus en plus, allant droit sur elle…

        « Tu es à moi ! »

        Elle ouvrit les yeux, et esquiva immédiatement une attaque. L’importun de l’autre soir ! Sa concentration perdue, elle sortit son épée de son fourreau.

        « Alors, petit chef, on a décidé de jouer dans la cour des grands ?

        - Je t’avais ordonné de partir. C’était mon dernier avertissement. Désormais, tu ne descendras de ce toit que morte. »

        Ils se lancèrent dans une danse mortelle, tout en estocades, parades et esquives. Le tintement de l’acier contre l’acier résonna sur les toits. Vu de loin, cela aurait pu ressembler à un ballet, et l’éclat des deux lunes qui se reflétaient sur leurs armes et armures donnait à ce duel une apparence irréelle. Mais c’était la mort qui se jouait là. Au bout de quelques secondes cependant, il y eut un nouveau bruit : l’épée de Nathalia lui était arrachée des mains, tombant du toit, et Johannes la tenait en respect, lame pointée en avant, devant le vide (Nathalia : 2T, 2B, 1Invu, -1PV !, Johannes : 2T, 2B, -2PV !)

        « Alors, qui c’est qui a décidé de s’attaquer à trop gros pour elle ?

        - Tu crois que tu as gagné ? Idiot, ton orgueil te perdra ! »

        Et, répétant le même mouvement que lors de leur premier duel, elle tira deux dagues de sa manche et entama une pirouette pour se jeter sur lui. Mais Johannes avait prévu cela, et au dernier moment son bouclier intercepta le coup. Pressant son avantage, il donna un violent coup d’épaule qui précipita Nathalia dans le vide.

        (Nathalia perd son 3e PV grâce à un 1 sur son jet de vampirique, considéré comme une perte d’équilibre sur ce toit si dangereux. Les enfants, ne grimpez pas sur les toits, ça peut être mortel.)

        Rengainant son épée, Johannes regarda par-dessus le précipice, mais ne vit qu’une ruelle remplie de squelettes, qui piétinaient certainement déjà le corps de Nathalia. Il perdit son sourire. Si les squelettes bougeaient encore, cela signifiait que le nécromancien était encore en vie. Mais si ce n’était pas elle, alors où était-il ? Il rejoignit rapidement sa fratrie, qui s’était apparemment battus contre d’autres elfes noirs.

        « Mon frère, ma sœur, mettons nous en chasse. Le nécromancien qui attaque notre cité n’était pas ici. Trouvons-le rapidement, et apprenons lui la signification du mot douleur. »

        Alors qu’ils partaient, trois elfes, les seuls survivants du commando d’ombres, descendirent Nathalia Hinrichtungsherr, évanouie, du renfoncement dans le mur d’où ils l’avaient attrapée alors qu’elle chutait vers une mort certaine.


* * *
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeMer 20 Mar 2019 - 2:06

Les événements de ce texte se passent juste après l'émergence des morts, avant l'arrivée de Dame Gentevigne et de sa troupe sur les docks, et de tout le chaos qui s'en suit.


* * * * * * * * * * * *


       « Ma terrible vengeance est terrible, ces idiots d'humains se souviendront de moi pendant des siècles ! Blehehehee ! »

       Riant à gorge déployée, le vampire trottait gaiement dans les ruelles en panique de la cité. Il avait mit un moment à reconnaître la redoutée saucisse de Géorgie dans la petite échoppe. Et celle-ci avait été fidèle à sa réputation ! Quel panache ! Ranald lui-même avait forcément tremblé en ressentant sa… non les dieux des hommes n'existaient pas, à quoi pensait-il…

       Voyant la panique rattraper des villageois, hommes, femmes et enfants, il sauta d'un pied sur l'autre en beuglant joyeusement :

       « C'est moi qui l'ai fait ! Moi ! Darkula ! Je suis terrible ! »

       Mais à son grand désarroi, personne ne sembla l'entendre. Tous ne faisaient que fuir à l'opposée des docks. Forcément, Darkula se renfrogna, son euphorie quelque peu atténuée. Et soudain un doute affreux le traversa : personne ne saurait qu'il était responsable de l'explosion et son nom n'y serait pas associé !

       « Damnation ! »

       Déterminé à entrer dans les légendes, il rebroussa chemin et se tailla une voie à l'envers du flux de fuyards. Qu'à cela ne tienne : il irai inscrire son nom devant le cratère ayant remplacé le temple. Avec du sang, de l'encre, de la poix… Peu importait tant qu'il signait son méfait !

*

       « C'est impossible ! » murmura le vampire depuis le toit d’un entrepôt donnant vue sur le temple.

       Une marée de morts grouillaient sur les docks dévastés. Des débris de coques, de tonneaux et de caisses éventrées, encore fumants, jonchaient les pavés noircis. Une poignée d’humains tenaient un dernier carré face aux revenants, au milieu des flammes… Mais dans tout ça, le Temple de Ranald en lui-même était intact !!! Par quel maléfice cela était-il possible ? Quelle malchance avait frappé sa vendetta qui…

       S'interrompant dans ses pensées, un nouveau doute affreux vint le ronger. Ranald, dieu des voleurs et de la chance. Chance l'ayant abandonné après qu'il ai profané ce lieu qui, contre toute attente, se dressait encore fièrement après la déflagration d'une saucisse de Géorgie. Et si… Et si les dieux existaient finalement ? Et si Ranald manipulait les probabilités de ce monde et se jouait de lui, roulant des dés pipés lorsque le vampire agissait ? Et si…

       Darkula sauta de son promontoir, et s’éloigna des docks… avant de pousser un nouveau glapissement pitoyable en bondissant de côté lorsqu'une masse flasque vint s'écraser à moins d'un mètre de lui.

       Clignant des yeux, Darkula était stupéfait par cette vision : deux belligérants venaient de tomber du toit opposé au temple pour venir rebondir sur les pavés. Le premier, un garde de la cité, avait le visage a moitié arraché et expirait péniblement son dernier râle. Râle vraisemblablement douloureux en raison de la lame fichée dans son plastron. Arrachant son arme d'hast de son fourreau de chair, la créature étrange se tourna vers le vampire. Une sorte d'animal - un rongeur - engoncé dans une armure ayant connu des jours meilleurs. Une longue queue noueuse vint s'enrouler autour du manche de son arme. Mais surtout : cette créature était déjà morte. Ses moustaches frétillèrent comme tout deux s'observaient, ses yeux lumineux trahissant la magie impie animant le revenant. Sur les entrepôts voisins, le vampire devinait d’autres paires d’yeux, ou d’orbites, éclairées d’un feu malsain, qui le toisaient depuis les hauteurs.

       Reconnaissant là des êtres animés par la Dhar, Darkula oublia en un instant ses doutes religieux. Ne restait que ces choses mortes-vivantes. Déployant ses sens en avant, Darkula toucha l’essence du revenant devant lui tout en s'approchant tranquillement.

       Cette bête ferait un parfait servant pour le plus grand vampire de tous les temps. Ou bien mascotte, cela fonctionnerait aussi. Levant la main, il caressa son front avec tendresse.

       « Tu m'appartiens petit hamster. Et je sens que les humains ne sont pas près de nous oublier. »

       Les deux morts-vivants restèrent ainsi face à face à se dévisager, immobiles durant une bonne dizaines de secondes. Jusqu'à ce que l’homme-rat n'incline le museau de côté sous la paume du vampire.

       « Bleh ? »

       Évitant de justesse la hallebarde, Darkula poussa un glapissement en bondit de côté. Avant de réaliser que la lame venait de déchirer sa magnifique cape, laissant apparaître sa cuirasse.

       « Ma cape ! »

       À l'opposée de la rue, enfin sorti de son mutisme, le rongeur baragouina tout un tas de mots dans une langue inconnue du nécromant. Mais celui-ci n'écoutait pas. Cette chose osait contester son autorité et avait déchiré sa cape préférée ! Son expression se mua en un masque de haine et il tira au clair la longue lame pendue entre ses omoplates.

       « Je vais te réduire en petits morceaux et les passer à la râpe à fromage. Puis je te relèverais et tu vas voir le hamster, que tu le veuilles ou pas tu m'obéiras !
       — Le chose-homme est bien entreprenant-motivé ! sussura l’homme-rat.
       — Bleh ?
       — Bien-bien ! Il pourra contempler à quel point sa verve est inutile-vaine face au Vermisire Ratvalier Cervelax !»

       Comprenant enfin qu’il venait de se faire moquer par un rongeur surdimensionné, Darkula vit son teint virer du blanc blafard au rouge pivoine.

       « Tu va voir si je suis vain !»

       L’espadon de Darkula fila dans les airs au même titre que son détenteur, mais l’homme-rat sembla aussi rapide que le vampire et tira au dernier moment une sorte de médaillon de sous son armure. Il y eu une détonation lumineuse, puis Darkula se retrouva face contre terre, deux mètres plus loin (Darkula : 2T, 1B renvoyée, Darkula perd 1PV !). Tout ce que le vampire put entendre était le rire sadique et suraiguë de son adversaire.

       « Fichu hamster, je vais t’apprendre ! Ta litière sera maudite sur plusieurs générations et...»

       La hampe de la hallebarde du skaven coupa court à la flopée d’injures (Cervelax : 1T, 1B, BM : -2PV !).

       « Ca c’était pour avoir osé-osé me toucher, misérable résidu ! »

       Le vampire étant à nouveau inconscient, il ne put pas vraiment répliquer plus avant. D’un geste du museau, Cervelax fit signe à ses sous-fifres qu’ils devaient jeter celui-là dans la rivière toute proche. Il sentait encore le poisson pas frais à son goût.

       Et l’homme-rat repartit sans plus de cérémonie avec le gros de ses troupes, mais par les souterrains de la cité cette fois-ci.


* * * * * * * * * * * *
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Arcanide Valtek
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Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeJeu 21 Mar 2019 - 23:55

.       Se tenant fièrement debout au milieu d’une place du nord de la ville, Cervelax contemplait avec joie son invasion. Il jouait même avec ce qui restait de ses moustaches. Un petit plaisir qu’il ne s’autorisait que rarement puisque cela pouvait altérer ses sens, mais ses antécédents de ratvalier lui disaient que c’était nécessaire.

      Tout autour de lui donc, ses troupes s’activaient frénétiquement dans le quartier de l’enceinte où divers bâtiments aux abords crénelés se chevauchaient dans le plus pur style impérial. La majorité se déplaçait vers une immense tour de garde biscornue ornant les murs déjà imposants de la cité. Forcément, grâce à son esprit supérieur, la garnison avait été prise par surprise et mise en déroute par une embuscade provenant des égouts à une vitesse fulgurante ! Enfin, aussi vite que ses troupes pouvaient aller. Le ratvalier les trouvaient un peu lents d’ailleurs aujourd’hui, et peu bavards. Non pas que cela soit un mal !

      Il restait quelques poches de résistance dans certains bâtiments, mais rien de bien important en comparaison à son objectif premier, se disait-il en scrutant la haute tour qui le toisait.

      Une série de cliquetis fit sortir Cervelax de ses pensées. En effet, un petit convoi d’hommes-rats passait à côté de leur chef en portant diverses caisses branlantes. Ces dernières étaient en piteux état, un fait étrange pour le skaven puisque le siège de la cité venait seulement de commencer.

      Quelque chose clochait, mais Cervelax décida qu’une mauvaise nouvelle ne méritait pas d’être écoutée. Ignorant donc les détails gênants, il en profita pour asticoter un des skaven à portée de sa hallebarde, histoire de passer le temps, même si cela n’eut pas grand effet. Déçu, le vermisire ratvalier attrapa le dissident et le passa au fil de son arme avec toute la subtilité qui le caractérisait (un grand coup en plein crâne). Le craquement sinistre rattrapa en partie l’affront, au grand plaisir de l’homme-rat.

      Soudain, le vermisire se rappela un détail de la plus haute importance. Si ses troupes montaient à la tour, leurs museaux se situaient au-dessus du sien ! Inadmettable !

      Et le vermisire fila tel une roue infernale vers les murailles pour commencer à les escalader au triple trot. Sa hallebarde prise dans sa queue osseuse, il sautait presque autant qu’il ne grimpait. La tâche fut pénible, et ce malgré les quelques occasions de balancer un ou deux subalternes dans le vide. Ah ! Qu’est-ce qu’il n’aurait pas donné pour une fière monture digne de sa personne. Mais ces rues miteuses de chose-homme ne possédaient rien d’autre que ces chose-chevaux sans intérêt !... Enfin, sans intérêt, elles faisaient de bon repas durant le temps qu’elles duraient.

      Mais trêves de bavardages ! Il était temps de sonner la gloire de l’Empire Souterrain !

*

      En contrebas et quelques rues plus loin, trois formes filaient sur les toits de la cité à une vitesse tout sauf humaine. Après avoir suivit quelques filaments de Dhar, les recherches des Mikaelson s’étaient malheureusement révélés infructueuses. Il s’agissait probablement d’un résidu des sorts de Nathalia.

      Ainsi, après avoir tenté de retrouver une trace quelconque, les trois vampires s’arrêtèrent sur un toit. Plus frustré qu’épuisé, le trio ruminait de sombres pensées plus sordides les unes que les autres quant au sort du nécromancien qui les tournaient ainsi en bourrique !

      « Mais que devons-nous donc faire pour trouver ce satané utilisateur des arts nécromantiques ! s’exaspéra Sybille.
      — Oh, je n’en sais rien, demandons aux dieux tant qu’on y est, ironisa Johannes. Après tout, cela semble marcher pour les mortels de temps à autre.
      — Fort amusant Johannes. Erhard, une idée peut-être ?
      — Pas la moindre ma sœur, laissa échapper le troisième d’un air dépité. Essayons peut-être de nous séparer ? Pour couvrir plus de terrain ? »

      Sybille, grande habitué des plans douteux de Johannes, s’était apprêté à répliquer avant de se raviser.

      « Pourquoi pas après tout, faute de meilleure id…
      — HEY HO SIGMAROUNET !! se mit à hurler Johannes sans prévenir. ÇA TE TENTERAIT UN P’TIT SIGNE POUR AIDER LES PROTECTEURS DE TA FICHUE VILLE !?!
      — As-tu donc perdu l’esprit ?! Encore ? » vociféra Sybille.

      Ce fut alors, avec une synchronisation parfaite, qu’une cloche se mit à sonner à tue-tête depuis les remparts. Son vacarme faisait que l’on devait être capable de l’entendre à des lieues à la ronde. Et la conséquence directe de cette cacophonie fut de laisser les trois non-morts sans voix… Jusqu’à ce que Johannes se tourne vers sa sœur avec un large sourire rieur. Comme il s’y attendait, cette dernière fulminait sur place.

      « Comme quoi…
      — Pas un mot de plus.
      — Eh, selon moi, il y a de quoi devenir croyant ! rigola-t-il encore plus fort.
      — Tu trouves cela si drôle ? Très bien ! Alors tu iras t’en occuper seul pendant que Erhard et moi-même irons dans une direction opposée !
      — Heum, toussota Erhard. Il n’y a rien de bien logique à cela et…
      — Pas bien logique ? C’est toujours mieux que de suivre cet idiot qui écoute des cloches et des supposées interventions divines ! Et à vrai dire, si ‘Sigmar’ nous as vraiment fait signe, ma condition fait que je préfère éviter de suivre ses conseils. Voilà, la vraie logique ! »

      Et sur cet éclat, la vampiresse fila sur les toits. Son frère Erhard soupira un moment avant de hausser des épaules en direction de Johannes qui ricanait toujours. Puis, il sauta au loin à son tour. Une fois calmé, Johannes se retourna vers la haute tour de garde qui ornait les murailles de la ville. De ce qu’il en voyait grâce à vue vampirique, les revenants étaient nombreux par là-bas, surtout des hommes-bêtes. Bien. Son poignet s’engourdissait de ne pas avoir percé un crâne depuis quelques minutes.

      Puis, avec un chuintement de tuiles, le vampire s’élança dans la nuit.

*

      Depuis le beffroi de la tour justement, Cervelax s’évertuait à faire sonner la gargantuesque cloche qui s’y trouvait. Se tenant sur la pièce en bronze, l’homme-rat s’amusait grandement à gigoter dans tous les sens pour entendre les doux sons graves se répercuter dans toute la structure et ses propres os. Il lui semblait que cela faisait une éternité qu’il n’avait pas entendu le divin vacarme métallique que sa divinité appréciait tant.

      Mais toute bonne chose ayant une fin, l’homme-rat décida d’arrêter son manège avant de descendre en piqué jusqu’au plancher du dernier étage. Plusieurs de ses subordonnés se rapprochèrent aussitôt, dans l’attente d’ordre. Il y avait même un rat-ogre plutôt impressionnant dans le lot malgré son visage ravagé par la pourriture et l’épée longue en travers de son épaule, une acquisition récente dans les égouts soi-disant.

      « Décrochez-moi cette cloche de chose-homme ! Il faut préparer le terrain pour la vraie-meilleure cloche hurlante de la Saucisse Cornue ! »

      Quelques injures assaisonnèrent le tout et les troupes filèrent en tout sens pour vaquer à leurs tâches.

      Décidément, pensa Cervelax, cette invasion était presque trop facile. Même s’il se demandait où pouvait bien être Rasknitt, le prophète gris du clan Fester. Cet effronté était horripilant, mais il savait planifier une attaque et l’installation d’un symbole aussi puissant de leur dieu tout-puissant aurait dû être annoncé il y a un moment déjà !

      « Bah, quelle importance-utilité, après tout. Je suis immortel et pas-pas lui ! » gloussa le vermisire en allant grimper sur une ouverture dans un mur proche que les choses-hommes appelaient fenêtre. Pfeuh, quelle idiotie quand même, un trou volontaire dans un mur tout à fait solide. Mais ce qui intéressait l’homme-rat était la ville en proie aux flammes et au chaos en contrebas. Des volutes de fumées filaient vers le ciel en tournoyant alors que de doux cris d’agonie arrivaient encore et encore aux oreilles effilées du vermisire. Quelle belle soirée.

      Ah ? Tiens, un des cris était étrange. Il se rapprochait en fait. Cervelax avança sa tête un peu plus pour essayer d’entendre plus clairement. Définitivement un chose-homme, oui-oui. Il semblait énervé. Amusant. Quelques feulements de skavens, puis plus rien de la part de ses troupes apparemment. Hmm, mais que pouvait-il donc se passer ? Peut-être en avançant encore un peu plus le mus…

      « Je te tiens, vaurien !! » cria un Johannes qui arriva brusquement d’en dessous de l’encadrement de la fenêtre, lame devant.

      Pa réflexe et avec un cri terrorisé, Cervelax sauta en arrière de quelques mètres, récupérant sa hallebarde en toute hâte et évitant ainsi de se faire embrocher. S’il n’avait pas été « immortel », son cœur l’aurait probablement lâché. Voilà pourquoi ces fenêtres étaient de mauvaises idées ! Rien que des pièges contre sa personne !

      « C’était donc toi !
      — … Hein-quoi ? s’étonna le skaven brièvement avant de se reprendre. Heum, oui ! Oui-oui ! C’est bien moi, le vermisire ratvalier Cer…
      — Ah ? le coupa brusquement Johannes. Ha non en fait. Rien qu’un sous-fifre de plus. Bon sang, mais où est-il ce maudit !? »

      Cependant, alors que Johannes, qui se tenait sur le rebord, se prépara à repartir avec un air déçu, Cervelax faillit exploser sur place.

      « Sous-fifre ?! Je vais t’apprendre moi-moi à me couper dans ma tirade misérable chose-homme ! Meeeeurs de ma patte bénie par la Saucisse Cornue ! »

      Et le skaven fit signe à ses troupes d’attaquer. Parce qu’il ne fallait pas déconner non plus.

