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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Mar 23 Mai 2017 - 19:42
Feurnard, ancien membre du Warfo, ancien membre de la Conférie des Mercenaires du Reikland et joueur de JDR invétéré a écrit:
Des flammes comme des monstres de cauchemar. Des pâturages d'herbe grasse sous le soleil de printemps. Les interminables colonnes de fumée noire dans le ciel. La douceur d'une brise sur le chemin de montagne.
- Je dois partir.
Voix aiguë, juvénile, lourde de l'accent du défilé, empreinte d'embarras, confuse plus que décidée. Le visage lisse et sale à la chevelure noire en bataille, Martin le détourne en même temps que son regard, tant du village en ruines que de la grande fille qui court dans sa direction. Pleine de vie, sa crinière emportée par la course, les bords de son bliaud soulevés dans sa précipitation, elle retrouve une beauté que la dure vie de campagne efface en chaque habitant. Le jeune homme ne peut pas fuir, pas maintenant qu'il s'est retourné, pétrifié à l'idée de la confrontation. Son prénom déjà ? Cassandra, la fille du forgeron la nièce du précepteur, qui entre tous l'a choisi. Il part.
- Martin !
L'interpellé serre dans sa main le manche de son arme, une épée de mauvaise facture à la lame presque neuve. L'arme du forgeron, un cadeau, une nouvelle entrave. Ce gilet aussi, qu'il porte par-dessus la chemise rapiécée du paysan, il le doit au père. Puis il y a Cassandra. Elle l'a rejoint, leurs regards se croisent encore. Toute l'énergie de la grande fille s'évanouit soudain, happé par sa course et ces yeux bruns qui ne lui appartiennent pas.
- Pars-tu ? - Je le dois.
Les mots, les flots de raisons ne l'arrêteront pas. Même les fleurs naissantes du printemps et leurs parfums enivrants ne suffiront plus. Sortie de dessous les poutres écroulées de sa maison, la mère Delatour repose à présent dans la fosse commune, près de l'aïeul décédé plus tôt. Il ne part pas à cause de la destruction, seulement à cause d'un ouvrage à la couverture rouge portant une armoirie oubliée à gueule de renard, à cause d'un livre que plus personne à Delémont ne pouvait lire et qui a brûlé dans l'attaque. Ce ne sont pas les orques qui le font fuir, c'est l'armoirie qui l'appelle. Ses suppliques ses insultes n'y pourront rien.
- Je reviendrai. - déclara Martin en s'éloignant. - Jamais ! Disparais, langue de vipère, bâtard !
Elle s'effondre en pleurs comme la petite tour de guet en pierre sous les coups de l'adversaire. Martin ne se retourne pas, un seul rêve en tête désormais : devenir chevalier. Il a le Reikland devant lui...
- Martin ? Martin ? OH ! Fidèle écuyer au sommeil de plomb ! Perdant patience, le seigneur Dangorn de Castagne se leva de son lit douillet et lança un regard par terre. Il y vit son écuyer dormir à poings fermés, avec même une mine concentrée sur quelque chose dont seul le rêveur avait connaissance. - Martin !! Voyant toujours zéro réaction à ses appels, le vaillant sire s'empara de la cruche qui servait à se laver la figure et la vida sans cérémonie sur son écuyer assoupi ; il déclencha immédiatement une réaction – - Cassandra ! Je reviendrai ! Cassandra !! Dangorn fit la grimace en entendant ce nom. Lui-même avait connu bien des demoiselles, mais il savait en revanche que celle-ci était spéciale, elle était spéciale…
Martin, lui, comprit enfin où et quand il se trouvait. Tant d’années s’étaient écoulées depuis ce jour décisif où il quitta son village… Que lui serait-il arrivé, seul et loin des siens, sans cette rencontre à la taverne du Squig Boiteux avec le sire Dangorn ? Bien que de basse naissance, il était devenu l’écuyer de l’illustre chevalier et avait vécu moult péripéties en combattant à ses côtés… - Et maintenant que mon fidèle écuyer à repris ses esprits, aurait-il l’amabilité d’aller nous quérir pitance à tous deux… maintenant ?! - … Hein ? - Martin ! J’ai déjà gaspillé de l’eau sur vostre teste ! Je ne voudrais pas gaspiller également la cruche !! Voyant que son seigneur avait effectivement le bras armé, Martin prit enfin conscience de sa lenteur et s’empressa de se lever, remarquant au passage qu’il avait effectivement le visage trempé. - Tout de suite, sire ! – Dangorn l’entendit encore dans les couloirs : - C’est comme si c’était fait !!
Le vaillant sire grimaça, d’amusement cette fois-ci, et finit par reposer la cruche sur le tabouret de la chambre. Ah, ce brave Martin. Il a sans doute déjà oublié qu’aujourd’hui est le grand jour ! Ils avaient fait un long chemin ensemble jusqu’ici, à Altdorf, et aujourd’hui, Martin devait aller s’inscrire au Grand Tournoi de la Reiksguard, et du succès de sa participation pourrait dépendre… son adoubement. Par la Saincte Cave du baron de Havras, que la Dame du Lac guide son bras !
A ce moment-là, Martin réapparut à la porte de la chambre, visiblement bredouille et manifestement confus. Dangorn de Castagne, toujours pas levé de son lit, jeta un regard éloquent à la cruche, toujours à portée de main. - Sire, euh… Les seigneurs attablés en bas, le baron de Joli-Tonneau et le baron de Vigne Bleue, refusent de vous céder la moindre miche de pain tant que vous ne serez pas descendus se présenter à eux et… et goûter à leur vin, à ce qu’ils disent… Martin souffla intérieurement en voyant l’humeur de son seigneur virer de la juste vindicte à la juste liesse… - Les braves bretonniens !! Le sire de Castagne enfila haut, bas et bottes en moins de temps qu’il fallait pour tuer un gobelin ; il allait quitter la pièce quand il s’arrêta soudain devant la porte et s’adressa à son écuyer : - Mon bon Martin, voici votre corvée du matin, seulement après laquelle vous pourrez prétendre à de la pitance… - il ne put se retenir de sourire chaleureusement. – Allez-vous-en vous inscrire à la commanderie de la Reiksguard, pour l’épreuve des joutes ! Compris ?
Totalement réveillé, Martin se remémora enfin qu’aujourd’hui était un grand jour… - C’est comme si c’était fait, sire ! – s’exclama-il, rayonnant de fierté.