      Aussitôt, une marée d’hommes-rats accourut dans tous les sens possible et imaginable en piaillant. Même le rat-ogre décédé voulut se joindre à la fête, mais, dans son agitation, il ouvrit le plancher sous lui et fila quelques étages plus bas dans un fracas abominable. Cela déclencha un soupir rageur chez Cervelax qui se jura de retrouver son concepteur.

      Normalement, Johannes aurait ricané doucement à l’idée d’un nouveau massacre. Mais à vrai dire, après avoir trucidé une bonne flopée de ces hommes-bêtes geignards, ce petit jeu le fatiguait. Ainsi, ce fut vers leur chef que le vampire fila tel une flèche, ignorant par la même occasion la piétaille qui l’entourait. Et il avait bien l’intention d’en finir quand il transperça l’être ridicule en plein torse. (Johannes : 3T, 2B, -1PV !). La lame atteint son but, puis il y eut un craquement sec, suivi d’un cri paniqué de l’homme-rat. C’est alors qu’un immense flash de lumière verte aveugla le vampire qui se sentit projeté sèchement contre le mur le plus proche (Touche renvoyée : Johannes perd 1PV !).

      Quand le monde autour du vampire reprit sens, il vit que certains de ses vêtements avaient comme brûlés et qu’une odeur atroce s’en dégageait. Mais ce désagrément disparut bien vite de son esprit quand il se rendit compte que le chef des hommes-rats se trémoussait en hurlant à la mort sur les restes de ses troupes carbonisés alors que des flammes vertes léchaient son corps. (Cervelax : 0T). Un spectacle qui tira un sourire au vampire, même blessé.

      Apparemment, la chose tenait entre ses pattes une sorte de talisman qui luisait de milles feux. Un bijou que sa lame avait fendillé et cela inquiétait grandement son possesseur. Quel dommage que Johannes se fichait complètement de ses états d’âme. Par contre, si cet objet avait de l’importance… Armant une nouvelle frappe, le vampire s’arc-bouta avant de se détendre d’un seul coup sec.

      Quand Cervelax vit arriver le boulet de canon vampirique, il était déjà trop tard. Johannes fut sur lui en l’espace d’une demi-seconde. Pourtant, et à l’encore plus grande surprise de l’homme-rat, ce n’était pas lui qui était visé par l’attaque du vampire, mais son talisman. Et cette fois-ci, la lame du vampire ne fit pas de quartier, éclatant complètement la pierre sur son passage.

      « Ma vengeance-contre-attaque sera terr… » tenta de couiner Cervelax avant d’être coupé en plein pamphlet par un nouvel éclair de lumière verte.

      Fatalement, l’explosion qui retentit à nouveau fut encore pire que la précédente. Mais, avec son inertie, Johannes avait déjà dépassé l’épicentre du carnage à venir et il put atterrir sans trop d’encombre un ou deux étages plus bas. Relevant la tête, le vampire fut convaincu que personne ne pouvait survivre à une détonation pareille. Le trou béant qui se révélait dans la structure en bois du dernier étage l’attestait. On pouvait même apercevoir des sortes de gouttelettes fluorescentes qui venaient ronger la pierre alentour.  (Johannes : 3T, 2B, -2PV).

      Son adversaire à présent réduit à l’état de cendres et le bâtiment dans lequel il se trouvait étant en train de grincer et gronder lourdement, Johannes se dit alors qu’il était temps de partir !

      Le vampire en piteux état fila donc d’un escalier à l’autre avec toute l’agilité que sa condition permettait. Il se permit même de défenestrer quelques autres rats au passage. Lier l’utile à l’agréable était un de ses crédos après tout. Ce qui ne faisait pas partie de ses crédos en revanche, fut ce qu’il se mit à ressentir. Il ne s’en rendit compte qu’à cet instant, mais la Dhar partait littéralement en vrille autour de lui. Ce qui, pour un vent de magie noire, était tout sauf rassurant. Levant à nouveau le regard vers l’ancien emplacement du rat survitaminé, Johannes s’ouvrit aux vents de magie pour en avoir le cœur net. Et qualifier ce qu’il vit de tourbillon incontrôlable aurait été un euphémisme.

      De ce qu’il en comprenait, la poussière de ce qui restait de la pierre verte de l’homme-rat avait complètement détraqué la Dhar qui animait feu le revenant. Et maintenant que l’âme du rongeur avait été libéré de son réceptacle, eh bien, il y avait une interférence. Des éclairs d’un vert pomme maladif se mirent même à craquer au sommet de l’édifice. A croire qu’une divinité était vraiment à l’œuvre en ces lieux…

      Cependant, avant même que Johannes ne puisse tenter quoi que ce soit, l’énergie magique se condensa brutalement avant de plonger vers les étages inférieurs et selon un certain tracé en plus, quoiqu’un peu erratique. Ce fut alors que Johannes se rappela un détail, la grosse bestiole qui était passée à travers le plancher au début de l’escarmouche n’était pas remontée.

      « Ah, fichtre, jura Johannes. La prochaine fois, garde-les pour toi tes conseils, Sigmarounet. »

      Avec une impulsion sèche, le vampire sauta hors du bâtiment par une ouverture. Le plus vite il s’en éloignerait, le mieux ce serait. Et le hurlement monstrueux qui résonna depuis l’intérieur de la tour confirma son intention.

      A présent en pleine chute libre vers le rempart le plus proche, le vampire s’imaginait ainsi hors de danger. Sauf qu’encore une fois, quelque chose semblait vouloir s’acharner sur son sort puisqu’une des parois de la tour s’ouvrit comme du papier mâché sur la forme musculeuse et parcourue de fourrure miteuse d’un rat-ogre en colère. Paroi qui s’était ouverte pile devant lui et la bête était en plus en mouvement rapide vers sa personne.

      On passera sur les détails de l’impact qui pourraient heurter la sensibilité des plus jeunes.

      Tout ce qu’il fallait retenir était que Johannes n’avait pas terminé son vol plané avec un atterrissage en bonne et due forme sur les remparts. Mais qu’en fait, il s’était plutôt retrouvé avachi sur un tas de caisses en bois réduites en miettes par son entrée en scène fracassante. Cela allait sans dire, cette situation ne lui plaisait pas tant que cela. Surtout quand il se rendit compte que le rat-ogre, qui se tenait non loin, s’était mis à pavaner ostensiblement.

      « Ah AH ! grogna la bête d’une voix lugubrement grave mais qui rappelait étrangement celle de Cervelax. La Saucisse Cornue m’a bénie-bénie ! Moi-moi ! »

      Puis, devant un Johannes médusé, le rat-ogre Cervelax commença à mimer un discours à une foule invisible. Il prit même le temps d’enlever l’épée rouillée dans son épaule pour jouer avec pendant quelques secondes.

      « Je suis le plus fort-rusé ! Le plus béni-génial ! Je suis… Je… Je suis un Empereur ! NON ! L’Empereur-Roy du clan Charcutax ! »

      Oula, pensa Johannes alors qu’il se relevait difficilement dans son fatras de petit bois. Il fallait croire que la relocalisation de l’esprit de l’homme-rat avait eu quelques effets secondaires sur sa psyché.

      « Et mes ennemis… » – Cervelax se tourna lentement vers Johannes – « Doivent mourir-périr ! Les choses-licornes aussi ! Mais TOI d’abord !»

      ‘Quelques’ ? Johannes allait changer ce mot de sa phrase précédente par ‘beaucoup’. Or, alors que le vampire voyait la bête pourrissante s’approcher de lui en bavant abondamment de l’écume, Cervelax eut comme un sursaut.

      « Non-non. Le monde doit VOIR ma grandeur-splendeur ! Pas le temps de s’occuper-tuer ce moins que rien. Vite-vite ! »

      Et après avoir convenu avec lui-même de la marche à suivre, le rat-ogre Cervelax fit demi-tour avant de filer vers la tour qui penchait dangereusement sur un côté à présent. Sur le chemin, il s’arrêta un court instant pour prendre un morceau de tôle, le tordre dans tous les sens, lui faire prendre la forme d’une couronne grossière et s’en affubler en rigolant comme un mulot qui aurait sniffé trop d’orge. Puis, il entama son ascension de la tour en chantant un hymne à sa gloire.

      Oui, pensa Johannes, il était temps pour lui de tirer sa révérence en ces lieux. Cet idiot allait finir par se tuer tout seul de toute manière… Enfin, il l’espérait. Dans tous les cas, il allait avoir besoin de renforts. Fatigué par tout ce tohu-bohu incompréhensible, le vampire tenta à nouveau de se relever mais, encore une fois sans prévenir, quelqu’un s’en chargea à sa place. En effet, une paluche de la taille d’une brique venait de l’agripper au col pour l’amener à hauteur d’un visage barbu qui fleurait bon l’alcool fort et… d’un castor ?

      « Toua ! gueula Tordimir Skvortskov.
      — Oh non, pas lui, gémit Johannes en reconnaissant le kislévite.
      — Toi me dires ce que quoi se passer ici ! Maintenant !! »

      Le dernier mot avait été accompagné par une forte secousse des paluches de Tordimir.

      « Par le sang, mais d’où est-ce que vous sortez !
      — Rasskaz m’a guidé. Et j’ai grimpé mur, lâcha simplement Tordimir en pointant le bord de la muraille d’Ubersreik, celle de plusieurs dizaines de mètres de haut.
      — Ah, répondit un Johannes blasé. Évidemment. »

      Soudain, le castor lança un petit cri perçant et agressif à l’encontre du vampire qui le foudroya du regard.

      « Alors ! cria de plus belle le kislévite à un volume supérieur à la moyenne.
      — Rah, arrêtez de m’empoisonner de votre haleine fétide, enfin ! Allez plutôt demander à l’autre mégalomaniaque de service… »

      Ignorant la pique de la première phrase – Tordimir aurait dû comprendre plus de la moitié du vocabulaire employé pour cela – le kislévite se contenta de suivre du regard ce que le bonhomme pointait du doigt. Or, quand il aperçut le rat-ogre dansant et chantant à tue-tête sa supériorité sur le toit de la tour, il y eu une sorte de blanc. Le genre de silence qui précédait le blizzard.

      Les phalanges du kossar blanchirent aussitôt alors que son regard se perdait vers l’infini. Johannes le sentit même trembler légèrement tandis que sa bouche s’ouvrait en grand. Puis, un son sortit enfin de son gosier frémissant :

      « Шуба (Fourrure)…
      — Hmmoui, si vous le dites, maintenant lâchez-moi où je vous ouvre une artère. »

      La poigne de fer du kislévite se relâcha aussitôt, mais il ne bougea presque pas autrement. Un comportement qui semblait inquiéter jusqu’à son castor de compagnie.

      « Voilà qui est mieux ! s’étonna Johannes.
      — Шуба !
      — … Irrécupérables. Il y a des fois où je me dis que cette cité et ses habitants sont irrécupérables. »

      Et Tordimir détala vers la tour tel un homme perdu en plein désert depuis des semaines qui venait de trouver un fleuve d’eau douce agrémenté d’un buffet à volonté. Johannes, lui, ne demanda pas son reste et fila en douce vers le centre de la cité pour y retrouver sa fratrie.

*

      Des semaines, répéta encore une fois Tordimir en ignorant les marches de l’escalier de la tour.

      Cela faisait des semaines qu’il attendait ce moment. Ce fichu instant où il pourrait ENFIN mettre la main sur de la fourrure. Rien qu’à cette idée, la prise du kislévite sur sa hache monstrueuse fit grincer le bois.

      Tout au long de son voyage au travers de l’Empire, il n’avait trouvé quelques petites bestioles, divers hommes-boucs et autres bidules inintéressants… Mais là, la chose qui se baladait en haut de ce bâtiment branlant, elle avait de la fourrure dans une quantité acceptable. Certes, c’était une fourrure de mauvaise qualité, ses yeux expérimentés l’avaient bien vu. Mais là, Tordimir n’en avait rien à carrer. Il voulait uniquement dépecer une bestiole de taille convenable, un truc plus gros que lui pour changer. Mais surtout, il voulait pouvoir dire qu’il avait dépecé un rat-ogre, un animal relativement difficile à trouver. Ce qui, pour un homme qui chassait le mammouth par habitude, faisait du sens.

      Il ne fallut ainsi qu’une demi-minute au kislévite remonté pour accéder à ce qui restait du dernier étage. Le toit au-dessus de lui partait en lambeaux, d’une part à cause de l’état de la tour, de l’autre parce qu’un rat-ogre détraqué gesticulait dessus. Cela lui permit de repérer sa cible entre deux trous.

      « Oï ! cracha Tordimir. Viens te battre, fourrure ! Tordimir t’attendre ! »

      La forme du rat-ogre s’arrêta dans sa danse aussitôt en entendant le hurlement du kislévite. Puis, Cervelax se retourna vers Tordimir et le toisa de toute sa hauteur nouvellement acquise.

      « Un défi-duel ? Ah Ah ! Fort bien-bien, tu périras-mourra de ma… »

      Mais Cervelax ne put aller plus loin. En effet, Tordimir venait de mettre un coup monumental dans le mur le plus proche, ce qui descella aussi sec quelques pierres et fit tintamarrer l’énorme cloche qui ne tenait plus à grand-chose. Le rat-ogre perdit alors pied et partit se vautrer un étage plus bas en couinant de rage tout au long de sa chute.

      A peine s’était-il réceptionné que Cervelax se prit un Tordimir en furie qui avait sauté du reste de rambarde juste pour l’atteindre quelques mètres plus bas. La hache écorcha seulement un morceau de graisse putréfiée, mais l’impact déséquilibra brièvement le rat-ogre impéroyal. Ce dernier, d’un seul geste aussi rageur qu’instinctif, envoya valdinguer le kislévite en retour (Tordimir : 1T, 1B, renvoyée, 1 Regen / Cervelax : 1T, 1B, 1Regen).

      Voyant que le chose-fourrure était toujours debout (et qu’il y avait une sorte de petit animal piaillant sur son épaule ?), Cervelax se redressa avec fierté.

      « Aah ! Enfin, un adversaire-ennemi de valeur ! Ta mort-décès servira d’exemple pour annoncer mon nouveau règne !! »

      Et le rat-ogre se déplaça d’un petit mètre pour aller décrocher une énorme poutre de son encastrement pour s’en servir de lance. Ce qui, au vu de la morphologie de la bestiole ne ressemblait pas à grand-chose.

      « La ferme fourrure ! Toi bientôt orner ma cape ! »

      Et le kislévite repartit de plus belle, sa hache filant dans les airs avec un vrombissement annonciateur de destruction percutante. Néanmoins, ce fut Cervelax qui, profitant de son allonge, répliqua en premier avec une taille de sa poutre ébréchée (Cervelax : 2T, 1B, 1Regen). L’impact vint cueillir sèchement Tordimir au flanc, ce qui l’envoya valdinguer quelques mètres plus loin et plus bas d’ailleurs (Tordimir : 0T). Mais le kislévite n’en prit pas ombrage. Il avait déjà vu pire. Après s’être pris un mur, qui avait pris sa forme au passage, Tordimir se contenta de vérifier que Rasskaz était toujours sur son épaule. Puis, tout en se relevant au milieu des tas de poussières et de pierres brisées qui s’accumulaient dans la tour qui grinçaient dangereusement, il foudroya du regard le rat-ogre en lui faisant signe de descendre. Il n’en avait pas fini avec lui.

      Forcément, le rat-ogre Cervelax fut plus qu’heureux de répondre à sa demande. Une victime qui demandait à mourir, c’était une aubaine. Après avoir pris un peu d’élan, le rat-ogre sauta à son tour dans le vide pour atteindre sa cible. Sa lance improvisée dans sa patte droite, il fila en hurlant vers Tordimir qui se prépara à recevoir l’impact… Qui ne vint pas (Cervelax : 3T, 0B). En effet, Cervelax avait été un peu trop hâtif dans sa descente et son inertie le fit percuter le rebord d’un étage. Une série de rebonds sur divers morceaux de maçonneries plus tard, l’homme-rat gargantuesque atterrit enfin dans un état second vers ce qui s’approchait de la mi-hauteur de l’édifice. Le rire gras de Tordimir couvrit presque le fracas des éboules environnants.

      « Fourrure être drôle !
      — Je ne suis-suis pas une fourrure ! grogna Cervelax en s’extirpant d’un tas de cailloux qui devait être un contrefort autrefois.
      — Ah ah … Quoi ?
      — Je suis Cervelax, Empereur-Roy du clan Charcutax ! Et toi, tu n’es rien ! »

      S’étant considérablement ridiculisé devant un public d’une personne, Cervelax se trouva légèrement chafouin. Tellement d’ailleurs qu’il eut une idée. Une idée-plan même. Ses troupes avaient ramenés diverses caisses de matériel vers les premiers niveaux de la tour, dont un grand nombre d’explosifs encore en état de marche. Parfait ! Au chaos son combat individuel, ce chose-homme l’énervait. Il allait se débarrasser de cet importun en beauté !

      Après avoir jeté un œil (le seul qui était encore valide) vers les hauteurs et son adversaire Cervelax sauta à nouveau mais directement vers les niveaux inférieurs cette fois-ci. De ce qu’il en avait aperçu, le chose-homme s’était mis à grimper en utilisant sa hache comme un pic d’escalade. Bah, qu’il monte ! Cela n’avait plus d’importance à présent !

      Quelques secondes de chute plus tard et Cervelax arriva à portée des caisses de ravitaillement dans un craquement tonitruant alors qu’il utilisait diverses rambardes pour se freiner. Divers skavens mort-vivants se tenaient d’ailleurs un peu partout, amenant toujours plus de matériel pour ce qui était autrefois prévu comme le siège de la cité. Néanmoins, le skavènement de l’ancien ratvalier venait de devenir sa nouvelle priorité et il ordonna qu’on amasse toutes les matières explosives au centre du rez-de-chaussée.

      La horde se mit en marche et rapidement, le tas de poudre et de tonneaux aux contenus hautement inflammables grandit à vue d’œil. Contrairement à toute prudence, Cervelax s’en tenait non loin. Après tout, il était immortel ! Qu’est-ce qu’une petite explosion allait bien pouvoir lui faire ? Non, il voulait voir le chose-homme partir en cendres avec le reste de la tour pour ensuite sortir intact des ruines fumantes tel le nouvel être supérieur qu’il était !

      Ce fut alors qu’il entendit, au milieu du vacarme ambiant de déplacement de caisses et d’effondrement lent, un claquement métallique. Curieux, Cervelax leva son œil vers les hauteurs. Et il se dit que c’était vraiment bizarre que la cloche se fût mise elle aussi à grandir à vue d’œil.

      Son cerveau « supérieur » ne comprit qu’au dernier moment que la pièce de bronze de plusieurs tonnes filait vers lui à une vitesse croissante. Et que sur elle, se tenait un kislévite riant à gorges déployée et un castor.

      En effet, ce que le rat-ogre n’avait pas entendu à la fin de sa précédente conversation était un murmure de Tordimir : « Si toi pas fourrure… Alors toi payer Iassak ». Et dans la tradition kislévite, le Iassak consistait à soumettre avec force une peuplade locale pour la faire payer l’impôt. Un exercice dans lequel le kislévite excellait, même s’il y mettait un peu trop de zèle. Comme maintenant en fait.

      Ainsi, la dernière chose que Cervelax entendit avant que la cloche ne vienne le rencontrer lui et le tas d’explosifs skaven fut un son bien précis. Celui produit par une hache ridiculement grosse qui vint éclater son crâne après avoir été lancé avec précision depuis une cloche en mouvement (Tordimir : 1T, 1B, 3PV !)

      L’instant d’après, un bon morceau du quartier de l’enceinte fut soufflé par une explosion tout aussi improbable.
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Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeSam 23 Mar 2019 - 1:11

.        Hans sortit de l’hébétude au cri que poussa un civil près de lui. Affolé, il brandit son épée et son bouclier alors qu’un énième squelette avançait dans sa direction. La créature était comme les autres : lente, effrayante, et ressemblant plus à un ancien homme-bête qu’à autre chose. Hans se dirigea prudemment vers elle, bloqua un coup maladroit puis lui fendit la colonne vertébrale d’un coup bien placé. Il avait frappé lentement, mais il était épuisé, ayant passé toute la nuit sur ce pont traversant la Teufel avec ses camarades, à permettre aux civils apeurés de passer tout en bloquant les morts-vivants. Ceux-ci n’étaient pas très nombreux dans ce secteur, ce qui lui allait très bien. Mais il était malgré tout fatigué, et ne soulevait la masse de ses armes que par pur réflexe à présent. L’explosion près des murs de la ville l’avait complètement pris de court, et il aurait pu se faire surprendre si ce n’était le cri de ce civil.

       Il repéra un autre squelette qui s’avançait sur le pont, et de guerre lasse il releva ses armes. Ses camarades, tout aussi fatigués que lui, firent de même alors que le mort s’avançait toujours. L’esprit fatigué de Hans se dit cependant qu’il y avait quelque-chose d’étrange à propos de celui-là. D’abord il était vêtu d’un tabard et d’une armure de maille, ce qui était inhabituel. Ensuite, il s’avançait d’une démarche qui n’était aucunement voutée et mécanique. Mais ce fut au bout de quelques secondes qu’il réalisa la chose qui le dérangeait : les orbites du squelette brillaient d’une sorte de feu intérieur.

       Il sentit une goutte de sueur glisser sur son cou.

       « Attention à celui-là » cria-t-il. Mais il était trop tard. Il vit Thom se jeter sur le revenant en brandissant sa hallebarde, mais le squelette leva son bouclier et bloqua l’attaque qui ne lui fit même pas reculer d’un pas. Puis il leva son arme, une épée dont le métal semblait luire faiblement d’une lueur verdâtre.

       Une seconde plus tard, Thom s’effondrait par terre en criant, le torse marqué par une profonde déchirure. Le mort-vivant tourna alors son regard vers les autres, qui reculaient lentement.

       « Allons bon, soldats. Voici que disparaît votre courage à la vue du sang ? Êtes-vous donc de ces ramassis de foire d’emplâtre ? De ces hommes d’armes à la mie de pain ?»

       La voix du revenant était semblable au grondement d’un chien qui résonne dans une caverne. Hans recula de plus belle. Il n’avait pas prévu qu’un truc comme ça se présente à eux. De plus, si le ton n’était pas empreint de la moindre animosité, l’Ubersreiker était persuadé que ce n’était que pour mieux l’amadouer. Mais au bout de quelques instants d’immobilité totale des deux camps, le mort-vivant commença à s’impatienter.

       « Oh et puis zut, flûte et mut. Je m’en vais vous faire payer votre inaction, gredins. Groboudin, charge et vainc ! »

       Le revenant mit soudain à courir, bouclier en avant, se dirigeant droit vers lui. Hans tenta un coup défensif, mais trop tard. Son attaque fut parée, et il se prit plusieurs dizaines de kilos d’acier, d’ossements et de bois lancés à pleine vitesse. Il se sentit quitter le sol, et les lumières de la ville tourbillonnèrent autour de lui. Un instant plus tard, une vive douleur à la tête lui indiqua qu’il avait heurté le pavé de pierre du pont. Groggy, il entendit le son étouffé par la douleur de ses camarades qui se précipitaient à son secours alors que le revenant s’enfuyait dans la nuit.

* * *

       Jean-Edouard-Alphonse de Groboudin continua sa course bien après avoir quitté le pont. Il en avait marre des cris des gens autour de lui. Il en avait marre de voir les regards effrayés des hommes, des femmes et des enfants qui se posaient sur lui. Il en avait marre de passer pour le méchant. Il était un chevalier de la Dame à la fin. Du moins l’était-il auparavant. Il ne méritait pas d’être un paria.

       Sa course n’était pas sans but. Il avait bien l’intention de retrouver cette fameuse taverne. « L’auberge du cochon explosé », c’était ça son nom. Après tout, rien de mieux qu’une bonne saucisse pour faire passer tous vos soucis. Et la bière pouvait être acceptable. Non, vraiment, il en avait besoin.

       Il finit par arriver dans une zone moins peuplée, vide en fait, où il s’arrêta de courir. Il ne ressentait aucune fatigue, mais il n’aimait pas courir. Courir, c’est pour les gueux, et lui était un chevalier. Enfin, était, c’est le mot qui convient. Il était mort à présent, mort et sans cheval. Quel glorieux chevalier il faisait.

       Tout en marchant à l’instinct, il tenta de se remémorer les conditions de sa mort. Les souvenirs de sa vie étaient parfois flous. Il se revoyait enfant, ou jeune chevalier du royaume. Il se revoyait prononcer le vœu de la quête, et partir à l’aventure armée de sa seule épée (ses doigts se refermèrent instinctivement autour de la poignée de celle-ci à cette pensée). Mais de sa fin, il n’avait pas de souvenir clair. Cela avait pourtant dû se produire non-loin d’ici, dans l’Empire, pour qu’il se souvienne de la ville. Et qu’il ressuscite dedans. Quelques images lui revenaient peu à peu à la mémoire. Des créatures malfaisantes, qui ricanaient devant lui. Devant lui alors qu’il agonisait. Des créatures à la peau verte. Etait-ce cela qui l’avait tué ? Des gobelins ? De viles créatures lâches et sans honneur ? À cette pensée, il sentit presque un goût amer dans sa bouche. Dans sa bouche qui n’avait plus de palais d’ailleurs.

       Plus de palais ? Mais alors, la saucisse ? La bière ? Comment allait-il faire ? Groboudin se figea sur place, réalisant soudain l’incroyable stupidité de sa démarche. Par les mille chapelets de la sainte saucisse biscornue, mais qu’avait-il dans la tête.

       Du vide, pensa-t-il avec amusement, se disant que c’était certainement vrai au sens littéral. Mais c’est seulement à ce moment qu’il prit conscience de son environnement.

       Il n’était pas devant la moindre taverne, pas du tout même. Ses pas l’avaient instinctivement mené vers un endroit dont il avait complètement oublié l’existence, qui ressemblait extérieurement à un petit entrepôt comme les autres. Les poutres de bois n’étaient pas de teinte égale, montrant que l’endroit n’avait que partiellement été détruit lors de la tempête du chaos, n’ayant nécessité que des réparations et non une reconstruction complète. Il n’y avait qu’un seul élément qui montrait de quoi il s’agissait : la fleur de lys gravée au-dessus de la porte.

       Jean-Edouard-Alphonse resta immobile dans sa contemplation. Ce lieu, il le savait était une chapelle du graal, la seule à des lieux à la ronde. Il ignorait comment il était arrivé là, mais il supposa que ses pas l’y avait mené d’eux-mêmes alors qu’il était perdu dans ses pensées. Il ignorait pourquoi cependant. Et il hésitait à rentrer. Tout ceci était-il l’œuvre de la Dame ? Etait-elle là, veillant tout de même sur lui ? Il n’en savait rien, mais cela lui semblait être la seule explication.

* * *

            « Silvère… »

       Silvère de Castagne leva la tête, fixant sans le voir le plafond ouvragé couvert de bas-reliefs représentant les merveilles de la Dame. Il s’était rendu là dès qu’il avait pu marcher, cherchant conseil et soutien auprès de sa déesse dans cette heure sombre. Sa blessure au visage était encore douloureuse, mais ce n’était rien qui puisse l’empêcher de chercher l’aide de sa Dame.

       Et celle-ci venait de s’adresser à lui.

       « Je vous écoute, ma Dame. Parlez, et votre paladin vous obéira. »

       La voix cristalline résonna à nouveau dans sa tête.

       « Une âme en peine vient à toi Silvère. Aide la, et elle t’en sera éternellement reconnaissante. »

       Le chevalier fronça les sourcils, ce qui au passage le fit grogner de douleur à cause de sa blessure.

       « Une âme en peine ? Mais qui donc ? Où ça ? »

       Il s’exprimait en pure perte, et il le savait déjà. La Dame avait toujours eu l’habitude de s’exprimer par énigmes. Mais cela ne l’avait jamais empêché d’essayer d’avoir des détails. Il se mit à réfléchir à ce que signifiait ce qu’elle lui avait dit. Une âme en peine ? Qui venait le voir ? Il supposa que rester ici serait vain de toutes les façons, et il se releva de la position agenouillée dans laquelle il avait passé la dernière heure. Son armure émis un cliquetis alors qu’il s’étirait, appréciant la beauté de ce lieu si calme dans cette ville si chaotique. Mais il lui fallait en sortir. Sa Dame avait parlé, et de toutes les façons de nombreuses personnes pouvaient profiter de son aide au-dehors.

       Dans un bruissement de sa cape blanche immaculée, le chevalier se dirigea vers la sortie.

       Dehors, le bruit venant de combats lointains était audible, même ici. Il fit la grimace, se demandant pourquoi le mal avait encore le droit de fouler ce monde. Etait-ce si difficile de vouloir faire le bien ? C’est presque machinalement qu’il posa les yeux sur la silhouette qui se trouvait devant le temple.

       Puis il se figea. Et dégaina son épée.

       « Arrière, créature maléfique. Crois-tu avoir le droit de souiller ce temple ? »

       Le mort-vivant qui lui faisait face, et qui portait un équipement typiquement bretonnien, inclina la tête sur le côté. Ses orbites brillantes le dévisagèrent.

       « Je n’ai nullement l’intention de souiller quoi que ce soit, chevalier, si ce n’est mon épée de votre sang si vous vous mettez sur mon chemin. La Dame m’a conduit ici, et je compte bien l’honorer.

       Silvère n’en croyait pas ses oreilles.

       - La Dame, commença-t-il d’un ton courroucé, n’aurait jamais guidé un monstre tel que vous.

       - Et pourquoi non ? Je suis un de ses fidèles après tout.

       Il se tut un instant, puis reprit.

       - Et je ne suis pas un monstre, tenez-vous le pour dit. Je suis le chevalier Jean-Edouard-Alphonse de Groboudin, et je commence à en avoir plein le dos de me faire insulter par des bachi-bouzouks de tonnerre de Brionne.

       - Foi de Castagne, si vous essayez de passer, je vous jure que vous le regretterez messire chevalier. Si vous aviez ne serait-ce qu’un peu d’honneur, vous vous laisseriez tuer pour débarrasser le monde de votre présence. »

       Silvère n’avait jamais fixé son opinion sur ces morts-vivants doués d’intelligence qui montraient un comportement si empreint de valeurs morales. D’un côté, certains comme Oldrick ou Kruger, n’étaient clairement pas des monstres assoiffés de carnage. Mais d’autres, comme ses cibles, Von Essen et Helmut Van Orsicvun, étaient à l’image même des mythes sur les morts-vivants : cruels, malfaisants et aucunement dignes de confiance. Et ce ‘Groboudin’ avait peut-être été un chevalier bretonnien en son temps, mais qui pouvait savoir ce qu’il voulait à présent ?

       Pourtant, ce dernier ne réagit absolument pas de la façon à laquelle il s’attendait. Au lieu de proférer des menaces, il prit son menton dans ses mains et demanda :

       « Castagne, Castagne…de la famille de Clotaire de Castagne ?

       Silvère était interloqué. Voilà un nom qu’il ne s’était pas attendu à entendre à pareil moment.

       - Euh, oui. C’était mon grand-père. Un preux chevalier, et…

       - Ce malandrin d’ectoplasme à la lie de vin a eu l’outrecuidance de se moquer de ma maîtrise de la lance ! Vengeance ! »

       Et, sans prévenir, il se jeta sur Silvère l’épée levée. Ce dernier, surprit, ne put dévier efficacement l’attaque, et subit un coup de pommeau en plein sur la blessure infligée par Cervelax (Groboudin : 2T, 2B, 1svg, -1PV !). Cependant, le revenant avait complètement ouvert sa garde, et en combattant aguerri Silvère en profita pour contre-attaquer (Silvère : 3T, 2B, 1svg; -1PV !), réussissant à repousser son adversaire.

       « Vous avez donc connu mon aïeul ? Mais calmez-vous, bon sang ! »

       Mais Silvère aurait pu tout aussi bien s’adresser à un mur. Groboudin se jetait sur lui avec une énergie tirée tout droit de sa frustration. Cet individu comptait lui barrer la route sur le chemin de la Dame, et il était en plus le descendant de Clotaire de Castagne, un ivrogne vantard de la pire espèce. Cela n’allait pas le calmer, loin de là.

       Pourtant, leur échange de coups ne fut pas des plus efficaces. Silvère n’arrivait pas à frapper à un endroit décisif, le revenant semblant ignorer ses coups (Silvère : 2T, 1B, 1Invu), tandis que Jean-Edouard-Alphonse ne parvenait pas à percer l’armure du paladin (Groboudin : 2T, 0B). Ce dernier finit par se dire que le seul point faible évident du revenant était sa tête, ses yeux étant les seuls éléments de son corps qui semblaient animés de vie. Profitant d’une esquive pour se rapprocher de son adversaire, il ouvrit sa garde et lui asséna un violent coup de pommeau sur la tempe. Un craquement retentit, signe que le coup avait porté (Silvère : 4T, 2B, 1svg, -1PV !).

       « La Dame ne m’a pas abandonné ! Prends ça ! »

       Le revenant, en combattant chevronné, contre-attaqua immédiatement, et porta une série de coups que Silvère para à grand-peine avec son bouclier. Une attaque violente fit néanmoins voler sa garde. Il vit la lame luisante du revenant qui revenait vers lui, trop rapidement pour qu’il puisse parer de sa propre épée. Mais au dernier moment, un éclair de lumière blanche repoussa le coup, avec une telle violence que le revenant recula (Groboudin : 2T, 2B, 1svg, 1invu). Sa voix caverneuse trembla.

       « La Dame…la Dame…Pourquoi ?…Elle vous a protégé ?

       - La Dame ne vous a pas abandonné, messire, fit Silvère, qui comprit instantanément la situation alors qu’il parlait. Elle vous a guidé ici pour que je vous trouve. Et que je vous libère.

       - Pour que je…vous…que vous me... »

       Le chevalier mort-vivant semblait avoir du mal à admettre ce que Silvère lui disait. Ce ne pouvait pas être possible, non non non. Mais pourtant, c’était si logique. Oui, si logique. Mais c’était trop cruel. Oh, que n’était-il resté mort, au fond du fleuve ? Il n’aurait pas eu à goûter à nouveau à la vie, pour s’apercevoir que c’était une fausse vie, un simulacre. Pour s’apercevoir que depuis sa sortie de ce fleuve, son destin était simplement de mourir à nouveau.

       La lueur dans ses yeux s’intensifia.

       « Paladin ! » cria-t-il. « Si je meurs ici, ramenez mes cendres au pays. Je ne veux pas reposer éternellement dans cette terre sans foi, où le vin est inexistant et où les morts se lèvent pour perdre deux fois ce qui leur est de plus précieux.

       Silvère était pâle comme la mort, mais il émit un petit sourire.

       - Si vous combattez comme un vrai chevalier, j’irai même dire à la tombe de mon grand-père que vous valiez mieux que cela.

       - Alors en garde, chevalier de Bretonnie. Groboudin charge et vainc !

       - Castaaaaagne ! »

       Et, au milieu de la nuit, dans la ruelle mal éclairée et déserte, deux formes s’affrontèrent dans un duel sans merci. Leurs lames tintèrent pendant de longues secondes, et la lueur des deux lunes sur leurs armures renvoyait mille reflets aux alentours. Il n’y avait plus de parole, plus de mots. Les mots étaient inutiles. Ils se parlaient par les armes, par l’épée et l’écu, le langage de leur patrie. Un cri se fit soudain entendre, et le duel s’arrêta net. Les deux combattants étaient immobiles, serrés l’un contre l’autre, cape blanche contre armure défraichie. Et la lame de Silvère dépassait du dos de Jean-Edouard-Alphonse (Silvère : 2T, 2B, -2PV).

       Un craquement se fit entendre, puis un autre, tandis que le mort-vivant se mit à prendre feu. Celui de ses orbites se dissipait peu à peu. Un grand voile obscur envahissait sa vision, et il ne put prononcer que quelques mots.

       « Grand merci, paladin de Castagne. À vous, et à la Dame. »

       Silvère se dégagea lentement, et vit devant lui le revenant se consumer sans un cri dans une vive flamme blanche. Au bout de quelques secondes, il n’y avait plus que de la poussière dans l’armure de maille reposant à même le sol.



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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeLun 25 Mar 2019 - 17:08

.        L’arène toute entière était proie au flammes. Le feu avait rapidement pris l’ensemble des tribunes, et un nuage de cendre s’était abattu sur l’endroit, plongeant le tout dans une ambiance aux teneurs infernales, au milieu desquelles les guerriers du chaos faisaient méthodiquement leur office. Après tout, tout cela leur rappelait leurs désolations du Grand Nord.

       Les soldats, miliciens ou mercenaires, venaient de plus en plus nombreux, attirés par le brasier gigantesque comme des papillons autour d’une bougie, pensant tomber sur une des poches de morts-vivants décérébrés qui arpentaient la cité. Ils réalisaient rapidement leur erreur. Et ceux qui ne la réalisaient pas assez vite finissaient le corps dans les flammes, et la tête tranchée à l’entrée de l’arène.

       L’odeur âcre de la chair brûlée était omniprésente, faisant presque autant tousser que les cendres qui rendaient l'atmosphère étouffante. Mais Ur-Krell et ses deux guerriers n’avaient nul besoin de respirer, et les crânes de leurs victimes commençaient à s’entasser sous le regard mort du Sergent Galsbach, leur toute première victime à la tête plantée au bout d’une pique… l’amoncellement grimpait déjà à la moitié de la taille de la lance, et les guerriers du chaos n’avaient nullement l’intention d’arrêter en si bon chemin.


       Ur-Krell serrait cependant ce qui lui restait de dents. Certes, l’incendie se répandait lentement sur les bâtiments alentours, et dévasterait toute la ville si l’on ne l’arrêtait pas bientôt. Certes lui et ses guerriers, mêmes à trois, prélevaient impitoyablement leur tribut dans les rangs des pathétiques soldats humains, il lui manquait quelque chose. Quelque chose qu’il savait qu’il n’avait ressenti qu’une seule fois, et qui expliquait aussi sa condition actuelle :  le frisson de la mort, le sentiment d’être sur le fil. Il ne s’était jamais senti aussi proche des dieux lorsqu’il avait … qu’il était mort, en vérité. Mais par un quelconque jeu du hasard, il avait été ramené à un simulacre de vie. Maintenant, il n’aspirait qu’à retrouver cette sensation, qu’à trouver un adversaire contre qui il pourrait véritablement se mesurer. Et il savait que c’était cela qui attirerait sur lui le regard des dieux sombres, et de recevoir leurs bienfaits. Cette fois-ci, il ne mourrait pas, il vaincrait le champion que les humains avaient à lui envoyer.

       Cela dit, tous les adversaires qu’il avait croisé jusqu’à maintenant avaient à peine été dignes de son attention… Arriverait-il à trouver guerrier à sa mesure ?

* * *

        « Par Sigmar, faites-moi avancer le canon plus vite !”

       Sous les ordres secs de leur capitaine, les membres de la garnison du bastion Nord-Est des murs de la cité grognèrent et redoublèrent d’effort pour pousser l’arme de siège qu’ils avaient déjà tirés à travers un bon tiers de la ville, dès qu’ils avaient entendu l’appel de la Corne de Magnus. Complètement excentrés, loin de la première explosion qui avait libéré les morts, ce n’était qu’une fois partis du bastion - ils y avaient laissé une moitié de la garnison, barricadée et parée à toute éventualité - qu’ils avaient commencé à croiser les vagues des morts. Ils avaient alors pressé le pas. La couleuvrine qu’ils avaient décidé d’emporter avec eux - et qui pour l’instant ne leur avait été d’aucune utilité - était certes un modèle passablement léger, mais avec le rythme qu’ils s’étaient imposés, le cheval qui la tirait commençait à fatiguer, forçant les hommes à se mettre eux aussi à l’ouvrage.