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Mer 24 Mai 2017 - 0:49
Le soir du même jour, Von Essen déambulait dans les rues de la capitale, scrutant avec avidité les cous des jeunes demoiselles qu’il croisait. Il était las, il avait soif ; les récents événements, ou plutôt ses récentes mésaventures, l’avaient bien secoué. Son œil exercé l’avertit toutefois d’une anomalie intéressante : n’était-ce pas une charmante demoiselle qui venait d’entrer dans cette taverne ? Et ses atours n’étaient-ils pas ceux attribués habituellement à la gent masculine ? Un haut de cuir, un pantalon… Avide d’en voir davantage, quitte à se changer les idées, le chroniqueur entra dans l’établissement à son tour. Il fut tout de suite happé par l’ambiance joviale de l’endroit, bondé par cette heure tardive et rempli du brouhaha des conversations. Au fond de la salle, un petit espace aménagé en estrade était occupé par une jeune femme qui chantait… en jouant du tambourin. Oh, par le sang, sa vivacité la rendait également attirante. Mais il en oubliait sa proie initiale… - Vous désirez quelque chose, messire ? – lui demanda subitement une serveuse qui passait à côté. Von Essen lui sourit de toutes ses dents avant de décliner poliment. Décidément, l’Empire abritait encore de nombreuses proies délicates et prêtes à être dégustées. Il finit par se déplacer, histoire de dégager l’entrée, et chercha des yeux la mystérieuse demoiselle à la veste de cuir. Il l’aperçut à une table… en train de faire un bras de fer contre un homme barbu à forte corpulence… et l’emporter. Hein ? Hein ? Le vampire cligna des yeux. Bousculé brièvement par un serveur, il demeura à son poste d’observation, peinant à croire ce qu’il voyait. Voila qu’elle se trouvait déjà un autre adversaire, tout aussi solide que le précédent ! Et voila qu’elle le battait à plate couture ! Non, ce n’était pas possible ! Et pourtant… Soudainement terrifié, le chroniqueur se détourna de la scène, entendant malgré lui le grognement du troisième adversaire terrassé, et les cris de stupeur de ses compagnons. Quelle était cette monstruosité ?! Où pouvait être la mise ?! Mais surtout, depuis quand les jeunes demoiselles étaient-elles aussi fortes ?!! Si ça continuait comme ça, il pouvait faire une croix sur ses escapades nocturnes, ses enlèvements, sur tout… Pour faire bonne figure, il finit par se trouver une place sur un banc, et se commanda un verre de vin blanc, déterminé à rester là pour observer la suite des événements. Un affrontement se succéda à l’autre, et au bout du douzième adversaire vaincu, c’est une véritable ovation que reçut le vainqueur au sourire assassin et à la veste de cuir. Convaincu qu’il devait y avoir anguille sous roche, Von Essen ouvrit son regard aux vents de magie. Là… Oho ! Dissimulé derrière l’habit de la demoiselle, il y avait un curieux pendentif attirant quelque curieux pouvoir mystique. Il y avait donc bel et bien anguille sous roche. Pesant le pour et le contre, le vampire offrit son verre de vin à son voisin de droite, quitta le banc et se détourna de la table du bras de fer. Il voulait une proie facile, pas une sorte d’héroïne sortie tout droit d’un récit. La serveuse… ou la ménestrelle ? Ah, c’était toujours la serveuse ! Non, cette fois-ci, la ménestrelle, pour une fois qu’il en croisait une… Le vampire se rapprocha de l’estrade afin de mieux écouter. La chanson parlait désormais d’un certain Jürger, qui tuait des orques dans une forêt… Ah, il y avait son compagnon Dagan, fier chevalier, ils tuaient des orcs ensemble, etc, etc… Au bout d’un moment, Von Essen fut perdu dans ses pensées et perdit le fil. Lorsque des applaudissements étouffèrent la conclusion de la chanson, il se joignit distraitement à l’acclamation générale, espérant que cette prestation serait la dernière de la soirée. A ce moment, il vit la ménestrelle appeler quelqu’un dans l’assemblée… suite à quoi un homme de haute stature se leva, tout sourire. Il appela… son ami Jürger… Quoi ?... Et le dénommé Jürger finit par se lever, provoquant un bref silence de l’assemblée. Peut-être était-ce dû à son air contrit ? Ou était-il contrit par tous ces regards tournés vers lui ? Le chroniqueur constata qu’il y avait de quoi : ses cheveux bruns et sa barbe étaient partiellement blancs, sa peau semblait maladive, ses yeux… étaient rouge sombre. - Hé !! C’est Jürger ! Le héros de ma chanson ! LE héros de Mörlenfurt ! La ménestrelle semblait soudainement révoltée, comme si on venait d’insulter son compagnon. - Laisse, Shannon, - dit alors le dénommé Jürger, - ça ne vaut pas la peine… - Mais bien sûr que sii ! Braves gens ! C’est lui, le héros ! Lui et Dagan ! Le chevalier Dagan se contenta d’approuver du chef, lui-même paraissant quelque peu dépassé par la situation. Ce fut alors que quelqu’un se fraya un chemin dans le cercle des spectateurs… - Excusez-moi ! (Le vampire eut un frémissement en voyant que c’était la dame à l’objet magique redoutable) Excusez-moi ! J’ai raté quelque chose, il se passe quoi ici ? - Rien, rien, - l’homme aux cheveux mi-blancs se rasseyait et remettait sa veste et sa capuche. – Tout va très bien. - Mais… - la ménestrelle semblait au bord des larmes. - Bah ? La demoiselle à la veste de cuir s’approcha vivement de la musicienne et lui demanda encore ce qui s’était passé. Malheureusement pour elle, la jeune femme peinait à trouver ses mots, aussi la demoiselle se tourna plutôt vers l’assemblée : - Eh bien ! Qu’est-ce que c’est que ce traquenard ! Qui a fait pleurer la donzelle ! Et comme je vous connais, j’offre une bière à celui qui balance le coupable ! A sa grande surprise, un silence encore plus gênant retomba. Cependant, avant qu’elle ne fût déconcertée ou ne s’énervât davantage, Von Essen lui-même se leva de son siège et s’approcha des deux femmes. Intérieurement terrifié par ce qu’il faisait, il posa familièrement la main sur l’épaule de la demoiselle, avant de lancer : - Désolé, ma sœur, nous sommes tous un peu coupables ici. Voyez-vous, on a du mal face aux malheurs des autres… La tension sembla monter d’un cran, alors même que derrière la demoiselle et lui, la ménestrelle ne parvint pas à retenir un sanglot… La dame au talisman le fusilla du regard, et le chroniqueur se demanda vaguement pourquoi il continuait à afficher un sourire condescendant à son encontre. Il la vit refouler sa main d’un geste sec, et l’entendit dire : « Tu veux ma main dans la figure ?... » - Hé ! – l’air indigné, il fit un pas en arrière. – Pourquoi c’est moi qui prendrais pour tout le monde ? Cette femme chante les exploits d’un saint homme, et quand le saint homme se révèle être un lépreux, tout le monde se détourne de lui ! Est-ce que c’est moi le coupable ?! Il entendit le tambourin tomber à terre, et vit la ménestrelle disparaître à l’escalier menant à l’étage ; elle était partie en pleurant. Puis, il entendit des poings se serrer dans la foule. « Veste de cuir » le regardait également avec l’amabilité d’un ours qu’on a réveillé en hiver. - Qui traites-tu de « lépreux » ?! – questionna-t-elle avec férocité. - Personne ! Mais cet homme, là, dans la foule… - Von Essen pointa Jürger du doigt, - …est un héros, un vrai héros de guerre, sauf qu’il n’est pas beau à voir. Et je suis le seul à l’avouer haut et fort ! - Comment oses-tu… - « Malfaisant » ? C’est à ça que vous pensez ? Ha ! On traite de malfaisant tous ceux qui