       « Je crois bien qu’ils auraient mieux fait de laisser leur canon là bas, Herr Brückner  » s’exprima le jeune chevalier de l’ordre du Soleil Flamboyant, Geralt Braum, alors qu’il évitait un coup maladroit d’un squelette humain.

       « Nous verrons bien, lui répondit le Grand Maître Albrecht Brückner, je serai content si nous n’avons pas à l’utiliser, et content de l’avoir si nous en aurons besoin.
       — Haha, bien parlé ! »

       Avançant comme un seul homme à la tête d’un petit groupe de soldats et de mercenaires, ils ouvraient la voie aux artilleurs pour continuer à avancer dans les rues tortueuses de la cité.
       Les deux hommes avaient décidé de fêter la fin du tournoi ensemble dans l’Auberge où logeait le Grand Maître de l’Ordre du Griffon. En effet, ils s’étaient trouvés une mutuelle amitié, le jeune Geralt avide des anecdotes du vétéran chevalier qu’était Albrecht, tandis que celui-ci appréciait la fougue de son cadet, en plus du fait que “lui aussi partageait ses points de vues sur la Reiksguard”.

       Il va sans dire que Brückner était en train de se plaindre de la « fausse réputation de l’ordre honni » lorsque avait retenti l’explosion de la caisse de Géorgie. Mais, excentrés qu’ils étaient, l’urgence ne c’était pas faite sentir et ils avaient tous regagné l’auberge en « laissant l’incident aux autorités locales »... jusqu’à ce que les morts déferlent jusque dans leur propre rue.

       Presque naturellement, le Grand Maître, épaulé par Geralt, avait pris la tête de la défense de l’établissement, allant jusqu’à tailler une tête de pont dans la rue, pour y appeler les survivants errants à eux. C’était eux qui, tout aussi naturellement, avaient décidé, suivis par une partie des mercenaires qui les avaient accompagnés jusque là, de rejoindre la garde des remparts se dirigeant vers la garnison de la Tour de Magnus. Depuis, ils avaient abattu vague sur vague de morts, avançant avec détermination vers leur destination.

       Albrecht plissa des yeux : ils arrivaient en vue de la Jungfreud Platz, là où s’était tenu le tournoi… Et se rendit compte de l’état de dévastation du quartier. Les flammes avaient gagné la place et dévoraient lentement les toits alentours, menaçant de se répandre dans toute la cité. C’était bien pire que ce qu’il ne le pensait. Au moins, ici, les revenants se faisaient plus rares, voire même inexistants, leur procurant un répit plus que bienvenu.

       « On va vraiment passer dans tout ça ? » lui parvint la voix, perplexe, du capitaine de la Garde.

       Le Grand Maître posa les yeux sur l’entrée de l’arène, bordée de part et d’autre d’un mur de flamme qui dévorait les planches des tribunes, tribunes qui menaçaient de s'effondrer sur eux à tout instant. La vision n’avait rien d’exceptionnel pour le vétéran militaire qu’il était, mais l’homme de la garde n’avait pas l’air particulièrement à son aise. Albrecht poussa un soupir.

       « Eh bien, capitaine, c’est vous même qui m’avez dit que le chemin le plus direct jusqu’à la Tour passe par là… et à moins de vouloir repasser à travers les groupes de revenants que nous avons eu sur une partie de chemin, un détour ne me paraît pas des plus envisageables. Ce ne sont que quelques planches en feu ! Restez autant à l’écart que vous le pouvez des flammes, et faites passer ce canon au plus vite : on n’en parlera bientôt plus !
— Je… bien, je vais transmettre tout cela à mes hommes. »

       Il n’eut qu’un sec mouvement de tête en réponse. Un par un, le Grand Maître en premier, suivi d’un Geralt que la chaleur ne semblait pas déranger le moins du monde, le reste de la troupe derrière, deux gardes tirant fermement la bride du cheval apeuré.

       Avant même qu’il ne puisse embrasser l’arène du regard, trop occupé à essuyer rapidement la suie de ses yeux, qu’un fracas beaucoup trop familier lui parvint aux oreilles derrière le vacarme des tribunes en flammes, aussitôt suivi de la voix de Geralt :

       « Je crois qu’on a un léger problème. »

       Il ouvrit aussitôt les yeux. À leur gauche, barrant la deuxième des trois entrées de la place, trois guerriers du chaos étaient entourés d’un petit groupe de hallebardiers, des Averlandais d’après leurs couleurs. Et d’après les corps de leurs camarades qui jonchaient le sol, ils n’étaient pas en position très favorable. Albrecht put voir l’un des soldats embrocher un revenant du chaos de la pointe de sa hallebarde, avant de se faire violemment décapiter par ce dernier, nullement gêné par l’arme plantée là où s’était jadis tenu son coeur.

       « Il va nous falloir du travail d’équipe pour ceux là, constata platement Geralt.
       — Oui, répondit le Grand Maître d’un air déterminé. Je propose de prendre celui de gauche, et vous celui de droite, il lui manque un bras et devrait être une cible facile. Ça nous laisse celui du milieu à prendre à deux, il a l’air d’être le plus gros morceau des trois.
       — Euh, vous êtes sûr que… » commença Geralt.

       Mais Albrecht avait déjà dégainé son épée et commençait à s’avancer en direction du combat.

       « Nous sommes des chevaliers, c’est exactement ce à quoi mène notre entrainement, mon cher Geralt ! »

       « Capitaine ! s’exclama-t-il en se retournant vers les gardes. Menez ces hommes jusqu’à la garnison, et sauvez ceux et ce qu’il y a à sauver. Herr Braum et moi allons assurer vos arrières… Si Sigmar le veut, nous vous rejoindrons peut-être bientôt. »

       L’interpellé effectua un rapide salut militaire avant d’aboyer des ordres à ces hommes, aussitôt suivis par les quelques mercenaires. Aussi rapidement qu’il était possible, il se dirigèrent vers la troisième entrée de la place, celle qui menait jusqu’à la Tour de Magnus. Ils avaient encore du chemin devant eux. Geralt les regarda partir, avant d’être interrompu par la voix du Grand Maître du Griffon

       « Êtes vous prêt Herr Braum ? »

       L’interpellé se retourna avec un grand sourire sous son casque :

       « Bien sûr ! Toujours, s’il s’agit de porter le nom de notre ordre plus haut que celui de la Reiksguard !
       — Ha ! Vous apprenez vite ! » lui répondit Albrecht, avant de rabattre sa visière sur son propre sourire.

*


       Il ne restait plus que six hallebardiers sur la vingtaine qui les avait assailli. Encore une déception pour Ur-Krell, car ils ne s’étaient pas montré à la hauteur, encore une fois. Cela dit, ils avaient refusé de fuir une fois que leur chef eut mordu la poussière. Ils étaient déterminé, on ne pouvait leur enlever cela, pensait-il en enfonçant sa hache dans la cage thoracique d’un des soldats sans grand ménagement. La hache maudite mordait tissus, chairs et os sans grande distinction, et sa victime du moment s’effondra sur le sol dans un gargouilli étouffé.

       Un cri de guerre interrompit ses pensées. On venait de l’arrière cette fois. Parfois un groupe émergeait des autres rues dans l’arène. Jusque là, tous avaient rejoint les flammes une fois démembrés.

       Cela dit, le cri le fit tiquer : « SOL INVICTUS ! » hurlait une voix métallique, accompagnée d’un « Pour le griffon ! » d’une voix plus grave.

       Ur-Krell se retourna fugacement, pour voir deux chevalier, dont un en armure dorée. Chacun filait l’épée au clair vers ses deux acolytes, qui commençaient à se retourner également. Les hallebardiers les avaient eux aussi remarqués, car ils oublièrent aussitôt leurs adversaires pour se concentrer sur Ur-Krell, qui dut reculer légèrement.

       Alors que le champion du chaos envoyait nonchalamment à terre un soldat d’un revers de son gantelet, probablement avec la mâchoire brisée voire le crâne, les deux chevaliers se rapprochèrent de concert de leurs cibles.

       Geralt toisa son adversaire, certes manchot, mais qui le dominait de trois bonnes têtes. Albrecht se prépara à devoir jouer de vitesse face à la lance de son ennemi. Les trois hallebardiers, les pieds fermement plantés dans le sol, commençaient à tourner autour du champion du chaos.

       Albrecht esquiva avec agilité deux passes de la lance avant de se fendre pour frapper : l’acier béni de sa lame impériale mordit dans le métal corrodé de l’armure du chaotique, et trancha la main gauche du guerrier sans plus de formalités. Geralt rencontra plus de difficultés pour percer la garde et l’acier de son ennemi. Par deux fois, il fut forcé de reculer pour parer une frappe violente, et il se rapprochait dangereusement du bord des tribunes en flammes, et le sol était jonché de têtes tranchées, rendant le combat d’autant plus difficile. Entre les deux duels, Ur-Krell repoussait ses assaillants lentement mais sûrement : un deuxième averlandais rejoignait son camarade à terre, répandant ses entrailles sur les pavés.

       Dans un grognement, le guerrier du chaos affrontant Albrecht tenta un coup de la hampe de son arme, mais le Grand Maître se baissa avec une vitesse surprenante pour son armure complète, avant de sourir son casque : il avait trouvé la faille. Son épée mordit dans l’armure du genou, et le guerrier ploya… La tête casquée décolla promptement de ses épaules une fois qu’elle arriva au niveau d’Albrecht, et le revenant décapité s’affaissa au sol dans un grand bruit métallique.

       La hache siffla au-dessus du heaume de Geralt. Lui était déjà essoufflé par tous les combats qu’il avait menés jusque là, et il ne fallait pas compter sur le revenant en face de lui pour se fatiguer avant lui. Dans son dos, les flammes des tribunes diffusaient une douce chaleur qui n’était pas pour le rassurer… Un sermon de son Ordre surgit soudain dans l’esprit du jeune chevalier, qui retrouva soudain sa détermination. Par Sigmar, Myrmydia et son Serment, il n’allait pas se laisser avoir ainsi !

       Le guerrier du chaos s’avança à nouveau, lorsque Geralt fonça sur sa dextre. Une passe rapide força le revenant à reculer, quoique sans grande blessure… lorsqu’il se sentit perdre équilibre.

       « Il faut toujours regarder où l’on marche voyons... » lui lança le jeune chevalier, avant donner un grand coup de pied dans le tas de têtes sur lequel son adversaire venait de mettre le pied.

       Dans un grand fracas, le guerrier du chaos plongea la tête la première dans les échafaudages en feu des tribunes, et le bois calciné céda son poids. Une explosion de flammes, d’étincelles et de morceaux de charbon s’envola dans le ciel, aveuglant momentanément Geralt, qui recula devant le brasier qu’il avait déclenché. Son adversaire avait disparu sous un tas de planches et de poutres en pleine combustion. Qu’il essaye de s’en remettre !

       Un cri le fit se retourner : le champion du chaos donna sous ses yeux un coup de hampe à l’un de ses deux derniers adversaires, et le craquement de l’os atteint même les oreilles du jeune chevalier. Sans un bruit, l’averlandais s’effondra comme une poupée sans fils. Son compagnon d’arme voulut reculer, mais c’était trop tard : un revers de la hache maudite lui arracha les avant-bras du reste du corps, et il fut envoyé à terre dans un hurlement de douleur déchirant, répandant son sang aux pieds du guerrier.

       « Eh, le grand mort ! »

       Ur-Krell et Geralt levèrent en même temps les yeux, pour voir Albrecht Brückner, debout sur le cadavre du guerrier du chaos, toisant le champion de la pointe de son épée.

       « Si tu veux un ennemi digne de son nom, alors essaye plutôt ici ! L’Ordre du Griffon renverra ton âme dans les griffes de tes sombres maîtres ! »

       En guise de simple réponse, Ur-Krell sourit, et raffirma sa poigne sur son arme. Dans son dos, Geralt croisa le regard du Grand Maître du Griffon - ou du moins sa tête casquée sembla un instant se tourner dans sa direction. Le jeune homme répondit par un hochement silencieux, et empoigna lui aussi son épée fermement. Pour leurs ordres, les deux chevaliers chargèrent, ensemble, le champion du chaos.

       Ur-Krell se prépara à recevoir la charge du Grand Maître, son sourire déchirant de plus en plus son visage. Il fixait des yeux la lame brillante du chevalier. Il le sentait, il sentait dans ses os les échos de la morsure qui lui avait été fatale… Oui… oui… que les Quatre le regardent ! pensa-t-il pour lui-même.

       Mais le coup ne vint jamais. Ou plutôt, il le vit venir. D’une agilité insoupçonnable pour un cadavre engoncé dans une armure aussi épaisse, Ur-Krell se déplaça de côté, pour déséquilibrer Albrecht… mais le chevalier réagit lui aussi au quart de tour et son acier béni laissa une longue trace sur le plastron du chaotique. (Albrecht : 3T 3B 2Invu -1PV !)

       « Est-ce tout ? dit alors le champion de sa voix d’outre tombe. Je suis déç… »

       Il ne put terminer sa phrase : un chevalier en armure dorée jallit de derrière lui avec un grand cri de guerre, et lui lança un assaut terrible, qui lui fit trébucher en avant et trembler son armure, mais ne la perça pas. (Geralt : 5T 2B 2Svg)

       Le crâne d’Ur-Krell se tourna d’un seul coup vers Geralt, ses orbites vides entourés de chairs mortes crachants des flammes éthérées comme un brasier infernal.

       « IMPUDENT ! » s’exclama-t-il dans un grognement qui résonna dans les entrailles des deux impériaux. « La traitrise ne peut te sauver ! »

       D’un coup de pied, il força Albrecht à reculer, et en profita pour se retourner vers le jeune chevalier, qui s’apprêta à esquiver un revers de la hache maudite… et fut pris par surprise lorsque ce fut la hampe qui darda, si vite qu’il ne put la dévier. Le souffle lui fut coupé instantanément lorsque le bois percuta son plastron, envoyant des étoiles danser devant ses yeux. Il ne put voir qu’une forme sombre se dresser devant lui avant qu’un second choc ne lui fasse perdre connaissance. (Ur Krell : 2T 2B 1Svg, -3PV)

       Albrecht, impuissant, ne put que voir le champion du chaos se retourner, alors que Geralt s’effondrait derrière lui, l’impact de la hache l’ayant fait voler sur quelques pas. Impossible de dire si l’acier de son armure avait résisté ou non, et si son ami était mort, blessé gravement ou simplement sans connaissance. Et il n’avait pas le temps d’y réfléchir plus avant : Ur-Krell s’avançait déjà vers lui, et il avait ramassé une hache rouillée, celle de l’ancien adversaire de Geralt… qu’il projeta sans plus de formalité sur le Grand Maître !

       « La traîtrise ne peut vous sauver ! » beuglait-il toujours, comme enragé.

       Albrecht esquiva de justesse la hache volante… avant de voir que le champion du chaos était déjà sur lui. Comment était-il aussi rapi… ses pensées furent coupées court lorsqu’un coup de poing dans le casque le fit vaciller et un rideau noir descendit sur sa conscience en même temps que la hampe de la hache maudite du revenant.

       « RIEN NE POURRA VOUS SAUVER FACE À UR-KRELL !!! » furent les derniers mots qu’il entendit.

       (Ur Krell : 2T 2B 4PV !)


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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeSam 30 Mar 2019 - 3:00

.        Au dessus de la Jungfreud Platz, les nuages commençaient à s'amonceler, et on pouvait entendre le tonnerre gronder, menaçant. L’arène n’était plus éclairée que par le brasier qui l’entourait, qui achevait de consumer les tribunes et s’étendait sur les bâtiments attenants avec force craquements et langues fumées suffocante.

      Au milieu de cet enfer, Ur-Krell contemplait Albrecht Brückner, étalé inconscient à ses pieds. Les deux chevaliers avaient battus ses sous-fifres comme de rien, et pourtant… ils n’avaient pas été à la hauteur. Même en tentant de le prendre par surprise, ça n’avait pas suffi.

      « Vous ne pouvez pas vous sauver. » dit-il platement, avant de lever sa hache, s’apprêtant à achever l’impérial.

      Une explosion l’interrompit net dans son geste. Une explosion assourdissante, si puissante qu’elle fit trembler sol et maisons, faisant s’effondrer ce qui tenait encore debout des tribunes. Ur-Krell lui-même recula de quelques pas. Il leva les yeux vers ce qui tenait lieux de bastion de la garnison, autour de la Tour de Magnus qui tenait, par un quelconque miracle encore debout : on devinait, quelques bâtiments derrière, les flammes brûler avec rage et la fumée s’envoler, noire et épaisse, en tourbillonnant.

      Par les Quatres… que s’était-il passé ? Sûrement un coup des autres revenants qui avaient émergé du fleuve avec lui. Une pensée émergea dans l’esprit du champion du chaos : peut-être… peut-être qu’eux auraient fait de meilleurs adversaires ? Si seulement ils n’avaient pas filé aussi rapidement à leur sortie sur les docks, il aurait peut-être eu le temps de les affronter.

      Mais c’était trop tard à présent, et il secoua la tête. Ils avaient probablement disparus dans les méandres de la ville, loin de lui. Ou alors… s’il allait vers l’endroit de l’explosion ? Mais vu son ampleur,  il avait autant de chance d’y trouver des corps à moitié calcinés que des combattants en état de l’affronter, revenants ou non.

      Ur-Krell se décida à rester sur place. L’arène en flamme avait fait ses preuves pour attirer à lui toute sorte d’ennemis égarés, et il comptait encore en profiter. D’ailleurs en parlant d’ennemis…

      Il se tourna à nouveau vers le Grand Maître inconscient devant lui. Oui, il avait du travail à finir, déjà le vieil impérial, puis il s’occuperait du jeune chevalier en armure dorée - un coup d’oeil rapide lui assura que ce dernier gisait toujours sans bouger dans le sable de l’arène. Ainsi, Ur-Krell leva une seconde fois la hache au-dessus de lui, prêt à décapiter Albrecht…

      « Halte, démon ! » l’arrêta alors une voix.

      Les orbites brûlants du revenant se retournèrent immédiatement, pour contempler un vieux chevalier, bretonnien à en croire la cotte de maille, sur un destrier pantelant, la bave presque aux lèvres.

      « Si tu veux t’en prendre aux vivants, mesure-toi plutôt à ceux qui peuvent se défendre ! »

      Baudouin de Parravon défiait le champion du chaos de la pointe de son épée. Sous sa selle, il sentait son destrier trembler légèrement. Intérieurement, il encouragea sa monture. Elle avait fait de son mieux, et même à son âge avancé, elle avait parcouru sans rechigner la distance qui les séparait d’Ubersreik au triple galop, dès qu’ils avaient entendu les échos de la fantasque explosion dans les montagnes. Plus qu’un petit effort, pensa-t-il. Une dernière charge.

      En guise de réponse, l’ignoble créature qui lui faisait face s’abaissa pour prendre le corps inconscient d’Albrecht Brückner, le soulevant brutalement du sol par le bras.

      « Veux tu cela ? s’adressa-t-il d’une voix déformée, un simulacre de sourire se dévoilant sur les chairs putréfiées de son visage. Le veux-tu, lui et son pitoyable acolyte ? »

      D’un léger coup de tête, il montra le corps immobile de Geralt Braum qui gisait un peu plus loin. Baudoin eut une moue de dégoût envers la créature, et réaffirma sa prise sur son arme.

      « Je veux vous défier ! Et que le survivant décide des vies de ces deux hommes ! » cria-t-il d’une voix ferme.

      C’était un coup de bluff. Avec cela, il pouvait déjà attirer l’attention de son ennemi et l’écarter de Geralt Braum... Mais pour Albrecht, qui était déjà entre les griffes du démon, il était improbable que ce dernier accepte de…

      Le champion du chaos, après un moment de silence à regarder tour à tour Baudouin et le Grand Maître, laissa tomber sa victime, et Albrecht retomba durement sur le sol, en vie.

      « Soit. Ton défi est osé, bretonnien, et si ton audace est à la hauteur de ton adresse alors… alors notre duel entrera dans la légende. » répondit Ur-Krell, ses yeux se réduisant à des fentes brillantes au fur et à mesure qu’il parlait. « Viens ! Si tu crois pouvoir sauver tes compagnons, si cette conviction décuple tes forces, alors charge moi ! Vaincs-moi, ou accrois ma gloire auprès des dieux sombres !. »

      Hurlant chacun les cris de guerre adressés à leurs dieux, les deux combattants se jetèrent l’un contre l’autre au milieu des flammes.


*


      Narcisse Gentevigne contemplait avec désarroi le cratère fumant qui pris la place du bastion Est de l’enceinte du district militaire, aux côtés des ruines du Temple de Sigmar attenant, éventré et calciné. Des blocs de pierre noircis avaient été projetés sur tous les bâtiments à la ronde, défonçant toits et murs qui avaient résistés à l’explosion, et la rue était jonchée de débris fumant allant du verre brisé des fenètre au pan d’auberge affaissé.

      Il n’y avait aucun cris, cela dit. Non, Gentevigne et ses compagnons étaient les seuls vivants à marcher dans l’endroit. Les revenants s’en étaient assurés. Çà et là, dans les ombres des ruelles, derrière une porte enfoncée, ils étaient tombés sur les cadavres des habitants et des gardes qui n’avaient pas fui à temps. Et comment auraient-ils pu fuir ? Tout cela était arrivé si vite…

      Et parfois, sous un bloc de pierre, dépassait le bras osseux, une arme ou un crâne ayant appartenu à l’un des revenants. Tous comme les remparts, le bastion, le temple, ils avaient été dispersés aux quatre vent, écrasés, calcinés. L’endroit tout entier semblait n’être qu’un charnier à ciel ouvert, sans âme qui vive ni qui soit damnée.

      La Großmeisterin donna un coup de pied dans un fer de lance à moitié fondu qui se trouvait dans son chemin, au milieu du groupe de ses compagnons, qui fouillaient l’endroit à la recherche de survivants, à sauver ou à occire, jusque là sans résultats. Soudain, le cri de l’un d’entre eux les fit tous se retourner :

      « J’en tiens un ! Aidez moi à le soulever, il revient à lui ! »

      Tous se précipitèrent dans le cul de sac entre deux maisons effondrées d’où l’appel provenait : l’un des jeunes nobles qui avait accompagné Gentevigne depuis le début tentait de dégager un pauvre hère de sous quelques tonneaux éventrés, qui lui était visiblement tombé dessus lors de l’explosion. Vaguement conscient, l’homme grogna lorsque deux paires de bras solides le soulevèrent et le dégagèrent des débris. L’un des mercenaire sortit alors une gourde d’eau qu’il tendit pour qu’on arrose le visage couvert de poussière du seul survivant du désastre qu’ils avaient pour l’instant trouvé.

      Il ne lui fallut pas longtemps pour reprendre complètement ses esprits, et Gentevigne constata avec surprise que l’homme n’était autre que Johannes Mikaelson, participant du tournoi, et qu’hormis quelques blessures superficielles et ses vêtements déchirés, il ne semblait pas si mal en point que cela. Lorsqu’il leva les yeux vers elle, elle s’approchait et les soldats s’écartèrent sans mot dire.

      Johannes comprit rapidement la situation, aussi adressa-t-il la parole, d’une voix qui se voulait ferme, à celle qui était était visiblement à la tête du groupe.

      « Merci du sauvetage, madame… ?
      — Großmeisterin. Großmeisterin Narcisse Gentevigne, de l’Ordre de la Reiksguard. » lui répondit l'intéressée du ton sec des militaires de haut rang.

      Johannes haussa un sourcil, puis s’arrêta sur l’armure complète et en parfait état de la halfeline, ainsi que sur son fléau d’arme qu’elle tenait dans ses mains. Soit, admit-il mentalement.

      « Comment vous sentez-vous, Herr Mikaelson ?
      — Plutôt bien, répondit-il. Je dirais même que je me sens… chanceux, au vu de tout ce qui vient de se passer ici. »

      Il avait prononcé la dernière phrase avec un soupçon de sourire, mais la Großmeisterin ne partageait pas son humeur.

      « Et vous pourriez me dire ce qu’il s’est passé exactement ici ?
      — Plus ou moins… ça risque d’être un peu compliqué.
      — Faites au mieux, je vous suivrai. »

      Et Johannes s’appliqua à expliquer à la halfeline ce qui s’était tramé dans la garnison… Le tout en modifiant quelques détails de façon à réduire son rôle dans l’affaire. Il devait rester humain à leurs yeux, après tout.

      « ... et c’est ainsi que j’ai été pris par l’explosion dans ma retraite. » finit-il. « Et j’ai du rester là jusqu’à ce que vous me trouviez.
      — Vous avez été bien chanceux de survivre à la déflagration, Herr Mikaelson, conclut platement Narcisse.
      — Les voies de … Sigmar … (il sembla à la Großmeisterin que le noble réprimait une moue à ces mots) sont impénétrables. »

      Johannes se releva alors, et s’épousseta, resserra sa ceinture et soupesa son épée qui y pendait toujours dans son fourreau, ce dernier ayant subi quelques brûlures.

      « Eh bien, qu’avez-vous en tête maintenant, Großmeisterin ? Il faut croire que la plupart des revenants du district ont été emportés dans l’explosion, et j’ai bien peur qu’il n’y ait pas d’autres survivants dans les environs… Il n’y en avait déjà plus quand j’étais arrivé. »

      Derrière Gentevigne, les soldats, mercenaires et nobliaux se regardèrent. En voilà une question qu’ils ne s’étaient pas posés. « Et maintenant ? »

      « Nous irons où l’on a besoin de nous. » claqua la voix sèche de la vieille halfeline. « Et si l’on a plus besoin de nous ici, alors nous irons là-bas. »

      Et elle pointa la colonne de fumée qui s’élevait dans le ciel, quelques rues plus loin.

      « L’arène… murmura Johannes. Qu’est-ce qui se trame encore là-bas ?
      — C’est ce que j’aurais bien envie de découvrir, lui répondit Narcisse qui commençait déjà à partir. Mais j’imagine que nous y trouverons l’un des deux autres  »champions«  dont vous et le Bruder Großmann m’avez parlé. »

      Johannes se redressa.

      « Alors permettez-moi de vous accompagner. Pour avoir fait l’expérience de l’un d’entre eux, ce n’est pas un exercice facile, et mon épée ne sera pas de trop. »

      Gentevigne grimaça. Elle aussi en avait fait l’expérience. Et elle portait encore le garrot qu’elle s’était fait d’urgence après sa rencontre avec le revenant bretonnien.

      « Une épée telle que la vôtre ne sera pas de trop, Herr Mikaelson. Allons-y sans plus tarder, les gardes vont nous montrer le chemin. »


*


      Alors qu’ils s’approchaient de plus en plus Johannes sentait que quelque chose clochait. Les nuages noirs qui recouvraient le ciel n’étaient pas naturels, comme ceux qu’il invoquait parfois en plein jour lors des missions importante avec sa fratrie. Il y avait de la magie à l’oeuvre, quelque chose de surnaturel en tout cas. Il pouvait le sentir dans les éclairs qui zébraient le ciel. Il avait d’abord cru à une quelconque influence d’un nécromant, mais il n’en trouvait toujours aucune trace dans la ville. Non, ce n’était pas de la magie vampirique, c’était autre chose… quelque chose qui l’aurait fait frissonner de sont vivant. Il espérait avoir tort. Il espérait qu’ils n’arriveraient pas trop tard.

      Soudain, ils arrivèrent au tournant débouchait sur la dernière ligne droite vers l’arène. Johannes encore une fois, sentit la présence des morts avant même que les autres ne les voient. Un petit contingent de mercenaires et de gardes de la cité tenait un dernier carré autour d’un canon tiré par un cheval affolé, entourés par une petite troupe de maraudeurs morts-vivants. Les revenants n’avaient pas oublié dans la mort certaines de leurs tactiques barbares, et menaient la vie dure aux impériaux. Sous les yeux du vampire, un squelette plus audacieux que les autres transperça le cou du cheval avec sa lance rouillée. La bête émit un gémissement avant de se débattre, puis tomba à terre dans un râle.

      « Meine Herren, vorwärts ! » lui parvint la voix de la Großmeisterin derrière lui.

      Aussitôt, il fut doublé par les soldats et les mercenaires, armes dégainées, qui se précipitèrent à la rescousse du groupe encerclé, suivi de près par la halfeline. Dégainant à son tour son épée, Johannes se jeta lui aussi dans la mêlée.

      Les morts-vivants furent à leur tour encerclés. Pris en tenaille et par surprise, ils ne tinrent pas longtemps, et la demi-douzaine des défenseurs qui était encore debout fut promptement sauvée.

      S’adossant à son canon, celui qui avait l’air d’être le capitaine du petit contingent les remercia d’une main fatiguée, reprenant son souffle.

      « Merci… Ils sont venus de nulle part… un peu avant l’explosion du… district… pas moyen de s’en défaire. »

      Johannes regarda Narcisse Gentevigne se faufiler entrer ses, eh bien, ses hommes - car gardes comme mercenaires, ils la suivaient visiblement sans discuter depuis tout à l’heure - pour arriver devant lui.

      « Êtes-vous en état de continuer, capitaine ? lui demanda-t-elle
      — Juste … un instant… » Il souffla un moment puis s’étira et grimaçant, avant de reprendre une expression plus neutre. « Nous étions en chemin vers le district militaire, nous répondions à l’appel de la Corne.
      — Appel qui n’a plus lieu d’être, capitaine. » Ce dernier leva les yeux vers elle, plein de questions, mais elle continua avant qu’il ne puisse les formuler. « Nous en revenons. Les revenants ne sont plus présents là-bas.
      — Oh. »

      Le capitaine eut soudain l’air fatigué, et passa sa main gantée sur son visage brillant de sueur.

      « Enfin une bonne nouvelle alors, après… tout ça. Il ne doit plus rester beaucoup de ces revenants alors. À part ceux sur la place. Nous devrions y retourner.
      — Sur la place, vous dites ? demanda Gentevigne, haussant un sourcil sous son casque.
      — Oui, trois gros. Des… des guerriers du chaos. Les chevaliers Brückner et Braum sont restés pour nous permettre de passer, mais je ne sais pas si…
      — Alors nous y allons sans tarder, capitaine. Avec un peu de chance, Sigmar sera avec eux. »

      Le capitaine hocha la tête, et fit signe à ses compagnons de suivre le groupe de Gentevigne. Cette dernière jeta un regard au cheval décédé, encore harnaché à la couleuvrine. Dommage pour le canon, pensa-t-elle, il aurait pu leur être utile, mais ils avaient surtout besoin de vitesse. Aussi se tourna-t-elle vers ses hommes.

      « Messieurs, en avant ! Avec un peu de chance, nous verrons la fin de tout cela avant l’aube ! »

      Alors qu’ils se mettaient en marche, courant presque, Johannes leva les yeux vers le ciel noir, zébré d’éclairs par intermittence. Des guerriers du chaos… Il n’avait pas forcément si envie de voir comment cela allait se finir. Il se demanda où son frère et sa soeur se trouvaient… Leur présence et surtout leurs lames auraient été bien plus appréciées que celles de piètres humains qui l’accompagnaient.


*


      Au centre de l’arène, un paladin de la Dame et un champion du Chaos se livraient un combat féroce. Des éclairs tombaient sur les bâtiments alentours dans des violents craquements, éclairant de leur lumière crue la scène, qui baignait autrement dans la rougeur des flammes de l’incendie qui faisait toujours rage. La cendre de ce dernier retombait comme une neige grisâtre, au milieu de laquelle les deux guerriers combattaient.

      Intérieurement, Ur-Krell exultait. Son armure était plus abîmée que jamais, et il sentait les sillons creusés par l’épée du chevalier dans ses os. Mais plus que tout, il devinait la présence des dieux dans ce duel. Il savait que s’il gagnait, alors il attirerait sur lui leurs faveurs. Mais il fallait d’abord vaincre le bretonnien en face de lui.

      D’un coup d’épaule, il fit vaciller la monture de son adversaire, l’envoyant reculer avec un gémissement plaintif, forçant presque Baudouin à lâcher une main de son épée pour ne pas perdre l’équilibre.

      « Tu fatigues, vieil homme, dit-il soudain. Ta détermination est exemplaire, mais elle ne te sauvera pas. Pas plus que tu ne sauveras tes deux compagnons. »

      Baudouin serra les dents, et para de son épée un assaut qui fit trembler ses bras déjà bien meurtris. Combien de temps avait-il tenu ? Cinq minutes ? Une heure ? Une nuit ? Il ne savait plus. Il ne raisonnait plus que par réflexes et automatismes. Parer, esquiver, tourner autour du revenant, frapper, calmer son destrier... C’était un miracle qu’il n’ait subi jusque là que des blessures superficielles. Et encore, les plaies le brûlaient comme si on lui avait versé de l’acide sur la peau. Ce n’était plus qu’une question de temps : soit il réussissait à abattre le revenant, soit il allait finir sous sa hache maudite une bonne fois pour toute.

      La Dame guide mon bras… pensa-t-il pour lui même, avant de remarquer le regard embrasé du champion du chaos, braqué sur lui.

      « Ta déesse ne t’aidera pas, bretonnien, lui dit la voix caverneuse. Les dieux nous observent, mais ils ne nous aideront pas… Ce duel est entre toi et moi, et nous seuls !
      — Alors je me rendrai digne de son regard ! » rétorqua aussitôt le bretonnien, relançant sa monture à l’encore du revenant, qui ne répondit que par un rire grave.
      — Sus au monstre !!! hurla alors une troisième voix.

      D’un seul coup, des cris retentirent tout autour d’eux, et des lames jaillirent dans les ténèbres : des soldats, gardes et mercenaires, les chargeaient. À leur tête, une halfeline en armure complète maniant un fléau. Concentrés sur leur combat, les deux duellistes n’avaient pas eu le temps de les voir s’engager dans l’arène, dissimulés par les ombres mouvante du brasier et la cendre qui tourbillonnait.

      Plus précisément, ils chargèrent Ur-Krell, et bientôt, sous le regard interloqué de Baudouin, le champion du chaos fut assailli par une douzaine de piques et de hallebardes qui le forcèrent à reculer, et c’était tout juste s’il ne disparaissait pas sous la petite marée humain     qui s’était dressée contre lui. Mais il faisait plusieurs têtes de plus que tous les humains présents, et le paladin pouvait voir son regard braqué sur lui.

      Ur-Krell poussa un cri de rage, et un revers de sa hache força les hommes à ralentir leur assaut, brisa quelques lances au passage.

      « Arrière, impudents ! Arrière ! hurlait-il. Ce duel ne regarde que moi et le bretonnien, la fin de votre pitoyable vie peut attendre ! »

      Pressant à son avantage, profitant du moment d’hésitation des hommes sont ses cris, il déchira l’abdomen de deux d’entre eux d’un seul mouvement de sa hache, mordant dans le fer aussi bien quand dans les chairs. Leurs gémissements de douleur firent reculer la troupe disparate des guerriers. Enfin, pas tous, car une halfeline en armure complète, qui le prit par surprise avec un fléau à deux mains. Encore un défi ? Elle n’était clairement pas de la même trempe que les autres soldats, pensa Ur-Krell.

      Gentevigne ne s’attendit pas à ce que ses hommes suivent. Affronter un guerrier du chaos, surtout après une nuit comme la leur, n’était pas tâche des plus aisées. Aussi décida-t-elle de prendre l’initiative, et fonça sur le champion. Elle évita un coup de hache trop haut pour elle, et décida de frapper à l’os, là où l’arrière des grèves était une ouverture béante. Peine perdue, le tibia épais résista à l’assaut pourtant terrible du fléau. (Narcisse : 4T, 1B, 1Invu)

      La riposte ne se fit pas attendre. Mais Ur-Krell avait autre chose à faire que de jouer au chat et à la souris en essayant de frapper de sa hache la halfeline bien plus petite et plus vite. Aussi préféra-t-il employer des moyens à la hauteur de l’adversaire et le pied recouvert d’acier du champion partit sans crier gare vers la tête de la Großmeisterin. Prise par surprise par la technique pourtant si simple mais terriblement barbare, elle se prit le soleret de plein fouet, un coup si vicieux et puissant que son casque s’envola sous l’impact. (Ur Krell : 2T, 2B, 1Svg, Blessures Multiples : -3PV !!!)

      Le champion du chaos n’attendit même pas que Gentevigne inconsciente retombe au sol, et se saisit d’elle, la soulevant d’une seule main, ramenant son visage tout prêt de la lame de son arme maudite.

      « Ne bougez plus, humains ! gronda-t-il. Ou j’arrache le visage de ce qui vous tient de pathétique meneur. Écartez-vous et nous pourrons reprendre votre massacre… j’ai un duel à terminer avec ce chevalier. »

      Johannes, que la halfeline avait pris de vitesse dans la cohue, regardait la scène en retrait. Il doutait que la menace ne marcherait pas. Si elle les avait menés jusque là, elle n’était pas à la tête à proprement parler des gardes et des mercenaires. Déjà, le vampire pouvait voir que, si les soldats de la garde reculaient en se jetant des regards, les mercenaires contournaient déjà le champion du chaos, prêts à repartir à l’assaut.

      « Bretonnien ! s’écria Ur-Krell à nouveau. Viens finir ce que nous avons commencé ! Où tu auras également le sang de cet semi-femme sur ta conscience. »

      Ce disant, il fit parcourir sa lame sur les joues déjà marquées par les batailles de la Großmeisterin, y traçant un sillon sanglant. Baudouin, resté en retrait de l’assaut lui aussi, serra les dents devant la scène.

      « Toi ou moi ! Moi ou la mort de tous les autres ! » éructa le revenant. Le ciel gronda, et la foudre tomba non loin dans un tonnerre retentissant, éclairant son sourire déformé d’une lumière irréelle.

      Les mercenaires s’apprêtaient à frapper de concert lorsqu’une voix retentit de derrière ceux qui faisaient face à Ur-Krell.

      « Écartez vous ! »

      Et ils furent immédiatement bousculés par le destrier du chevalier bretonnien, lancé à toute allure contre le guerrier du chaos.

      Ce dernier eut un dernier cri de contentement, et lâcha Gentevigne pour pouvoir empoigner son arme à deux mains. La halfeline chût comme une poupée de chiffon, et il s’élança, prenant de vitesse les mercenaires qui tentaient de le prendre à revers.

      Sous les yeux de Johannes, les deux masses inarrêtables, le champion en armure complète presque aussi grand et massif que le paladin sur son destrier, se rencontrèrent comme deux comètes. Au même moment, un grand bruit retentit : un éclair déchira les cieux dans un assourdissant craquement, et s’abattit sur les tribunes en ruines de l’arène, aveuglant tous les témoins présents. Dans la rétine du vampire se grava l’espace d’un instant la silhouette cheval hennissant se cabrant devant la forme sombre du revenant.

      Lorsque la vue revint à Johannes, il put voir le guerrier du chaos un genou à terre, une main sur le torse, immobile. Un peu plus loin, le cheval du bretonnien avançait encore au pas, ne leur montrant que le dos de son cavalier.