disent la vérité au détriment des apparences. Moi, je dis que personne dans cette foule, personne, vous m’entendez ? Personne ne voudra jamais voir ce pauvre homme pour ce qu’il est vraiment, un brave, simplement parce qu’il a deux yeux comme les miens et parce qu’il semble tout le temps tourner de l’œil ! - Ferme ta sale gueule !!! Un puissant coup au menton envoya le vampire voltiger contre le mur de la salle. Il encaissa le choc, mais atterrit sur ses deux pieds. Son sixième sens lui indiqua qu’un autre coup arrivait, mais quelque chose le retint au dernier moment… - Arrêtez. Ça ne vaut vraiment pas la peine. La demoiselle se retourna, un léger frisson la parcourut lorsqu’elle vit celui qui retenait son bras : pâleur extrême, expression grave, voire menaçante… Von Essen se redressa, jaugea l’état des lieux, se demanda quelle mouche l’avait piqué à être aussi bavard en cette soirée de printemps. - Vous… - le dénommé Jürger le regardait à présent, une fois la dame apaisée… - Vous avez fait pleurer Shannon. Le chroniqueur fut subitement convaincu qu’on venait de prononcer son arrêt de mort. La demoiselle au poing lourd n’était rien à côté de cette simple affirmation lourde de sens, de ce simple constat d’un fait accompli, fait qui allait entrainer quelque conséquence qu’il ne voulait surtout pas imaginer… - La vérité n’en vaut pas la peine. Sachez-le, tout simplement. Médusé, Von Essen l’observa s’en retourner vers son grand compagnon, puis l’entrainer vers l’escalier, alors que la foule leur créait un passage. Ce ne fut que lorsqu’ils s’éclipsèrent totalement que tous les regards se tournèrent vers lui, le chroniqueur... « Oh non… » - Je participe au tournoi de la Reiksguard ! – lança-t-il à l’assemblée qui les encerclait, la demoiselle à la veste de cuir et lui. – Si vous souhaitez régler vos comptes avec moi, faites-le sur le sable de l’arène ! Il fut alors immédiatement saisi au col par la demoiselle, qui le replaqua au mur : - Oh, ça, j’y compte bien, monsieur-la-grande-gueule, et je trouverai d’autres surnoms pour toi, tu peux me croire ! - Je… Vos compagnons veulent manifestement me casser les rotules avant que ça n’arrive. Je vous serais gré de les retenir. La demoiselle le dévisagea longuement, avant de se tourner vers le cercle d’hommes et de femmes : - Laissez-le ! Vous avez entendu le sire Jürger : il n’en vaut pas la peine ! Laissez-le partir ! – et elle lâcha son emprise sur le col du vampire. Ce dernier n’attendit pas de se faire prier, et se fraya tant bien que mal un chemin à travers la foule qui le regardait de travers. Tenté de lancer une dernière pique en sortant, il y renonça en repensant au visage éploré de la ménestrelle. Dans la taverne, on déclara immédiatement la fin du service.
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Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Mer 24 Mai 2017 - 1:19
A chaque jour qui passait, les arrivées s’espaçaient et les heures s’allongeaient. Il ne restait que quelques jours avant la fin des inscriptions. Que cela se finisse vite, pensa-t-il. Depuis des semaines qu’il était assis sur cette chaise, à sentir le bois maltraiter son fessier et les courants d’air à lui laisser des torticolis à répétition. Si seulement on pouvait fermer ces portes… Quand il leva les yeux vers elles en soupirant, un mouvement attira son regard. La lumière de l’extérieur se reflétait sur quelque chose qui faisait apparaitre un éclat bleuté dansant sur le pan de la porte. Puis il entendit des bruits de métal qu’il avait appris à reconnaître. Un chevalier en armure s’approchait. Il se redressa, un peu, juste histoire de faire bonne figure. Mais il ne put s’empêcher de faire les gros yeux quand la personne passa les fameuses portes. Un homme en armure complète s’avançait d’un pas serein mais vif. Il commençait à avoir l’habitude des auras de puissance qui émanaient des visiteurs, mais il n’aurait jamais cru en voir une vraie ! L’armure, aussi claire que le ciel, diffusait une lueur bleutée tout autour du guerrier. Ce phénomène trouva écho sur la garde ouvragée dépassant d’un long fourreau à sa ceinture et sur un écu quasiment aussi grand que le scribe, que le seigneur portait sans peine à sa main gauche. Il le posa contre la table d’un geste fluide dans l’intention d’enlever son heaume. Hans Friedrich von Hansa prit sa plume qu’il trempa dans l’encrier et se prépara à écrire le nom du chevalier… - Katarina Snjegynka. Pour l’épreuve des joutes. … De la chevalière. Il releva la tête, surpris. Il découvrit des yeux d’un bleu cristallin, un chignon sommaire mais efficace renfermant des cheveux entre le blond éthéré et le roux chaleureux, et une peau pâle comme la neige. Ce visage aux lèvres fines aurait pu être angélique si son expression n’était pas aussi sévère. - Un problème ? - Euh… Du tout. Vous venez du Kislev ? - Exact. - Bien, bien. - Non, pas comme ça. - Pardon ? - Le nom. Snjegynka. S-n-j-e-g-y-n-k-a. - Oh, toutes mes excuses. - Quand auront lieu les premiers combats ? - Dans trois jours. - Parfait. Sans plus de cérémonie, la dénommée Katarina s’apprêta à remettre son heaume, mais se figea à mi-parcours et fronça les sourcils. Il n’eut pas le temps de l’interroger qu’elle se retourne en direction des portes. Sur le seuil se tenait une silhouette beaucoup plus fine, plus élégante, plus noble. La courtisane analysa la pièce d’un regard suffisant et finit par braquer son attention sur la guerrière. Le scribe assista à un échange de regards qui aurait pu durer une éternité sans en comprendre la moindre raison. La chevalière posa délicatement sa main sur la garde de son épée. La noble baissa son ombrelle et la referma. Et sans quitter des yeux la kislévite, elle annonça : - Je veux m’inscrire aux épreuves à pied. La combattante haussa les sourcils d’étonnement et scruta la nouvelle venue sans aucune gêne. Les cheveux bouclés et noirs de jais, la peau diaphane, les yeux sombres et le sourire hautain, elle tenait de sa main fine et délicate une ombrelle blanche en dentelle. Cette jeune femme semblait prête à célébrer toute réception éventuelle, parée de ses multiples bijoux et de sa robe d’apparat. Aux premiers abords, rien qui n’indiquait une quelconque capacité martiale. Mais certains détails attirèrent l’œil expert de Katarina. Un pli particulier de sa robe au bras gauche indiquait la présence d’une arme, sans doute une dague. Quand la courtisane se rapprocha du bureau, elle remarqua un pas souple et précis, et un regard qui englobait toute la salle. Elle hocha la tête, et la femme lui rendit d’un mouvement sec. L’une et l’autre s’étaient reconnues, et un accord tacite venait d’être passé. Katarina remit son heaume, prit son bouclier et repartit après un bref salut pour le scribe. - Dame Malvira de Madrugada. Le scribe sursauta quand la jeune femme tapa dans les mains. - Vous notez ? Dame Malvira de Madrugada ! - Mais… Hans sentit la chaleur lui monter au visage. - Mais… Dame… Vous, dans un tournoi ? - Vous insinuez que je suis une incapable ? Une de ces pauvres demoiselles qui ne sont jamais sorties du palais ? - Non… non… Je… - Il suffit. Inscrivez-moi sur cette liste, et ne vous occupez pas du reste. - B-bien… Malvira vérifia avec soin son nom inscrit dans le grimoire. Puis, sans même une parole, elle se dirigea vers la sortie, ouvrit son ombrelle avec précaution, et partit d’un pas mesuré, la tête haute.