      Lentement, le champion… se releva, comme si cela le peinait. Ur-Krell regarda sa main, puis le trou béant dans son plastron. Il avait senti l’épée le mordre… mais il n’avait pas été vaincu ! Il avait surmonté l’épreuve ! Il se retourna vers son adversaire et, sous le regard de tous ceux présents, Baudouin s'affaissa sur sa monture, un unique pied dans les étriers. Tous purent voire la plaie béante qui lui déchirait le torse, de la hanche à l’épaule.

      Le chevalier sentit son esprit s’embrumer pour une dernière fois. Il n’avait même plus de quoi de pousser un dernier soupir, et pourtant, ses dernières pensées allèrent à sa Dame, et à tous ceux qu’il avait voulu sauver. Dans un dernier élan, il pria la déesse, que son sacrifice ne soit pas vain…

      Le voile tomba sur ses yeux, restés ouverts. Sur son visage nulle peur, nulle douleur. Simplement la détermination sans faille.

(Baudouin : 2T, 1B, -1PV ! Ur-Krell : 3T, 3B, Blessures Multiples : -9PV)


      Alors que, bouche bée, les yeux des mercenaires et des gardes allaient de la forme prostrée de Gentevigne au corps encore chaud de l’un des émérites tournoyeurs, Ur-Krell avait le regard tourné vers les cieux.

      « Cette âme digne, mes seigneurs, je la prends pour vous ! Dieux sombres, recevez cette offre, pour ma gloire et la votre ! » éructait-il d’un ton triomphant.

      Comme si la voûte céleste lui répondait, les nuages tournoyaient de plus en plus vite au-dessus d’eux en grondant, et la foudre tombait presque sans intermittence sur la ville aux alentours. Un vent fou se mettait à souffler sur l’arène, envoyant cendre, sable et flammes dans toutes les directions, enveloppant le guerrier du chaos dans un tourbillon incessant.

      Les soldats de la garde prirent la fuite. Les mercenaires, déterminés à en finir, s’élancèrent dans un ultime assaut dans la tempête, mais le champion du chaos les repoussa tout en riant, proclamant que les dieux avait entendu sa demande, et allaient imposer leur bénédiction sur lui. Un, puis deux impériaux tombèrent au sol pour ne plus se relever.

      Johannes eut un dernier regard pour le ciel. Tout dans l’atmosphère était saturé de magie, et les vents se déchaînaient avec une telle force que ses sens de sorciers en étaient presque dépassés. Il y avait de la puissante magie à l’oeuvre, et il n’aimait pas le tour que les évènements prenaient.

      Il fallait… il fallait arrêter tout cela avant qu’il ne soit trop tard. Comment pourrait-il devenir maître de cette ville si la ville entière disparaissait ? À son tour, il se décida à entrer dans la tourmente, l’arme à la main.

      Ur-Krell regarda le regarda s’avancer alors qu’un troisième mercenaire tombait à ses pieds, faisant reculer les autres. Il plissa les yeux, et sourit. Johannes remarqua les petits éclairs qui parcouraient le pourtour de ses yeux, et ses mains serrées sur son arme.

      « Je sens… que tu es comme moi, n’est-ce pas ? Toi aussi, tu es plus mort que vivant... » lui adressa le champion avec un sourire narquois.

      Si le coeur de Johannes palpitait encore, il en aurait raté un battement. Comment … ?

      « Toi aussi, tu cherches la vraie mort ? Les Quatre ne refuseront pas ton âme si je leur offre. »

      Quoiqu’il se tramait avec ce guerrier du chaos, Johannes se jura que cela allait s’arrêter ici, et maintenant.

      « Tes dieux pathétiques ne sont qu’un grain de poussière de plus sur mon manteau, tas d’os. » cria-t-il en réponse dans la tourmente. « Tes jérémiades n’y changeront rien ! »

      Ur-Krell s’élança vers lui en riant, mais le vampire ne chargea pas. Aussi rapidement qu’il le pouvait, il observait le champion, notant la moindre faille dans l’armure, la moindre articulation laissée à l’air libre… combattre un revenant n’était pas chose aisée, et en heurter un d’un seul coup était encore plus difficile. Mais il n’était plus dans une arène face à un public… il pouvait déchaîner toute la puissance de sa condition de vampire, et il n’allait pas s’en priver.

      Là ! Une plaque désossée sous l’épaulière droite. Le coude. Le sillon dans le torse qui laissait un accès au cou, avec un peu de chance…

      La hache du revenant était déjà sur lui. Trop tard pour la finesse. Il esquiva le fer de hache in extremis, son épée glissant sur le métal maudit en déviant le coup. Trois frappes rapides et précises suivirent, faisant voler des copeaux osseux. (Johannes : 3T, 2B, 2PV !!! Ur-Krell : 1T, 1B, 1Svg)

      Ur-Krell poussa un grognement qui aurait pu s’apparenter, de son vivant, à de la douleur. Quatre de ses phalanges venaient de s’envoler dans la tourmente. Sous son armure, il sentait également son bras droit au bord de la fracture. Devant la menace, il… se mit à rire, accompagné par le grondement incessant du tonnerre au-dessus d’eux, de plus en plus omniprésent.

      « Tu es habile ! Plus habile que tous les autres ! Mais cela ne te sauvera p…
      — Ta gueule ! »

      L’espace d’un instant, une pensée incongrue traversa l’esprit du vampire : pourquoi parlaient-ils tous trop ici dans cette ville ? Puis il frappa. Il se fendit, passa son bras en dessous de la hache maudite, entre les bras du revenant qui levait l’arme, engouffra la lame de son épée dans le trou béant du torse, puis la garde, puis sa main et son poignet tout entier. Il sentit sa lame rencontrer le cou… (Johannes : 2T 2B 2PV !!!)

      Puis tout explosa. Les cieux se déchirèrent et un éclair tomba droit sur la hache du revenant. Ur-Krell poussa un hurlement retentissant. Johannes fut violemment projeté en arrière, tout devenant blanc devant ses yeux, ses tympans éclatant presque sous le bruit assourdissant.

      Il sentit son dos heurter un sol pavé, et il resta là, en croix, sans bouger, pendant ce qui lui sembla une éternité. Il ne voyait plus rien. Son ouïe n’était que sifflement. Tous ses membres n’étaient que douleur lancinante.

      Laborieusement, il s’accroupit, tâtonnant sur la pierre dans une semi-pénombre qui se levait lentement de sa vue.

      Peu à peu, ses yeux purent voir ses mains de plus en plus nettement. Le sifflement dans ses oreilles fut remplacé par le souffle d’une petite bise, dont le grésillement ressemblait à des braises chaudes. Lorsqu’il se releva, il put contempler la scène de dévastation qui régnait dans l’arène. Tout comme lui, les mercenaires restants et les gardes qui n’avaient pas fui bien loin se remettaient péniblement sur pieds.

      Le sable de l’arène avait été violemment soufflé, révélant les pavés en dessous. Une étoile de pierre grise se dessinait sous les grains, pointa vers l’épicentre d’une explosion. Johannes foula la pierre noircie et craquelée, au milieu des volutes de fumée qui s’en échappait. Là, il put y voir les restes calcinés de ce qu’il reconnut comme… son épée, qu’il avait lâchée dans l’explosion. Le métal malmené grésillait, encore porté au rouge ici et là.

      Mais il n’y avait aucune trace du revenant.

      Pourtant, à ne pas en douter, il aurait dû se trouver là, avec son épée, au centre de la déflagration. Mais non. Il n’en restait rien, pas même sa hache maudite.

      Alors que les soldats s’approchaient eux aussi, certains se soutenant par les épaules en gémissant, le vampire ne put s’empêcher de jeter un regard vers les cieux. Déjà, les nuages semblaient se dissiper. Il n’y avait plus aucune trace de magie dans l’air. Et pourtant, il n’avait à aucun moment senti l’énergie qui maintenant le revenant en vie se dissiper. Elle avait juste… disparu, comme le reste. Par quel mystère…

      « Que fait-on maintenant ? »

      La voix bourrue d’un mercenaire le sortit de ses pensées. Johannes se rendit compte que c’était à lui qu’on adressait la parole. Son exploit faisait des émules, déjà ?

      « Rassemblez les blessés. » répondit-il prestement et, surtout, fermement. « Nous les emmenons vers le temple de Shallya. Je ne pense plus que d’autres revenants viennent à nous à présent. »

      Et c’était vrai : alors que les hommes se mettaient à obéir ses ordres, il remarqua qu’il ne sentait plus aucun mort-vivant dans les proches environs. Gentevigne avait-elle eu raison, avaient-ils assisté à la fin de cette folle nuit ?

      Il n’eut pour seule réponse, que les hennissements plaintifs d’un cheval. Vif, le destrier bretonnien, pleurait la mort de son cher maître.
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeDim 31 Mar 2019 - 1:05

.       Minuit était passé depuis longtemps lorsque le derniers des trois grands revenants, Ur-Krell, avait... disparu, car c’était bien le seul mot valable. Cela avait marqué le début de la fin : le gros des vagues de morts dispersé, il ne restait plus que des bandes désorganisées parcourant dans les rues sans réel objectif, que les groupes de combattants impériaux traquèrent sans relâche jusqu’au bout de la nuit. Le soleil finit par se lever sur Ubersreik, levant le voile des ténèbres sur les terribles faits qui s’y étaient déroulés pendant la nuit.



~ Épilogues ~


Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Latest?cb=20190128051041

       Les morts avaient principalement jailli sur la partie Nord des docks, le fleuve coupant littéralement la ville en deux, d’Est en Ouest. Ainsi, presque la moitié de la ville gisait dans un état de relative destruction.

       Les docks étaient en ruines, en partie affaissés dans la Teufel suite à l’explosion de la caisse de Géorgie. Un incendie s’était propagé aux bâtiments alentours, mais s’était rapidement éteint de lui-même. Au centre de la destruction, le temple de Ranald, l’un des seuls rares bâtiments en pierre parmi les entrepôts, restait encore debout, quelque peu noirci mais intact. On ne comptait plus les ravages que les morts-vivants avaient perpétrés dans les environs immédiat : les bâtiments - les entrepôts, puis les échoppes, les auberges et les habitations - avaient presque tous été forcés, et selon leur résistance, avaient été dévastés et leurs habitants tués. Parmi les cadavres désarticulés des revenants, les corps encore chauds des victimes gisaient dans les rues et dans les masures les moins défendues.

       La vague des morts s’était ensuite répandue, depuis les docks, à tout le Nord de la ville. Là, ils s’étaient dispersés dans les tortueuses ruelles, rendant les combats plus faciles pour les défenseurs. Seuls les groupes suivant Ur-Krell et Cervelax avaient été les plus meurtriers, l’un n’essuya aucune résistance jusqu’aux arènes, tandis que l’autre été passé par les égouts, terriblement bien organisé. Le district militaire portait les stigmates de l’assaut des forces du chef skaven : toute une partie du mur d’enceinte du district s’était effondrée lorsque le beffroi avait sauté, soufflant au passage les bâtiments attenants et brisant les vitres de tout le quartier. Un peu plus loin, l’arène du tournoi avait été le centre d’un terrible incendie, qui s’était propagé aux bâtiments alentours et aurait emporté tout le quartier si les morts n’avaient pas été repoussés à temps pour laisser les hommes et les femmes se démener pour l’éteindre. Plusieurs maisons avaient dues être sciemment détruites pour empêcher les flammes d’avancer.

       La partie Sud de la ville était ressortie largement intacte des incidents. Séparée de la zone attaquée par la rivière Teufel, que seul le gigantesque Pont Nain permettait de traverser, les gardes, et les quelques mercenaires de passage qui les avaient rejoint, avaient fait preuve d’une défense exemplaire. Peu de morts-vivants purent passer le Pont, et les quelques skavens qui jaillirent des égouts n’allèrent pas très loin dans les rues. Beaucoup des habitants du Sud d’Ubersreik n’apprirent le détail de tous les événements qu’au petit matin : ils avaient été réveillés par les deux explosions dans la nuit, mais n’étaient pas allés plus loin, laissant cela à la garde.

       Toute la journée qui suivit fut occupée à l’acheminement de blessés jusqu’au temple de Shallya, à l’évaluation de l’ampleur des dégâts matériel à l’attention du Conseil, ainsi que de patrouilles et de fouilles pour vérifier que la présence des revenants avait bel et bien été éradiquée.

       Les prêtresses de Shallya avaient officié toute la nuit, et ne s’arrêtèrent pas dans la journée suivante. Défendu par l’implacable Frère Großmann et quelques gardes avec lui, le temple n’avait à aucun moment été menacé. À l’intérieur, le gémissement des blessés se faisait entendre en permanence. L’hospice fut tellement débordé qu’on réquisitionna les bâtiments alentours pour y déposer les blessés, et seuls les plus sévères étaient acceptés dans le temple lui-même. Parmi eux, on trouvait les grands brûlés des incendies, les combattants aux plaies béantes, et les victimes aux os et aux membres brisés par les effondrements des bâtiments soufflés, saccagés ou incendiés.

       S’y trouvaient également Geralt Braum et Markus Kruber : l’un avait eux de nombreux os brisés lors de son combat avec le champion du chaos, tandis que l’autre avait subit une plaie béante à l’épaule. À vrai dire,les prêtresses s’étaient attendues à ce qu’il ne tienne pas la nuit : sa plaie suppurait horriblement, et semblait rongée de l’intérieur, un maléfice contre lequel les shalléennes ne savaient lutter… Curieusement, après la disparition d’Ur-Krell et de la hache maudite qui avait causé la blessure, il avait commencé à aller mieux. Au petit matin, les deux chevaliers dormaient plus ou moins paisiblement dans deux lits voisins de l’hospice, sous l’oeil vigilant des prêtresses.

       Dans les bâtiments alentours, on retrouvait, à des niveaux divers de contusions et d’os brisés, comme Victor Saltzpyre, la poitrine bardée de cataplasmes. Plus loin, Gentevigne était allongée sur une paillasse de fortune, la tête bandée. Ailleurs, le Duck Rouge, au bras plâtré, souffrait de moults plaies dues aux éclats de verre et de bois lorsqu’il avait traversé la devanture de l’échoppe. Et encore de nombreux autres, anonymes soldats, habitants, voyageurs, travailleurs, que les morts n’avaient qu’à moitié emportés avec eux dans la tombe.

       Mais ils avaient survécus. Et avec eux la majeure partie de la ville.

       Le burgmeister avait tôt fait de lire les rapports sur la nuit, à peine les évènements terminés. Les bâtiments détruits, tous en bois ou presque, ne seraient pas des plus difficiles ni des plus chers à reconstruire. Diable, ils avaient amassée une somme d’argent presque honteuse en chapeautant les paris lors du tournoi, chose qu’ils n’avaient même pas prévus de faire à l’origine… et il resterait encore une coquette somme une fois les dépenses effectuées.

       Mieux encore, enfin, si l’on pouvait ainsi parler d’un tel évènements, la cité à peine reconstruite avait su survivre à un assaut de grand ampleur à l’intérieur même de ses murs. Et cela, d’une certaine manière, prouvait le retour en puissance d’Ubersreik. Prouvait qu’ils pourraient survivre et rebâtir, encore et toujours.

       Mais évidemment, cette constatation n’allait pas sans son lot de morts, autant les victimes innocentes que les vaillants défenseurs. Les prêtres de Morr avaient eux aussi travaillés sans relâche pour donner à toutes ses personnes les soins qu’ils méritaient. La tâche n’avaient été facile ni pour eux, ni pour les proches des défunts.

       Déjà, certains voyageurs repartaient, le tournoi et ses festivités étant désormais arrivés à leur fin, et les événements funestes de la nuit en ayant dissuadé certains parmi les plus… prudents, de rester quelques jours de plus. Pourtant, beaucoup, et parmi eux la plupart des mercenaires ayant pris part à la défense de la ville, sans assurance plus que cela d’être récompensé, avaient décidé de rester.

       En effet, pour marquer le sacrifice des défenseurs, citoyens de la ville, de l’Empire et d’au-delà sans distinction, ainsi que des victimes des revenants, une procession solennelle avait été annoncée pour avoir lieu dans quelques jours. Organisée par l’ensemble des institutions officielles, religieuses et militaires de la cité toute entière, la procession serait suivie par une nuit de célébrations envers les défunts, que le Conseil avait payée à grand frais auprès des aubergistes de la ville, que tous puisse y participer. Nul doute que l’évènement serait marquant pour terminer le tournoi et la renaissance de la cité : tous ici présent auraient pleine conscience des sacrifices nécessaires à la survie d’Ubersreik, et de l’Empire tout entier. Tous sauraient remercier ceux qui étaient morts pour qu’eux, puissent vivre.




Pour ceux qui voudraient un petit plan:
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeVen 5 Avr 2019 - 2:17

.       Lorsque Narcisse se réveilla, elle ne vit d'abord que des ronds lumineux, avant que son esprit malmené par une sourde douleur à la tempe ne réalise qu'elle était dans une semi-obscurité. Par les côtes de sanglier à la bière d'Ungrimbergen, sa tête lui faisait un mal de chien !! Alors que ses membres engourdis commençaient à réagir, la vieille halfling comprit qu'elle était allongée sur du tissu, probablement avec de la paille en dessous et une couverture en laine par dessus. Un beau rayon lumineux tombait dans la petite pièce à travers une lucarne dans le toit de la maison où elle se trouvait. Oh !

      Endormi à même le sol, enserré dans sa cape de voyage, dormait le jeune Frodon, son écuyer. Allons d – Aïeuh ! C'était comme si Sigmar et Grimnir battaient leurs marteaux en cadence sur sa tête... En jugeant l'inclinaison des rayons, Narcisse compris qu'il devait être midi passée depuis longtemps. Chose autrement plus importante : elle avait faim et elle avait soif ! La nuit passée... à moins qu'elle n'eût dormi le quintuple de ce qu'elle pensait... Mortevigne ! Le souvenir de la nuit passée faillit lui ôter toute envie de casser la croûte !

      « Frodon !! »

      Sa voix, bien qu'éraillée, claqua avec suffisamment de netteté pour provoquer le brusque éveil de son écuyer qui s'agita dans tous les sens : « Je vais !! Je vais !! Tenez bon !! Je... Je... »

      « Gaaarde à vous !! »

      C'était le premier ordre qu'elle lui avait appris, le premier ordre qu'elle lui avait matraqué dans le crâne dès le premier jour de son service : balayer toute pensée et geste inutile, se tenir prêt, attendre les ordres. Condition sine qua non à l'efficacité militaire. Ce traitement radical porta ses fruits une fois encore comme tant de fois dans tant d'autres situations semblables : le jeunot réagit au quart de tour, se mettant debout droit comme un « i », en direction de la voix impérieuse de la Grossmeisterin. Cette dernière lui adressa la même mine impitoyable qu'elle réservait à toutes les recrues (et les vétérans, d'ailleurs), surveillant d'un œil exercé la moindre trace de distraction ou de mauvaise santé. Bien, son écuyer semblait en bonne santé, déjà ça de gagné.

      « Écuyer, au rapport. »

      Elle s'était assise sur sa paillasse, ses jambes lui indiquant clairement qu'elle risquait gros si elle les sollicitait maintenant. Son écuyer la dépassait alors d'une tête et demie mais son regard fixait un point sur le mur, toute son attention étant concentrée sur sa respiration et les prochains mots qu'il adressait à sa supérieure.
     