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Mer 24 Mai 2017 - 1:42
Scène 1 : Une place des faubourgs d’Altdorf. Il fait beau, presque chaud. Devant la boulangerie, grosse bâtisse de pierre au milieu d’un quartier d’habitations moins solides, un attroupement s’est formé. Des passants et des badauds d’habitudes préoccupés par le marché qui se tient normalement en ce milieu d’après midi. Un attroupement s’est formé autour de la boutique, des civils discutent avec des soldats en uniformes locaux. Certains portent une arquebuse sur l’épaule, d’autres des hallebardes, et tous passent le comme s’ils attendaient depuis longtemps. Même celui qui semble commander cette troupe dissipée a enlevé sa botte et se masse le pied.
Premier passant : Excusez-moi sir capitaine…
Le sergent : Sergent.
Premier passant : Pardon, mais pourriez-vous me dire ce qu’il se passe ici ?
Le sergent : Rien de bien amusant, nous gardons la maison Pendant que d’autres fouillent depuis presque midi.
Premier passant : Une boulangerie ? Mais pourquoi ? Qu’y a-t-il ?
Le sergent : Je n’en sais pas grande chose, une histoire de grimoire : Un répurgateur est venu d’une autre ville Nous réquisitionner je crois jusqu’à ce soir.
Une passante : Mais pourquoi par Sigmar s’en prendre à cette maison ?
Le sergent : Je viens de vous le dire : il recherche un bouquin !
Premier passant : Mais une boulangerie…
Une passante : Où le pain est si bon !
Le sergent : Pour un répurgateur, ces gâteaux ne sont rien…
Un soldat : se relevant et époussetant son uniforme Les voilà qui ressortent ! Remettez-vous debout!
Le sergent : Il était temps, bon sang ! Ils furent longs, ma parole ! En criant : Tout le monde à sa place ! Civils écartez-vous ! à sa troupe : Ramasser-moi les dés, tous droits sur vos guiboles!
Scène 2 Un groupe d’une demi-douzaine de soldats épée à la ceinture sortent de la boulangerie en entourant un homme qui, les mains attachés devant lui, se fait tirer par une corde attaché aux poignés. Il n’émet pas de mots clairs, mais tente de parler : il a un sac noir sur la tête, mais on se doute qu’un bâillon lui a été imposé. Les nouveaux soldats font un signe à l’un de ceux qui attendait, et celui-ci cours détacher un cheval sur lequel le prisonnier est jeté au travers de la selle sans ménagement. Le sergent se met à coté de la porte et fait claquer ses bottes au moment ou un dernier individu sort de la bâtisse. C’est un homme de très grande taille, maigre, à la barbe grise soigneusement taillée, et dont la moustache parfaitement horizontale, n’est pas loin de toucher les deux battants de la porte en même temps lorsqu’il franchit celle-ci. Il tient dans une main son chapeau, comme lui haut et fin, et dont le large bord semble aussi fripé que le manteau brun du répurgateur. Dans l’autre il tient une feuille de papier qu’il agite doucement pour en faire sécher l’encre. La foule s’écarte et lui se place au centre de l’espace ainsi formé. Il sort de sa poche une paire de petits lorgnions et commence à lire :
Richter Ketzerfeuer : « Moi, Richter Ketzerfeuer, le repurgateur Je declare hérétique maitre Boris Unschuldig Ayant trouvé chez lui un livre accusateur De sorcellerie noire, et de sciences de liches. Il sera emmené à la plus proche prison Pour y être jugé, condamné et pendu Au nom de l’empereur. »
Le sergent : Nous vous escorterons ?
Richter Ketzerfeuer : Merci, mais non merci, indiquez-moi la rue Vous fûtes fort efficaces pour dormir là-dehors Aussi vais-je me charger de ce piètre fardeau.
Le sergent : un brin vexé Mais nous sommes la garde… c’est de notre ressort…
Richter Ketzerfeuer : la main s’approchant du pistolet Vous contestez mes ordres ?
Le sergent : reculant J’obéis aussitôt ! Aux soldats : Toi ! Apporte le cheval ! On rentre à la caserne !
Scène 3 Une rue en pente des quartiers d’Aldorf. La voie est large, assez peu animée. Quelques habitants marchent sans trop regarder autour. Le répurgateur entre en montant la rue, tenant le cheval par la bride, et par-dessus, toujours en travers, le boulanger gémit à chaque mouvement de la monture. Le chasseur de sorcière sifflote en tout en cherchant visiblement son chemin. Un prêtre guerrier entre en scène par le côté opposé.
Trouptili de Carrousel pour lui même : Une mission à Osburg! Quelle confiance on me fait! Une enquête facile, et nuit payée à la taverne !
Richter Ketzerfeuer pour lui-même : Quel manque de chance je suis perdu… Si je savais Où aller dans ce labyrinthe… Cherchons de l’aide Excusez-moi ?
Trouptili de Carrousel un peu surpris : Euh… oui monsieur?
Richter Ketzerfeuer : Pardon mon père, Je ne sais comment l’on accède A la grande prison, c’est pour ce ennuyeux Votre ville n’est pas Nuln, aussi suis-je perdu…
Trouptili de Carrousel : Euh… la prison… voyons… Prenez d’abord par là ou a droite… attendez… Je ne me souviens plus…
Richter Ketzerfeuer : Mais vous êtes d’ici ?
Trouptili de Carrousel paniquant Mais bien sûr ! Par ma foi ! D’ici depuis toujours ! Tenez votre chemin… Hésitant tout droit, tout droit, à droite, puis encore une fois Et après la fontaine… Sur la gauche surement !
Richter Ketzerfeuer : Vous en êtes certain ? Je n’ai pas tout suivi…
Trouptili de Carrousel tentant de se convaincre lui-même : Mais si ! je vous assure ! vous trouverez facilement !
Richter Ketzerfeuer méfiant : Et bien… si vous le dites… J’y vais donc… Grand merci…
Les deux repartent en se croisant. Trouptili accélère au fur et à mesure qu’il s’éloigne.
Scène 4 Le hall d’entrée de la commanderie de la Reiksguard. Il y a moins de monde que les derniers jours, et en cette toute fin de journée, la table d’inscription est – fait notable - directement accessible. Le petit homme assis au bureau, le dos plié par des années de services derrière ce genre de meuble est visiblement occupé reremplir les encriers en vu des inscriptions du lendemain. Le répurgateur entre dans le bâtiment, avec le cheval et son chargement.
Richter Ketzerfeuer : Ils sont riches à Aldorf ! Regardez moi cette geôle ! Dommage, cher hérétique, que vous ne restiez pas !
Le scribe: Pardon ! Vous là ! Oui, vous ! Où portez vous ce drôle ?
Richter Ketzerfeuer : Etes-vous un registre ?
Le scribe: Si on veut… mais voilà Il me semble bien tard pour un nouvel inscrit...
Richter Ketzerfeuer : Vous refuser d’inscrire un nouvel arrivant ? C’est contre toutes les lois ! Vous risquez votre vie !
Le scribe: Très bien, très bien, pardon… (à lui même) tentons d’être apaisant Qui donc est à cheval ?
Richter Ketzerfeuer : Mais vous le voyez bien ! C’est cet homme là-dessus !
Le scribe: Et vous… vous êtes à pied ?
Richter Ketzerfeuer : Ça me semble évident ! Vous ne voyez donc rien ?
Le scribe: Mais si… je vous assure… cet homme est cavalier?
Richter Ketzerfeuer : Donc… pour résumer : Boris Unschuldig monté ! Richter Ketzerfeuer, c’est moi même, est au sol !
Le scribe: Il est donc à cheval… et puis vous vous marchez ?
Richter Ketzerfeuer : (A lui même) Leur administration, par Sigmar, semble folle ! C’est donc si important cette locomotion ?
Le scribe: C’est primordial bien sûr ! (il griffonne un peu) J’ai fini de noter.
Richter Ketzerfeuer : A la bonne heure… enfin ! Qu’est-ce que ce fut long ! Où puis-je vous poser l’homme ? Où donc peut-il loger ?
Le scribe: Quelques inscrits sans chambres peuvent dormir ici Les chambres sont par là, vers la cours intérieur Continuez vers la cours, longez les écuries On vous indiquera…
Richter Ketzerfeuer : Fort bien… à tout à l’heure ! Je dépose ce gueux et ce sera fini.
Il sort de scène avec un air hautain, en se lissant sa longue moustache et en tirant la bride du cheval. Le scribe le regarde s’éloigner, soupir, range un peu ses papiers, et sort de scène à son tour en marchant courbé.
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Jeu 25 Mai 2017 - 1:02
Cette nuit-là, Altdorf dormait paisiblement.
Sur la pointe du toit de la plus haute tour du palais, le sire Rance du Corbeau se tenait debout, les bras croisés, et scrutait les étoiles. Dans la salle des archives du palais, à l’insu des gardes et des moines copistes, Helmut van Orsicvun consultait les rapports passés de l’Ordre du Marteau d’Argent. Par curiosité. Dans la cave d’une taverne gérée par un bretonnien, Jacques le limier se servait à une tonnelle aux frais de la princesse : il n’allait tout de même pas tout laisser aux nobles sires quand ses compagnons étaient assoiffés ! Au sein d’une chapelle du Graal non loin, Léonard priait la Dame. Pour qu’elle le débarrasse des cauchemars qui le visitaient depuis qu’il avait croisé une colonne de flagellants de Sigmar… A l’ombre d’une sinistre ruelle, un beau jeune homme aux cheveux noirs, courts et ébouriffés tenait dans son étreinte le corps inerte d’une jeune femme, désormais vidée de son sang. Dans une chambre d’hôtes du palais impérial, un homme et une femme goûtaient à un repos bien mérité après une journée d’entrainement. C’était un vieux couple, ils semblaient habitués à leurs propres ronflements. Thelma Auerbach, allongée sur un simple lit à l’étage d’une auberge, songeait aux mots de l’étrange individu qui l’avait prise de haut tout à l’heure. Quelle tête à claques, celui-là ! Mais le visage livide du héros de guerre revenait sans cesse la hanter. Le héros de guerre, installé dans une chambre au même étage, dormait du sommeil des justes, en face de son vaillant compagnon bretonnien. Von Essen voulait trouver dame Arken. Mais elle était en Azérotte. *Snif*. Malvira de Madrugada voulait aussi trouver dame Arken. Mais dame Arken était en Azérotte. *¡Coño !* A quelques lieues de la capitale, un grand homme à cape de fourrure s’arrêta devant un panneau routier. Mannslieb éclaira son sourire lorsqu’il lut « Altdorf ». Il fut immédiatement accosté par un chevalier qui semblait être surgi de nulle part : « Vous n’auriez pas du feu ? Mon briquet est vide… » Dans le Grand Temple de Sigmar, un vieux répurgateur bredouillait des paroles à peine audibles : « Je suis prêt à vous retrouver mes amours. J'espère avoir obtenu votre pardon...» Non loin de lui, un autre répurgateur remerciait Sigmar pour lui avoir accordé la capture d’un infâme cultiste du chaos.
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Samuel Aidamis des Sept Monts dormait dans un confortable lit, dans une des maisons aisées du quartier bourgeois. Quelle chance que sa famille eût des amis à Altdorf ! Dans la cour d’entrainement de la commanderie de la Reiksguard, quelqu’un effectuait des passes en solitaire. Il pensait aux affrontements qui l’attendaient. Dans la grande salle d’une taverne gérée par un bretonnien, trois illustres sires… Mais où sont-ils ? Ah… Trois illustres sires ronflaient sous les tables, tels des bienheureux. Un chevalier solitaire interpella les sentinelles sur les remparts pour qu’on vienne lui ouvrir. Mal réveillés, les gardes ne prêtèrent pas attention à la voix étrangement douce de ce nouvel arrivant. Depuis une fenêtre intérieure de la commanderie, un vieil homme kislévite observait avec intérêt les passes de l’inconnu dans la cour d’entrainement. Il ne parvenait pas à dormir à cause des ronflements de son voisin de chambre, un homme immense à la barbe foisonnante de coquillages. Ulrich von Stromdorf méditait dans une écurie. Son cheval de trait, naguère volé dans un village lointain, dormait paisiblement. Dans sa chambre du palais impérial, Katarina Snjegynka songeait à la vampiresse qu’elle avait croisée aux inscriptions. Pourquoi sa tête lui disait-elle quelque chose ? Alain Magnan ne dormait pas. Les chevaliers du Graal étaient-ils immortels ? La question le taraudait sans cesse. Martin Delatour dormait sur le lit de son seigneur. Pour une fois que celui-ci dormait sous les tables, il devait en profiter. Silvère de Castagne dormait à même la terre, à l’orée d’un bois touffu. Les hommes-bêtes redoublaient de vigilance pour éviter de le réveiller. Boris Unschuldig dormait dans une chambre. Le confort des cellules de la Reiksguard l’avait bien étonné, mais il ne s’en plaignait pas…
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Jeu 25 Mai 2017 - 21:29
En début de matinée, Hans Friedrich von Hansa eut la surprise de voir la Großmeister Gentevigne venir déposer sur sa table un petit panier en osier… contenant de grosses baies juteuses. - Et voila pour vous, courageux fonctionnaire ! – dit-elle d’un ton gaillard. – Les premières fraises de la saison, profitez-en, vous le méritez bien ! Le greffier en perdit son latin, parvenant seulement à balbutier un « merci » maladroit, observant les fraises comme s’il en voyait pour la première fois. La vieille halfling le regarda un moment, amusée, avant de lui souhaiter bon courage. Après tout, c’était le dernier jour des inscriptions au tournoi… Elle disparut ensuite dans les couloirs de la commanderie, comme à son habitude. Agréablement surpris, Hans s’autorisa à déguster une fraise, qu’il trouva très bonne. Souriant finalement, il décida de manger tout le contenu du panier sans tarder, guidé par l’instinct de celui qui a grandi à Marienburg… Dans la cité marchande, tout ce qui trainait sans défense était une offre à Ranald, ou pire.