      « Vos ordres ont été, euh, bien exécutés ! Je suis resté hors du danger, euh...
      - Eh bien ?! Où sommes-nous, quel jour sommes-nous ?!
      - Dans le grenier du cordonnier N ! Jour T des Semis Printaniers !
      - Nos affaires ?!
      - Aperçus la dernière fois dans la taverne S, où nous nous étions arrêtés !
      - Tu me trouveras de quoi manger, boire et tu retrouveras nos affaires !
      - Jawohl, Grossmeisterin !
      - Exécution, Frodon Luisétincelle ! »

      Le jeune halfling quitta promptement le grenier par une trappe conduisant à une échelle après un bref salut martial. « Lambiner » au service de la Gentevigne passait habituellement par des invectives plus sèches et plus cinglantes les unes que les autres voire parfois quelques coups en cas de faute aggravée. Il s'en était plaint au début, il commençait à comprendre que c'était comme ça que les choses se faisaient vite et sans risques inconsidérés. C'était grâce à cette incroyable fermeté, après tout, qu'ils avaient remporté la Guerre des Chasseurs il y a quelques mois...

      Ouf, - souffla Narcisse, - elle aurait très mal supporté toute trace d'insubordination, surtout maintenant, alors que sa tête lui faisait souffrir... quelques vertiges ?! Oh ! La paix, par Sigmar, Grimnir et Esmeralda !

      Osant quelques coups d’œil autour d'elle, la vieille halfling vit ses pièces d'armure proprement disposées dans un coin. Nom de... encore une fois, cette ferraille lui avait sans doute sauvé la vie. Bon... Quelqu'un avait proprement pansé et calé sa jambe blessée et sa tête portait un bandage... Tiens, celui-là devrait être changé dès l'occasion...

      La trappe s'ouvrit, découvrant d'abord un plateau avec une chope, une assiette... puis la main qui le tenait, main d'une jeune personne, une enfant humaine à la longue chevelure rousse tressée, vêtue d'une robe proprette et d'un tablier. Lorsqu'elle déposa le plateau sur le sol, son regard croisa celui de la Grossmeisterin, ce qui la fit frémir et rater une respiration. Narcisse comprit immédiatement ce qui se passait.

      « C'est très bien, ne t'enfuis pas, reste un instant. »
      « Non, je ne vais pas te gronder ni te houspiller. »
      « Vous êtes très, très généreux, c'est plus que ce qu'il m'en faut. »
      « Non, je ne suis pas en colère, c'est juste que je m'adresse ainsi à mes soldats, c'est la règle. »
      « Toi, j'aimerais que tu restes et que tu gardes un peu compagnie à la vieille grand-mère que je suis. Tu peux ? »

      Cette fois, la gamine tomba à genoux, la regardant avec de gros yeux, la mâchoire pendante : son étrange interlocutrice venait de répondre à chacune de ses pensées, comme elles venaient, comme si quelqu'un lui disait à chaque fois ce qu'elle avait en tête. Son étonnement parut d'ailleurs amuser la vieille halfling, car celle-ci se permit quelques gloussements éraillés ; cela sembla rassurer la fillette, qui rassembla les plis de sa robe sous ses genoux, avant de finalement poser la question qui lui brûlait les lèvres : « Comment vous savez qu'est-ce que je voulais dire, m'dame ? » La Grossmeisterin la gratifia d'un regard empreint de bonté : « Tu verras, quand toi aussi tu seras une grand-mère, les devinettes te paraîtront un jeu d'enfants. » Comme la gamine ne semblait pas très convaincue par cette réponse, Narcisse changea de sujet : « Comment te nomme-t-on, mon enfant ?

      - Magda, m'dame. Et vous ?

      La simplicité enfantine ! Elle n'avait plus du tout peur !

      - Narcisse, mon enfant. Tu dois savoir par contre que je ne suis pas une grand-mère comme les autres : je donne des ordres !
      - Ma grand-mère aussi donnait des ordres...
      - Pas autant que moi, mon enfant, pas autant que moi... Dis-moi plutôt comment se nomment tes parents.
      - Ma maman s'appelle Frieda. Mon papa s'appelle Gottfried.
      - Il est cordonnier, c'est bien ça ?

      Magda parut soudainement aussi outrée qu'avant :

      - Mais comment vous le savez ?!
      - L'âge, mon enfant, l'âge ! Voyons, tu m'as apporté de l'eau et du pain. J'ai très soif, mais le pain, si tu veux, on partage, d'accord ?
      - Euh, mais ce n'est pas beaucoup !
      - Allons bon, regarde nous deux : une enfant et une grand-mère qui fait la taille d'une enfant ! Il y en a assez pour nous deux, voyons ! »

      Joignant l'acte à la parole, Narcisse s'empara du modeste quignon et le sépara en deux moitiés. Remerciant d'abord les dieux pour cette pitance, elle
tendit sa part à Magda, qui finit par mordre à pleines dents à son tour en voyant la Grossmeisterin n'en faire qu'une bouchée de la sienne. Une chope d'eau vidée plus tard, la vieille halfling avait toujours une faim de loup, mais il fallait pour l'heure remercier la Providence de l'avoir ainsi abritée après la nuit d'indicibles horreurs qu'elle venait de vivre. On avait beau vivre longtemps dans un monde sans pitié, voir des gens souffrir et mourir sans raison n'était jamais une vision à laquelle on pouvait s'habituer.

      « Vous pensez à quoi, m'dame ?
      - Oh, à rien, à rien. Tu n'as pas eu trop peur, cette nuit ?
      - Non ! Enfin, si, un peu, quand-même, mais mon papa et ma maman ils ont dit que la garde était là pour nous protéger et que les dieux nous protégeraient toujours, eux, quoi qu'il arrive.
      - Remercions les dieux, Magda, remercions les dieux pour nous avoir protégé. Tu veux bien ? Prions Sigmar, notre protecteur à tous, prions le dieu-guerrier Ulric, prions...
      - Ulric ? C'est aussi un dieu, Ulric ?

      Narcisse se massa le cuir chevelu, prise de court par cette question. C'était vrai que les dieux, il y en avait partout, et chacun priait comme bon lui semblait, alors...

      - Un dieu lointain, Magda, un dieu qui vit sans doute loin de Sigmar. Un dieu-voisin, si tu préfères.
      - Et il est fort, Ulric ?

      Cette question fit tordre les cicatrices de son visage dans un sourire nerveux ; la Grossmeisterin en connaissait, des histoires de guerre qui s'étaient jouées à cause de cette simple question d'enfant ! Les humains devaient parfois être particulièrement sots pour se jeter ainsi à la gorge l'un sur l'autre...  

      - J'ai soif.
      - Hein ?
      - Tu veux bien, Magda ? Me remplir une deuxième chope ? Ma jambe est blessée, et je dois à présent compter sur toi pour me rendre ce service. Tu veux bien ?

      La gamine semblait avoir compris que sa question venait d'être ignorée car elle fit la moue. Heureusement, le regard implorant de la halfling dut suffire pour l'attendrir.

      - D'accord.
      - Tu es très gentille, Magda. Tes parents peuvent être fiers de toi. »

      Magda lui sourit, avant de disparaître à l'étage en dessous avec la chope à remplir, criant un « Maman ? Il reste encore de l'eau dans le seau ? » bien retentissant.

      Narcisse profita de ce moment de calme pour adresser une courte prière aux divinités qu'elle connaissait, quelques mots de gratitude pour chacun, autant qu'elle pouvait s'en souvenir d'en avoir connu. Après tout, ils devaient être tous en train d'écouter et de veiller sur eux... Magda, cette brave petite, vivrait heureusement encore et grandirait pour devenir une belle jeune fille, avoir de beaux enfants à son tour... Ah...

      La Grossmeisterin se rallongea et ferma les yeux. Voilà pourquoi ils s'étaient battus. Voilà pourquoi ils se battraient encore. Lorsque Magda remonta dans le grenier avec la chope remplie et accompagnée de sa mère, elles trouvèrent leur invitée profondément assoupie, un sourire béat sur les lèvres.
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeMar 9 Avr 2019 - 14:25

.       « Le conseil de la ville a une dette envers vous et votre famille, herr Mikaelson. Votre aide dans cette crise, et ensuite à la reconstruction de la ville… »

     L’officiel, un dénommé Orel Pottenberg, était presque à bout de souffle. Il avait accouru de bon matin dans la ville pour remercier Johannes et sa famille au nom du bourgmestre et du conseil. Suant sous son costume presque trop court pour son embonpoint, il s’évertuait à présenter sa meilleure mine au trio qui lui faisait face dans le salon principal de la demeure des Mikaelson. Johannes, avachi dans un fauteuil, lui adressa un des sourires si malaisant dont il avait le secret. L’homme devant lui faisait référence aux évènements de la fameuse nuit suivant la finale, et notamment à sa victoire contre le revenant serviteur du chaos, mais aussi à ce qui s’en était ensuivi. Johannes avait en effet prit la direction des combattants éparpillés dans la ville, aidant les blessés, éteignant les incendies et organisant les prémices de la mobilisation, qui fut ensuite prise en charge par le conseil. Les Mikaelson avaient ouvert leur demeure aux blessés qui avaient besoin de repos, et Sybille notamment avait fait un tel numéro de douceur et de dévotion maternelle à ces derniers qu’ils avaient commencé à l’apprécier comme leur propre mère. Au même moment, Erhard était allé voir le bourgmestre pour lui dire que leur famille allait ‘naturellement’ aider financièrement à la reconstruction de la ville. Ce dernier s’était empressé d’accepter, son expérience lui ayant appris à ne pas refuser de l’argent quand on lui en proposait.

     « Oh, mais je vous en remercie. Soyez certain que nous nous en souviendrons.

     - Ce que veut dire mon frère, reprit immédiatement Erhard, qui s’avança pour se mettre entre Johannes et l’humain, c’est que nous n’avons fait que notre devoir civique. La défense de cette ville et le bien-être de ses habitants sont parmi nos priorités absolues. »

     Il avait pris sa voix calme habituelle, et son visage était aussi inexpressif que Johannes l’avait toujours connu. Pourtant, cela sembla rassurer un peu Pottenberg, qui fit un sourire timide en hochant la tête.

     « La ville d’Ubersreik a connu de nombreux malheurs durant son existence. Mais grâce à des gens comme vous, elle a toujours su se relever.

     - Oui, répondit Johannes en se levant, mais croyez bien que nous ne laisserons personne s’en prendre à elle à l’avenir. Cet endroit est notre foyer.

     - Je crois que je vais devoir prendre congé, mein Herr, Fraulein. La ville est encore en plein chaos, et nous avons beaucoup de choses à faire.

     - Allons, reprit Johannes d’un ton doucereux, vous vous joindrez bien à nous pour déjeuner. Nous avons un excellent cuisinier. »

     Orel sentit son ventre se contracter. Il ne savait pas pourquoi, mais il trouvait la présence des deux frères assez angoissante, et son instinct lui disait qu’il vaudrait mieux qu’il parte au plus vite. Il s’apprêtait à refuser poliment, quand Sybille, la sœur des deux autres, sembla détecter son trouble et vint à son secours.

     « Enfin, Johannes, je crois deviner que ce cher Orel cherche simplement à rester poli. Il doit avoir du travail par-dessus la tête, et je pense que le retarder ne serait pas très bénéfique pour lui. »

     Il y eut un silence au cours duquel Johannes scruta l’homme de haut-en-bas. Puis il se détourna, faisant un geste de la main qui signifiait que cela n’avait pas beaucoup d’importance. Sybille se tourna alors vers Orel avec un sourire charmeur.

     « Permettez que je vous raccompagne herr Pottenberg. »

     Ce dernier bredouilla une formule de politesse pour leur dire au-revoir, puis tous deux s’éclipsèrent en direction de la sortie. Johannes retourna s’asseoir, et se saisit d’un verre au contenu rouge sombre posé sur la table basse.

     « Tu devrais vraiment écouter Sybille, finit par lâcher Erhard en se tournant vers lui. Elle a raison quand elle te dit que tu n’as pas la bonne attitude pour les relations sociales.

     - Pas la bonne attitude ? C’est entièrement grâce à moi si nous en sommes là aujourd’hui. Et encore, ces fats du conseil ne savent même pas la moitié de ce que j’ai fait cette nuit-là. Deux revenants sur trois et cette Nathalia. Ils devraient me proposer leur place immédiatement. »

     Sa voix laissait éclater sa frustration, d’autant plus grande qu’il n’était même pas certain d’avoir occis le fameux revenant à la hache immense. Ce dernier avait disparu quand un éclair l’avait frappé, et s’il doutait de le revoir avant longtemps, Johannes n’était pas certain qu’il soit véritablement retourné à la tombe.

     Erhard ne se départit pas de son calme et se contenta de prendre un verre à son tour.

     « Tu sais pertinemment que ce que tu dis n’est pas réaliste. Nous ne devons pas laisser notre nature transparaître à ces mortels, et les exploits dont tu parles ne sont pas explicables autrement. Laisse donc notre prestige augmenter peu à peu.

     - Et il augmente grâce à qui ? Tout ce que vous avez fait, c’est blablater. Mais dès qu’il s’agit de vraiment agir…

     - Mais tais-toi !

     L’ordre venait de Sybille, qui rentrait à grands pas dans le salon. Erhard continua sur sa lancée.

     - Oui, tu nous as permis de nous faire connaître, et en bien, dans cette ville. Les gens t’ont vu battre ce revenant, et sauver tous ces gens. Ce n’est pas une raison pour tout ruiner maintenant à cause d’une poussée d’orgueil mal placée. Je ne te le permettrai pas. »

     Les deux frères s’affrontèrent du regard, l’un arborant toujours son sourire, l’autre le visage vide de tout sentiment. Puis Johannes se détourna, se levant de son siège pour aller devant la fenêtre.

     « Très bien. Faisons les choses à votre manière. Cette ville sera à nous, et à partir de maintenant, tous ceux qui cherchent à lui nuire devront être considérés comme des ennemis personnels. »

     Il leva son verre en se tournant vers eux.

     « Trinquons. Trinquons à notre famille, qui a enfin l’opportunité de reprendre cette ville qu’elle a fondée il y a plusieurs milliers d’années.

     Les voix d’Erhard et de Sybille répondirent en chœur à la sienne.

     - À la famille ! »


Dernière édition par Arcanide Valtek le Lun 10 Juin 2019 - 17:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeMer 24 Avr 2019 - 17:49

.       La procession avançait lentement à travers Übersreik, suivant un trajet qui la menait devant les lieux marqués par la catastrophe. De ce cortège émanait un silence de recueillement, qu'entrecoupaient des prières et louanges adressées aux défunts. Les représentants des cultes religieux, les valeureux gardes de la cité, mais aussi les braves d'horizons divers, se suivaient les uns après les autres dans cet hommage devant les habitant de la ville venus leur rendre un hommage très solennel.

      En sa qualité de chevalier du Graal, Silvère de Castagne était considéré comme le plus haut représentant du culte de la Dame. Frère Groβmann exigeait que le protocole soit respecté à la lettre et le bretonnien avait accepté de bonne grâce, par respect pour les victimes. Ces dernières occupaient le cœur de ses pensées. Encore une fois, les forces occultes avaient frappé les innocents et Silvère déplorait le nombre de vies brisées.

      À ses côtés marchait un équidé à l'allure vénérable dont le regard disait toute la tristesse. L'histoire de la perte de son maître avait fait le tour de la cité, si bien que la bête avait gagné l'estime et la compassion de tous. Silvère songea au preux Baudouin. Focalisé sur ses objectifs, le chevalier du Graal ne s'était pas ouvert à ses compatriotes. Il le regrettait amèrement car la vie offrait peu d'occasions d'échanger avec pareil parangon. Son vaillant sacrifice attestait de sa vertu et du grand défenseur de la Dame qu'il aurait pu devenir. Hélas, combien de braves se retrouvent fauchés par les séides du mal.

      « Ma Dame, veillez sur l'âme du brave Baudouin de Parravon » pria le bretonnien.
       
      Puis, il se mit à déclamer quelques vers pour honorer le défunt chevalier :

Preux chevalier, sans peur et plein de compassion
Tu parcourais le monde en quête d'une saincte bénédiction
Moult monstres et nombreux brigands
Tu abattis de l'épée quelques malfaisants
Humblement tu apportais soutien aux gens de peu
Ton dévouement était des plus vertueux
Pour défendre la vie d'autrui tu as donné ta vie
Nous voilà tous ici pour te dire grand merci
À jamais ton nom restera gravé dans les mémoires
Baudouin de Parravon, telle est son histoire

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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeSam 27 Avr 2019 - 1:41

« Encore un malheureux, soupira le marin en hissant la dépouille à bord de leur barque. »

Aidé par un camarade, il tourna le corps sur le dos. La mine désolée, il repoussa les cheveux noirs collés au visage du petit homme. Puis fronça les sourcils.

« Attends, ce visage me dit quelque chose...
- Ha oui ?
- Ouais, j'crois que j'ai déjà vu ce gars. Il était à la taverne le soir où... Fichtre c'est lui qui a déclenché la bagarre qui...
- Bloub ! » L'interrompit Darkula en se redressant brusquement, les yeux grand ouverts, avant de lui cracher de l'eau au visage.

Le fauteur de trouble toussa douloureusement, recrachant une quantité d'eau qui laissait stupéfait les deux dockers.

« Par Sigmar, murmura le premier. Tu reviens de loin mon bonho...
- JE T'INTERDIS DE PRONONCER CE NOM ! » s'écria Darkula sans préambule en attrapant l'intéressé par le col.

Et sans autre forme de procès, il balança son sauveur à l'eau avant de se tourner vers le second individu qui recula à l’extrémité de la barque, blême. Le vampire lui jeta un regard mauvais avant d'être prit d'un haut-le-cœur et vomir à nouveau par-dessus bord. Il retomba en arrière, s'essuyant la commissure des lèvres et ignorant royalement les cris du nageur nageant comme une enclume à un mètre de l'embarcation. Après un regard mauvais en direction de l'astre céleste haut dans le ciel, il pointa un index vers le marin restant.

« Emmène moi à la terre ferme ou je te maudis jusqu'à la trente-septième génération ! »

*

A peine plus d'une heure s'était écoulé et déjà le vampire gravissait la pente d'une colline, au-delà du mur d'enceinte Est. Ayant retrouvé son arme démesurée là où la chose-rat l'avait passé à tabac, il ne s'était guère attardé en ce lieu finalement indigne de sa personne. Il avait certes humilié un héro local et craché à la face des dieux fictifs des humains, mais ses échecs lui laissaient un gout amer en travers de la gorge. Gout que même le sang du docker n'avait put faire passer.

Il regarda les choses en face : sa participation au tournois était un échec. Ubersreik ne retiendrait finalement pas son nom, fut-il pourtant le plus grand vampire de tout les temps. Ce n'était pourtant pas faute de s'être tué à la tâche. Qu'importe. Cet événement n'était de toute façon qu'une goutte d'eau perdue dans son domaine où, il en avait au moins la certitude, le nom de Darkula était un modèle pour tous.

« Dire que ces idiots ne réalisent même pas qu'ils parlent en chteuhmeuleu...»

Tournant finalement le dos à la cité, il disparut dans l'ombre des arbres au sommet de la colline, son espadon accroché à l'épaule et la cape claquant au vent..

« Bleh ! »
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeMar 14 Mai 2019 - 14:59

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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeDim 26 Mai 2019 - 18:36

Une étrange troupe se trouvait devant le manoir impérial, armures sombres montées de piquants, robes noires ou violacées, volant dans le vent. À leur tête, Nathalia Hinrichtungsherr. La porte à laquelle elle toquait s’ouvrit alors, révélant le visage las de Klaus von Bauding. Aussitôt, ses yeux se plissèrent et toute forme de fatigue disparut de son visage.

        « Ce sont des ennemis de l’Empire. » Il battit alors des yeux, comme si l’espace d’un instant il avait cru pouvoir faire disparaître la vision.

        « Ce sont mes soldats et mes gardes du corps. » lui parvint la réponse de son ancienne adversaire.

        Quelques passants s'arrêtaient pour regarder le groupe d'elfes noirs. Klaus, seul et désarmé face à ces pillards réputés pour être sanguinaires, décida de la jouer fine. Il n’avait pas vraiment d’autre choix.