Lorsque deux individus bâtis comme des armoires firent irruption dans le hall, il avait presque fini son festin. Tous sens en alerte, comme pressentant quelque mésaventure, Hans s’empressa de mettre les dernières fraises dans sa bouche, et rangea le panier. Les deux individus se tinrent alors devant lui. - Bonjour, monsieur. – tonna le moins grand des deux. Tous deux étaient barbus, voire hirsutes, leurs vêtements semblaient faits en peaux d’animaux sauvages et, pliées sur leurs bras, ils portaient d’épaisses capes de fourrures. La journée s’annonçait chaude. - Nous voulons participer au grand tournoi. – ajouta le moins grand. - Euh… Naturellement, - finit par répondre Hans, avalant les fraises, certainement intimidé par la carrure des étrangers. Pourquoi les étrangers étaient-ils toujours aussi grands et forts ? - Mon nom, - l’homme mit sa main sur sa poitrine, - est Ivan Dariev, et son nom, - il désigna son compagnon, qui faisait une tête de plus que lui, - est Dmitrij Donskoj. - Pour les épreuves à pied, ou les épreuves à cheval ? - Les épreuves à pied. - Tous les deux ? - Da. Enfin, oui. Le greffier nota soigneusement les nouveaux noms, suite à quoi les deux individus le saluèrent et s’en allèrent.
Une demi-heure plus tard, alors que personne ne venait se présenter au tournoi, Hans réfléchissait à une nouvelle sérénade pour sa douce. Se penchant frénétiquement sur un parchemin vierge, il se sentait inspiré par un premier quatrain : Douce dame jolie, Pour dieu ne pensés mie Que nulle ait signorie Seur moy fors vous seulement…
Il lui semblait vaguement qu’il s’agissait d’un chant bretonnien, mais qu’importe ! Par amour, on faisait même du plagiat !
- Je détecte de l’hérésie dans l’air ! Qu’écrivez-vous là, jeune homme ?! - Qu’ – Hein ?? Le greffier leva à peine son nez qu’on lui arrachait le papier des mains ; il reconnut immédiatement les insignes d’un serviteur de l’Eglise de Sigmar : l’amulette de la comète, le chapeau à larges bords, le manteau… - Heu… Ce n’est pas… - Hm… Cette manière d’écrire ne me semble pas tout à fait orthodoxe ! Qu’as-tu à dire pour ta défense, impie ?! - C-c-c’est de la poésie, votre sainteté ! C-c-c’est pour une sérénade… - Une sérénade ? – pendant un instant, le répurgateur fit une moue dubitative. – Les seuls vers que vous devriez écrire, jeune homme, ce seraient des vers à la gloire de l’Empereur ! Mais bon, il faut bien des familles, même si c’est souvent source de péché… Il reposa le parchemin sur la table, et Hans s’empressa de le ranger dans sa poche. - V-v-votre sainteté désire… - Inscrivez mon nom au grand tournoi de la Reiksguard. Mathias Thulmann. Et pas un mot à personne à ce sujet, compris ? - M-mais on devra bien vous p-présenter devant tout le monde, je ne vois pas… - Pas un mot !! - Compris ! Euh… Joutes ou épreuves… - Epreuves à pied, par Sigmar. - … V-voila, votre sainteté. Vous voila inscrit. - Bien. Sigmar vous bénisse, jeune homme. Priez Sigmar et il vous entendra. - Oui votre sainteté… - Et glorifiez le nom de l’Empereur ! – le répurgateur se détourna finalement du pauvre Hans et se dirigea vers la sortie. – Des sérénades… Par Sigmar, des sérénades… Lorsqu’il eut enfin disparu, Hans souffla en essuyant la sueur de son front. Qu’est-ce que Sigmar pouvait venir faire dans un tournoi ? Et qu’avait-il contre les sérénades ?! Quelque peu nerveux, le greffier ressortit son parchemin pour réfléchir à la suite.
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Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Jeu 25 Mai 2017 - 21:58
Hans fut évidemment interrompu dans ses recherches de lyrisme, mais très poliment cette fois-ci. Devant lui se tenait nul autre que le noble Heinrich Reinhardt, précepteur de l’Ordre de la Reiksguard, un des rares collègues de Narcisse Gentevigne. - Inscrivez-moi aux épreuves des joutes, - dit-il après s’être présenté. Le greffier s’executa promptement, à la fois par souci d’efficacité, par volonté de bien servir ce fier mais courtois général et par envie de poursuivre sa « création ». Cette fois-ci, il n’attendit pas que la haute figure du précepteur disparaisse dans la rue avant de reprendre. Hélas, la chance ne semblait pas lui sourire en ce jour… - Messire von Hansa ! Messire ! Le greffier, à la fois agacé et surpris, reconnut l’homme en noir qui était au courant pour ses amours. Son nom, par contre, lui échappait. - Messire ! – dit l’homme, visiblement essoufflé et inquiet. – Je reviens du palais, votre douce semble être dans un état de détresse sentimentale. Quand je l’ai vue dans la cour, elle semblait au bord des larmes… La mâchoire du pauvre Hans retomba en entendant la nouvelle, mais il se ressaisit et se leva promptement, avant de se figer : - Je… Les… - Bah, allez donc la trouver ! Je m’occuperai des inscriptions jusqu’à votre retour. Foncez, c’est peut-être votre chance ! Toujours les nerfs à vif, le jeune homme prit quelques secondes avant de comprendre, jaugea l’homme qui lui faisait face, finit par hocher la tête. - Merci ! – lui lança-t-il en courant vers la sortie. - De rien ! – répondit Helmut van Orsicvun en s’asseyant à sa table. Le temps que ce brave mortel se rende compte que sa belle n’était pas au palais, mais chez elle, dans le quartier aisé, il aurait tout le temps pour consulter, voire recopier le registre… Oh, tiens, ça, ce n’est pas un registre. Ha, en voila un honteux plagiat. Mais le vers est fort joli, fort joli, admettons-le…
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Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Ven 26 Mai 2017 - 1:16
Altdorf. Le quartier riche. Une grande demeure parmi les autres.
- Entre, Salira. - Bonsoir Dame, bonsoir Massa. - Chère sœur... - Tu semble soucieuse. Des nouvelles en provenance du palais ? - En quelques sortes. Cela concerne plus directement la sans-grâce. - Oh, Malvira. Je t'écoute. - Elle s'est inscrite aux épreuves à pied. - Quoi ?! Mais quelle... - Massa, un peu de retenue. - Pardon, Dame. - Toujours est-il que je suis déjà au courant. - Vous m'en voyez surprise. - Cette petite est venue me voir il y a quelques semaines, lors de notre passage au Pinacle. - Dame, avec tout mon respect, vous ne devriez pas rester seule avec une sans-grâce. - Douterais-tu de ma capacité à me défendre, Massa ? - Vous savez bien que non. Mais il est de mon devoir de m'en inquiéter. - Je n'en attends pas moins de ma garde personnelle. - Dame, pourquoi la laisser faire ? Ce geste inconsidéré est risqué pour notre identité. D'autant plus que j'ai eu vent de la participation de certains sigmarites... - Eh bien, si tu veux tout savoir, Salira, elle est venue m'en demander l'autorisation, et j'ai accepté. - Comment ? Mais vous n'avez pas... - Non, évidemment. Mais elle le convoite. - Dame, c'est une sans-grâce, elle essaiera avec n'importe laquelle d'entre nous. - Justement, non. Cette petite a de l'ambition. Oser quémander une telle faveur directement à l'une des membres du Haut Conseil... - Elle a osé vous le demander ?! - Bien sûr que non. Mais ses intentions sont limpides. Même trop limpides. - Cela ne me dit toujours pas pourquoi vous la laissez participer. - Cela m'amuse. - Votre goût pour l'amusement me laisse toujours aussi perplexe, malgré tout ce temps passé. - Dame, votre divertissement risque de mettre à mal la mascarade. - Balivernes. D'autres de notre race y participent déjà. N'est-ce pas Salira ? - Il est vrai. Hormis la sans-grâce, six y participent, en joutes ou à pied. - Un problème, Massa ? - Dans ces conditions, je ne comprends pas votre refus. - Voyons, ma chère, tu n'as rien à me prouver, je connais déjà ta valeur. Inutile de perdre ton temps parmi les mortels. - Excusez-moi, Dame, mais je m'inquiète de vos intentions. Vous ne l'avez pas fait, mais cette discussion me fait craindre vos actions futures. - Par la Reine, seriez-vous jalouses toutes les deux ? - Comment ? - Pas du tout. - Ahahah ! C'est donc cela qui vous inquiète... détendez-vous, chères suivantes. Je crains d'avoir trop d'affection à votre égard pour vous remplacer de la sorte, qui plus est par une femme de sa condition. - Mais alors, pourquoi lui prêter tant d'attention ? - Tant qu'elle aura pour objectif de rentrer dans mes bonnes grâces, elle ne fera rien qui puisse nuire à la Reine. - Et elle espère gagner votre estime par ce tournoi ? - Il semblerait, en effet. - Dame, l'éliminer serait plus efficace et mettrait un terme à toute cette histoire. - Et me priver d'un pion sacrifiable ? Voyons, ma chère, je vous l'ai dit. Je vous affectionne trop pour vous envoyer faire les basses besognes.
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Ven 26 Mai 2017 - 1:58
« Remuez-vous, tas de fainéants ! Je ne voudrais pas que vous me fassiez honte alors que les plus grands chevaliers du monde viennent nous rendre visite ! » La Großmeister Gentevigne passait entre les différents chevaliers qui s’entraînaient, son œil acéré ne ratant aucune des erreurs des nombreux combattants qui occupaient la place principale du fort. « Gareth, ta garde est pleine de trous ! Redresse-moi ça en vitesse. Dieter, si tu tiens ta lance comme tu tiens ta fiancée, je ne te prédis pas un grand succès ce soir. Un peu de fermeté bon sang ! » Les remarques fusaient sans faiblir, malgré l’heure tardive. De son point de vue sur un des balcons, Wilhelm observait avec admiration l’œuvre de cet étrange maître d’arme. Cela le plongeait dans la nostalgie du temps où il avait manié l’épée et la lance pour la première fois, sous la houlette de Waldemar Hirtmann. Ce vieux chevalier lui avait mené une vie très dure lors de ses jeunes années, mais il avait aussi formé des générations entières de guerriers qui lui faisaient honneur sur le champ de bataille. Mais bien sûr il était mort maintenant, quoique si la réincarnation existait il aurait très bien pu revenir dans le corps de Narcisse Gentevigne. En termes de combattants aguerris, le dragon de sang avait vu passer du beau monde ces jours-ci. Bien sûr il méconnaissait la plupart d’entre eux, même si la présence d’un certain Von Essen n’en finissait pas de le faire sourire. Le souvenir de la mine déconfite de l’arrogant vampire projeté à bas de sa monture était un des meilleurs souvenirs de sa non-vie. Mais chacun des jouteurs inscrits offrirait un grand défi, il en était certain, et frémissait d’avance à l’idée de se mettre à l’épreuve de tant de grands noms. Le soir avançait doucement, et les teintes orangées du crépuscule illuminaient encore le ciel. C’était son moment préféré de la journée, où il pouvait encore croiser des mortels sans être importuné par les rayons du soleil. Ceux-ci étaient cependant les grands absents ces derniers jours, preuve s’il en fallait une que de nombreux vampires étaient également présents. Wilhelm ne pouvait pas leur en vouloir, car après tout lui-même était là. Mais il savait d’expérience que la plupart du temps ceux de sa, disons, race, ne prisaient pas le combat autant que lui, et que leur venue était certainement motivée par quelque motif obscur et certainement pendable. Mais il se moquait bien de leurs complots, tant qu’ils ne mettaient pas en jeu la forteresse de son ancien ordre. L’absence de ses compagnons d’armes du Fort du Sang l’attristait, mais les connaissant il savait qu’il aurait tout le temps de les croiser lors d’autres occasions. Après tout, ils avaient tous l’éternité devant eux. Un mouvement en contrebas attira son attention : il aperçut deux hommes quitter un bâtiment administratif et longer la cour d’entrainement :
- Vous savez, seigneur Magnan, je ne suis pas le seul paladin de la Dame qui existe, je suis certain que dans la capitale… eh bien… vous en trouverez d’autres, plus instruits que moi. - Mais… Je vous demandais seulement comment mérite-on les bonnes grâces de la Dame… - Défendez la veuve et l’orphelin, pourfendez les monstres et les brigands, priez régulièrement. Je n’ai pas l’impression de vous apprendre grand-chose. - Ah oui. C’est vrai qu’on fait pareil chez nous.
Ce fut comme si son cœur s’arrêtait à nouveau de battre. Le premier était manifestement un membre de la Reiksguard, à un grade élevé si on en jugeait par la qualité de son armure. Il était vieux, mais tout dans sa façon de marcher montrait qu’il maîtrisait parfaitement son corps et son environnement. En quelques secondes il le vit prendre note de tous ceux qui se trouvaient dans son champ de vision et les surveiller du coin de l’œil, et ce de façon instinctive. Un grand guerrier, sans aucun doute, mais Wilhelm n’avait d’yeux que pour celui qui se trouvait derrière. Ce chevalier en armure rutilante, portant une cape blanche aux reflets argentés et qui dégageait une intense aura de pureté et de chevalerie. C’était lui. Il était venu. Silvère de Castagne était arrivé. Wilhelm sourit, ce qui pour un observateur extérieur aurait pu passer pour un rictus mauvais, alors qu’en réalité il n’était animé par aucune envie de meurtre. Seulement de combat. Mais il résista à l’idée de le rejoindre pour le défier maintenant, laissons plutôt faire le destin. Avec un peu de chances ils s’affronteraient durant des joutes, et sinon on verra bien. Le tournoi vient de commencer, alors pourquoi tout précipiter maintenant ? Le chevalier de sang attendit que les deux chevaliers s’en aillent de la cour, vers le grand hall et la sortie. Tout ceci étant dit, il fallait se maintenir en forme, et en une succession de gestes fluides Wilhelm sauta de son balcon et rejoignit les recrues de la reiksguard qui terminaient leur entraînement. Dégainant son épée, il commença une succession de passes dans les airs pour s’échauffer, et tout à sa concentration il ne vit pas la Großmeister s’arrêter dans sa verve pour jeter un œil à la fois intrigué et fasciné à ce guerrier qui en quelques secondes avait ridiculisé tous ses élèves présents ici. « Regardez bien ce chevalier » - lança-t-elle, « voyez ce qu’un entraînement rigoureux et une discipline de fer permet d’atteindre. Allez, on continue ! Je ne veux voir personne faiblir avant la tombée de la nuit ».