« Eh bien. Entrez donc. »

        Il ouvrit la porte en grand et les guida vers le petit salon, tout en leur jetant des regards ouvertement méfiants.

        « Vous désirez quelque chose à boire ?
        — Un peu de vin rouge s'il vous plaît. »

        Dans une scène surréaliste, Nathalia entourée de ses … gardes du corps, attendit patiemment que le général remontât de sa cave, bouteille à la main. Sa démarche semblait hésitante : il ne s’était pas encore remis de ses blessures du tournoi ? Une fois revenu dans le salon, il prit quelques verres et les servit rapidement, sans en prendre un lui-même, l'alcool à jeun n'étant pas conseillé. Surtout dans cette situation.

        « Que désirez-vous réellement ? demanda-t-il alors.
        — Cette nuit, des morts sont apparus un peu partout dans la ville et ont semé la pagaille. »

        Alors que l’ancien général haussait un sourcil, Orontir fit boire un garde pour vérifier que la boisson n'était pas empoisonnée, avant de donner le verre à sa maîtresse.

        « Tenez mademoiselle Nuit de Glace.
        — Des morts ? s'étonna l'ancien général. Comme dans les morts-vivants qui sont de Sylvanie ? »

        Elle prit le verre et le mit à sa lèvre.

        « Plusieurs hordes de squelettes. »

        Le regard du champion du tournoi s'écarquilla derechef. Elle reprit quelques gorgées.

        « Ils avaient de plus des revenants pour les diriger. Un guerrier des dieux sombres il me semble, ainsi qu’un homme-rat et un bretonnien. J’imagine que vous avez vu en vous levant les nuages de fumées qui s’élèvent encore de l’autre côté de la ville. »

        Cette fois, la bouche du général s'ouvrit et se referma plusieurs fois, comme un poisson hors de l'eau alors qu’il faisait le lien avec tout cela. Bien vite cependant, il reprit sa contenance.

        « Pourquoi venir me voir ? L’affaire semble résolue à présent, ou bien un tel calme ne régnerait pas dans les rues.
        — Les morts ont depuis été vaincus, fit Nathalia en tentant d’occulter la défaite qu’elle avait subi en essayant de profiter de leur présence. Cela dit, dans la pagaille, j’ai croisé un certain ‘Darkula’ (elle hésita un instant sur le nom) cherchant à profaner votre demeure. Et quelques autres endroits également.
        — Darkula ? demanda Klaus. Ce n’est malheureusement pas de mon ressort. Demandez plutôt à la garde. Ou alors chargez-vous en vous-même. »

        Elle but une autre gorgée.

        « Eh bien. Pour ma part je l'ai juste jeté dans le fleuve après l’avoir affronté. D'après ce que mes éclaireurs m'ont rapporté, il est toujours recherché. »

        Elle décroisa ses jambes dans un sens puis les recroisa dans l'autre.

        « Dans le fleuve ? Alors tant mieux. » Le regard de l’ancien général se perdit dans le lointain. « Quels évènements… Je suis un général, pas un héros, mais averti et à la tête d’un régiment, j’aurais pu purger la ville. Ce ne serait rien après ce que j’ai vu dans le Nord. »

        Un sourire apparut sur le visage de Nathalia, et elle planta ses yeux dans ceux de Klaus.

        « Si vous souhaitez me raconter vos batailles...  on pourrait le faire autour d'un duel. »

        Enfin, pensa Klaus en réprimant un sourire. Elle me dévoile la raison de sa présence.

        « Laissez-moi le temps de m'équiper. Nous ferons cela dans la cour si vous le désirez. Sinon...eh bien nous ne le ferons guère. »

        Alors qu’il se retournait en se levant, le visage de Nathalia se tordit de dégoût. On sentait sa colère bouillonnante. Que diable, la faire attendre ? Elle ? Mais il lui fallait une victoire nette, une revanche satisfaisante. Lorsqu’il lui fit à nouveau face, elle se contenta donc de lui sourire d’un air affable.

        « Me permettez vous d'attendre ici seigneur ?
        — Tant que vous ne touchez à rien. Et ne m'appelez point seigneur. Je ne suis qu'un simple général, certes noble, mais il me faudrait bien plus grande souche pour mériter ce titre. »

        Nathalia termina son verre.

        « Bien général. Puis-je feuilleter votre bibliothèque ?
        — Naturellement, mais remettez les ouvrages en place une fois que vous avez terminé. »

        Il quitta alors la pièce pour aller s’équiper, et surtout se rafraîchir avant de se préparer au combat, dont il n'attendait pas grand-chose. Il le ferait simplement pour contenter sa visiteuse et ne pas vexer les elfes noirs. Il savait que ça aurait été une fort mauvaise idée. Gilgalad le lui avait bien fait comprendre.

        Nathalia s'approcha des livres et commença à les lires malgré les soupirs d'Orontir et les regards de ses gardes dont l’ennui était manifeste.

        Klaus revint bientôt, fin prêt. Il avait lui-même enfilé son armure, ce qu’il avait souvent dû faire seul au cours de ses campagnes. De plus, il se sentait bien mieux réveillé, et ainsi c’est en fier guerrier qu’il s’avança vers la cour de sa nouvelle demeure, suivi par une Nathalia qui marchait comme si elle possédait l’endroit.

        « Un combat, un seul. Au premier sang. Cela vous va-t-il, mademoiselle ? »

        Sa voix avait retrouvé son assurance. Il sentait cependant que certaines de ses articulations étaient encore douloureuses. Il allait falloir en finir vite.

        Devant lui, Nathalia dégaina son épée et se mit en position. Elle allait enfin montrer à ce parvenu ce qu’il en coûtait de la contrarier. Son sourire se tordit pour former un rictus méprisant.

        « Comme vous voudrez, général. »

        Le signal fut donné par Orontir. Klaus, épée en main, bondit immédiatement malgré le poids de son armure. Nathalia ne s’attendait pas à cela de la part de cet humain qui paraissait si fatigué peu de temps auparavant. Il enchaîna les passes, les feintes et les assauts, qu’elle eut bien du mal à parer. Son assurance s’envola, tout comme ses pieds, au moment où l’humain profita d’un déséquilibre momentané pour lui faucher les jambes d’un coup de pieds. Elle atterrit lestement sur le sol, mais à cet instant une douleur éclata sur sa joue : l’épée de Klaus venait de l’entailler, légèrement, mais suffisamment pour qu’une goutte de sang perle sur la plaie. Le duel était déjà fini, et elle l’avait perdu (Klaus : 3T 3B 3PV).

        Nathalia se releva et essuya silencieusement sa joue.

        « Nous en avons terminé, ma dame. J'ai eu d'excellents enseignants, qui sont des elfes eux aussi. Et vous avez été une adversaire remarquable. »

        Ils se serrèrent la main silencieusement. Nathalia finit par s’exprimer, sa voix n’étant plus qu’un murmure.

        « Je vous remercie général et vous retourne le compliment. »

        Klaus la toisa d’un regard dur comme la pierre. Plus aucune trace ne restait de celui qui l’avait faite entrer.

        « Néanmoins, je vous demande à présent de quitter les terres impériales, immédiatement. Les armées remontent vers le nord et partent d'ouest en est pour ratisser toutes les régions et anéantir les menaces à la paix impériale. Des menaces telles que vous. Ils n'auront aucune pitié pour vous. Et même si nous avons combattu honorablement, je ne vous défendrais pas contre eux. »

        Nathalia rengaina rageusement. Elle aussi laissait à présent voir son vrai visage.

        « Seriez-vous en train de me menacer ? Ce n’est pas très digne d’un général, ou d’un noble, aussi petit soit-il.
        — Venant d'une personne dont le peuple pille nos côtes et nos cités et enlève des citoyens innocents, je ne trouve pas que votre position soit défendable. Je ne pense pas que vous soyez en situation de critiquer alors que je vous ai offert le gîte et le couvert au cours des dernières heures. Je ne pense pas non plus que vous me sortiriez de vos geôles ou vos mines si je venais à être capturé. Par égard pour notre duel, fort amical au demeurant, et le tournoi passé, je ne dirais rien si on me demande si vous êtes passée. Mais je ne saurais que trop vous recommander de partir au plus vite », insista-t-il plus poliment mais fermement en la raccompagnant vers la porte.

        Nathalia et ses elfes quittèrent alors la demeure sans qu’aucun autre mot ne soit échangé. Elle avait encore perdu, et cela lui enlevait ce qui lui restait d’envie d’être civilisée. Le jour était presque levé, et sitôt arrivée, elle comptait lever l’ancre.
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MessageSujet: Re: Les Affrontements Festifs d'Ubersreik   Les Affrontements Festifs d'Ubersreik - Page 3 Icon_minitimeMar 11 Juin 2019 - 1:35

.       Von Brüner se massa les tempes. Par Sigmar, que ces incessants marchandages pouvaient le lasser. Il était plus difficile de faire baisser le prix annoncé par un nain que de convaincre un flagellant que le futur n’était pas si terrible. Devant lui, le chef des charpentiers, un certain Morgrim, le fixait d’un air dur. Le nain avait une longue barbe – comme tous les membres de son peuple – de couleur grise, et était richement vêtu d’une tunique vert foncé finement brodée. Son visage était caché par son imposante pilosité faciale, mais on distinguait nettement ses yeux, qui brillaient d’intensité (Von Brüner y aurait volontiers aussi vu de l’avarice). Le sujet de leur désaccord était évident : la reconstruction de la ville. Ou plutôt son prix.

      « Nous ne démarrerons pas les travaux pour moins de cinq cents mille couronnes d’or » s’obstinait le nain de sa voix rocailleuse. « Nous avons déjà beaucoup donné par charité, il est temps que nous soyons payés à notre juste valeur. »

      Le burgmeister n’entendait pas se laisser faire. « Vous êtes concrètement en train de demander à une ville à moitié en ruine de payer les réparations au prix fort ? Qu’est devenue la belle entente entre nos peuples ?

      - L’entente n’a jamais nourri personne. De plus, vous exagérez : la destruction ne touche que vingt-neuf virgule sept pourcents de la ville, et parmi les bâtiments touchés seuls la moitié doit être entièrement reconstruite.

      - Il n’empêche que nous n’avons pas tout cet argent. Je vous rappelle que nous venions à peine de finir la reconstruction. »

      Von Brüner jouait le bluff, espérant obtenir un peu de pitié de la part de son interlocuteur. Mais celui-ci se contenta de plisser les lèvres d’agacement en penchant la tête sur le côté.

      « Par Grungni, vous vous moquez de moi gavumgi. Les paris du tournoi vous ont rapporté bien plus que ce que je vous demande, et vous avez reçu un important don de la famille Mikaelson. Alors ne faites pas tant d’histoires. » La barbe du nain se releva légèrement, signe qu’il s’était mis à sourire. « De plus, vous savez parfaitement que vous ne pouvez pas faire sans nous. »

      Von Brüner se massa une nouvelle fois les tempes. On ne l’y reprendrait plus avant longtemps de négocier avec un nain.

*

      Un peu plus tard.

      Ludwig Schwartzhelm entra d’un pas vif dans le bureau du burgmeister. Von Brüner était assis, un bras sur le meuble tandis que son autre main massait son large front. Penché sur un rapport, il avait l’air passablement fatigué, mais le militaire n’en avait cure. Il était entré pour une raison bien précise.

      « Burgmeister Von Brüner » commença-t-il de sa voix profonde à l’accent typiquement Reiklander, « nous avons à parler. »

      Von Brüner avait relevé les yeux au début de sa phrase, l’observant d’un air presque hagard. « Je vous en prie, entrez » fit-il d’un ton sarcastique qui fit relever le sourcil de Schwartzhelm, le Bürgermeister étant d’ordinaire si obséquieux à son égard – « asseyez-vous donc, mein Herr.

      - Je viens vous annoncer mon départ prochain, Herr Von Brüner. Le tournoi est terminé, et il est temps que je retourne à mes devoirs à la capitale. »

      Si le bourgmestre fut affecté par cette nouvelle, il ne le montra pas, se contentant de l’observer avec le même air las. Il avait eu beaucoup à gérer ces derniers temps, entre le tournoi lui-même et ses nombreux participants (notamment quelques énergumènes comme un certain Groβmann), puis l’attaque de la nuit suivant la finale et ses fâcheuses conséquences, avec enfin la réparation de la ville. Il n’était pas vraiment d’humeur à s’émouvoir du départ de ce soldat qui l’avait plus mis mal à l’aise qu’autre chose.

      « Vous m’en voyez fort triste » finit-il par sortir presque mécaniquement. « Votre compagnie m’était agréable. » Il espérait ainsi en finir rapidement avec cette entrevue et retourner à l’examen des coûts de réparation des docks, mais le militaire à la barbe fleurie n’en avait pas fini avec lui.

      « Vous savez que ce tournoi s’est déroulé de façon désastreuse, Bürgermeister. »

      L’autre leva vaguement le nez. « Vraiment ?

      - Oui. Le mien s’est beaucoup mieux déroulé à Carroburg. »

      Von Brüner esquissa un sourire pour la première fois depuis le début de la journée. « Vous voulez parler de celui qui s’est terminé en pantalonnade avec un ogre ? Je ne suis pas certain de voir où vous voulez que je prenne exemple…»

      Le héraut de l’Empereur détourna le regard, soudain mal à l’aise. « Hum, point faux...» finit-il par avouer. « Ecoutez, je pense que somme toutes vous vous êtes bien débrouillé, compte tenu de l’imprévisibilité de la situation. »

      Mais Schwartzhelm n’était pas venu simplement pour faire ce commentaire. Il avait aussi l’intention de prendre les devants sur un sujet épineux.

      « Et je vous rappelle aussi que vous devez allégeance à sa majesté impériale Karl Franz, ce qui inclut notamment l’impôt. Or, je sais que cette ville vient de gagner un joli pactole avec ce tournoi, notamment grâce aux paris.

      - Je...euh… »

      Von Brüner ne savait plus où il en était. Voilà que cet importun aussi voulait lui prendre ses gains ? Est-ce que cette journée allait être le défilé des créanciers barbus ? Pour sa part, Schwartzhelm était certain de ce qu’il avançait. Il n’y entendait rien aux finances, mais lors du Grand Tournoi de la Reiksguard, l’Empereur lui-même lui avait confié avoir renfloué en parti les caisses de la couronne par un tel stratagème, alors il se doutait que le bourgmestre s’en était également servi. Voyant que ce dernier était pris de court, il décida d’enfoncer le clou avant de partir.

      « Mais je suis certain que vous n’aviez pas besoin d’un tel rappel. Après tout, vous êtes un digne serviteur de l’Empire, j’en suis persuadé. Sur ce, bonne journée, Herr Bürgermeister. »

      Et dans un claquement de ses talons, le héraut de l’Empereur s’en fut, laissant Von Brüner ruminer sur son bureau.

*

      Markus Kruber ouvrit les yeux. Sa tête bandée reposait sur un oreiller, et il sentait que son corps n’était pas encore remis de son combat contre le gigantesque revenant. Il essaya de bouger, se préparant à serrer les dents tant l’exercice s’était révélé douloureux au cours de ces derniers jours. Cette fois-ci, il parvint à se redresser totalement sur son matelas, ce qui le fit sourire de satisfaction sous sa moustache.

      Il se trouvait dans une des nombreuses chambres du temple de Shallya, où avaient été rapatriés tous les blessés qui avaient encore besoin de soins. Son propre cas avait été préoccupant, en témoignait l’imposant bandage qui recouvrait encore sa tête et la douleur de ses muscles. Mais il s’en remettrait, les potions de soin de Saltzpyre et les soins des prêtresses du temple y avaient veillé. Mais cela prendrait encore un peu de temps, et cela l’enrageait, même si la perspective de ne pas être convoqué par Von Brüner pendant cette durée était plutôt satisfaisante.

      Un bruit de pas retentit depuis la porte, et celle-ci s’ouvrit rapidement. Kruber sourit en voyant entrer Victor Saltzpyre, son ami et compagnon de bataille. Ce dernier avait la mine encore plus pâle que d’habitude, et son bras gauche était encore en écharpe. Cela dit, il se tenait droit (Kruber l’imaginait plus volontier mort que courbé) et son visage disgracieux était lui aussi éclairé par un sourire.

      « Ah, Kruber ! Je suis ravi de vous voir réveillé. Comment vous sentez-vous ? »

      Comme si toute l’armée de Rasknitt m’était passée sur le corps deux fois, tout en s’attardant particulièrement sur mon visage pensa le chevalier impérial, mais il se contenta de répondre « plutôt bien, compte tenu des circonstances. »

      Cependant, Saltzpyre parut lire en lui comme dans un livre ouvert, et s'accorda un petit rire tout en marchant vers la fenêtre. Dehors, le jour se levait, et la reconstruction de la ville avait repris.
     
      « Remettez-vous vite Kruber » finit par lâcher laconiquement le répurgateur tout en se tournant vers lui, « c’est un ordre ». Cette dernière phrase fut lâchée sur le ton de l’humour, mais Saltzpyre reprit immédiatement son sérieux. « Cette ville aura besoin de vous. »

      Kruber regarda son ami avec circonspection. « Vous savez, je préfèrerais retourner à la chasse aux skavens dans les souterrains du Reikland. Quelque part, c’était plus facile que de côtoyer ces politiciens et ces nobles. »

      Il serra le poing, regrettant de ne pas pouvoir y trouver la poignée de son épée, ou le goulot d’une bouteille. Par Taal, le combat lui manquait déjà.

      Saltzpyre, lui, éclata de rire à cette annonce, ce qui n’était pas sans rappeler le bruit d’une vieille porte qui grince. « Ne vous inquiétez pas pour cela mon ami » lui dit-il après s’être ainsi esclaffé. « Je n’ai pas toute les cartes, loin de là, mais mes tripes me disent que cette ville aura bientôt son lot de combats. L’avenir ne vous verra pas vous encroûter si vous restez ici. »

      Puis, le répurgateur se tourna vers la fenêtre, d’où on entendait le bruit caractéristique des passants, des vendeurs, des bâtisseurs, et de toutes ces choses que l’on trouve dans une ville. L’ordre semblait rétabli, mais à quel point tout cela n’était qu’une façade ? Il l’ignorait, et cela l’enrageait quelque peu. Son sourire se perdit dans cette vue, et sa voix était désormais plus sérieuse que jamais.

      « Je ne sais pas vous Kruber, mais cette ville me laisse un vague sentiment d’inachevé. J’espère qu’à l’avenir, vous, moi, ou quelqu’un d’autre, arrivera à y terminer le travail. »


* * *


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      Dietrich s’arrêta pour regarder ce qu’il venait de placarder sur le mur. Il avait assisté au tournoi, et le dénommé Darkula avait été un sacré phénomène alors, déchaînant les passions les plus variées. Il tirait une certaine fierté de coller ces affiches, et quand un passant lui en parlait, il disait en bombant le torse qu’il avait « toujours su que quelque-chose ne tournait pas rond chez cet individu. »

      Dès que l’on avait levé le voile sur l’origine de la folle nuit qu’avait vécue la cité, grâce aux témoignages de Frère Großmann et Silvère de Castagne, appuyés lors de son réveil par Saltzpyre, répurgateur du Saint Ordre des Templiers de Sigmar, le nom de Darkula avait couru sur toutes les bouches comme une traînée poudre. Dans tous le Reikland, l’on répandait de telles affiches produites en masse pour retrouver celui qui avait failli anéantir la cité impériale en une nuit. Des chasseurs de primes aux chasseurs de vampires mandatés par les divers Saints Ordres de l’Empire, on battait toute la contrée pour retrouver le criminel. Jusqu’ici, en vain.

      Une chose était sûre : Ubersreik n’était pas prête d’oublier le passage de Darkula.





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