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Accoudé à une fenêtre donnant sur la cour, Helmut van Orsicvun n’était pas non plus resté indifférent au passage des deux chevaliers. Il était penché sur un rapport très intéressant de ses agents sur certains des participants au tournoi (et diable, certains semblaient redoutables) tout en gardant un œil sur les allées et venues au-dehors. Ce tournoi allait être passionnant, mais aussi plein de risques, à commencer par la grande quantité de chevaliers du graal et de répurgateurs présents, sans parler de la présence vampirique. Qu’est ce qui avait amené tant de non-morts à cet endroit ? Helmut avait quelques idées, à commencer par l’inratable Wilhelm Kruger. C’était même presque insultant que personne n’avait encore pris en compte que c’était un vampire et réagi en conséquence. Mais cela allait aussi pouvoir se révéler être très utile en cas de besoin. Par contre, des participants comme Von Essen ou Ulrich von Stromdorf n’était pas aussi faciles à lire, surtout le premier. Les rapports de ses agents étaient étranges à son sujet, et Helmut hésitait à le qualifier de génie malchanceux ou de l’exact opposé. Mais en aucun cas ne fallait-il le sous-estimer, et ses plans, quels qu’ils soient, devaient être découverts (et au besoin détournés, on ne sait jamais). Quant aux deux chevaliers qui venaient de passer, Helmut mit à profit chaque seconde d’observation pour mieux anticiper l’avenir. L’un d’entre eux était distinctement un chevalier du Graal (encore un) et qui plus est un des plus puissants qu’il lui avait été donné de voir. Helmut se fit la réflexion qu’il allait encore falloir consulter quelques rapports impériaux top secrets dans pas longtemps, histoire de savoir de qui il s’agissait. Mais l’autre était définitivement plus intéressant. D’apparence il s’agissait d’un vieux chevalier, au grade de Grand-Maître de la reiksguard si on en croyait son armure, et son âge correspondait à cette hypothèse (on ne devient pas grand-maître à trente ans). Mais c’est tout le reste qui fit qu’Helmut le fixa pendant le trajet que fit l’homme dans la cour du fort. Il se mouvait avec une grâce presque féline, et ses mouvements trahissaient une surveillance quasi-instinctive de son environnement tout en minimisant les angles morts. Comme s’il s’attendait à être attaqué à tout instant. Helmut n’avait vu ce genre de comportement que chez un certain type de personnes : les gens comme lui, qui agissaient dans l’ombre et le secret. Jusqu’à présent les chevaliers qu’il avait vus avaient plutôt l’habitude de se mettre en valeur, mais celui-ci au contraire semblait préférer la discrétion. L’omniscience de l’homme semblait telle que sur le coup, Helmut eut hésité à fermer les volets de sa fenêtre, avant de se rendre compte que cela ne servirait justement qu’à se faire remarquer. Retournant à ses notes, Helmut observa du coin de l’œil le sire Kruger se mettre à enchaîner les passes sur le terrain d’entraînement. Si personne ne l’a encore repéré, l’humanité est définitivement perdue, pensa-t-il. Revenant à ses pensées initiales, il décida de prendre le plus tôt possible des informations sur les deux nouveaux arrivants. Leur nom, leur activité officielle, et surtout tout ce qui pouvait avoir à trait à une quelconque activité parallèle. Il y avait un mystère là-dessous, et il n’avait jamais pu résister aux mystères.
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Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Ven 26 Mai 2017 - 2:21
"Vous les voyez vous ? - demanda Sire Robin Osbourne, shérif de la ville albionnaise de Rottingham à son compagnon de voyage. - Non, - lui répondit celui-ci, un chevalier répondant au nom de Gerciflet de Hauteville. - Ah bah tourné vers là-bas c'est sûr, moi non plus je ne vois rien… - persifla Robin, agacé. - Ah, oui, vous avez raison ! Enfin, vous savez bien que depuis cette blessure à la tête, il m'arrive parfois de perdre mes esprits. - Mes excuses, je ne voulais point vous courroucer". Les deux hommes étaient dans une sale situation. En route pour le grand tournoi de la Reiksguard, ils escortaient une charrette remplie de feux d'artifice destinés à illuminer les soirées des joutes. Sire Robin, en effet, était versé dans l'art de la pyrotechnie, et comptait à la fois participer au tournoi et assurer l'animation. Le voyage vers Altdorf s'était jusque-là déroulé sans encombre, mais lors de la traversée d'une forêt, l'attelage s'était approché un peu trop près d'un campement orque. Heureusement, les deux chevaliers les avaient aperçus à temps et avaient convenu de faire un détour. La manœuvre semblait avoir réussi, mais au dernier moment, les orques les avaient repérés et se dirigeaient à présent droit sur eux. "Messire, avez-vous un plan ? - demanda Gerciflet. - J'y travaille. Hum. On pourrait faire comme les scorpions qui se suicident lorsqu'ils sont entourés par le feu. On fait un feu en forme de cercle autour d'eux et… hum, non. Nous n'avons pas le temps d'allumer un feu aussi grand. Voyons voir… Il doit y avoir autre chose, - dit Robin, les yeux dans le vague. - Pourquoi ne pas utiliser la saucisse de Géorgie ? - interrogea Gerciflet, désignant un des coffres dans la charrette. - Bonté, non ! Cette substance est un peu instable, - répondit le shérif. - On va déjà tirer quelques fusées dans leur direction, avec un peu de chance, ça va les effrayer".
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Enfin, Altdorf, et la commanderie de l'ordre de la Reiksguard ! Après une journée perdue à essayer de semer ces maudits orques en rase campagne ! Sire Robin s'autorisa un soupir de soulagement. "Enfin, la commanderie de l'ordre de la Reiksguard ! Je vais m'inscrire et leur dire que les feux d'artifices sont là. Sans doute auront-ils prévu quelque endroit pour les stocker… Pourriez-vous veiller sur le chariot pendant quelques instants, messire ? - demanda Sire Robin tout en descendant de cheval. - Naturellement".
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"Bonsoir ! Désolé du retard, mais nous avons eu droit à des orques sur le trajet, - dit Robin au clerc, le tirant de sa somnolence. - Gaar… Oh. Excusez-moi, je m'étais assoupi, - lui répondit le responsable des inscriptions. - Pas d'inquiétudes. Je suis Sire Robin Osbourne, je viens pour les épreuves à pied… L'homme commença à fouiller sa liste. - Robin Osbourne… je vois. Ah. Attendez. LE Robin Osbourne, celui des feux d'artifices du Fort de Sang ? On avait justement prévu des feux d'artifices… - C'est cela. Je viens pour les épreuves à pied et pour les feux d'artifice. J'en ai un plein chariot dehors, j'aimerais les entreposer en lieu sûr. - Nous avons prévu une chambre forte pour vous dans la commanderie. Allez chercher votre chariot, je m'occupe des formalités."
Le chevalier se dirigea vers la porte.
Lorsque Sire Robin sortit de la commanderie, Gerciflet et la charrette avaient disparu.
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Fourbu, Hans Friedrich von Hansa s’apprêta à quitter son poste. Les charrettes bourrées d’explosifs, le genre qui se perd en pleine métropole, ce n’était pas de son ressort. Il préviendrait les autorités compétentes et irait ce coucher. Et puis, le sire Osbourne allait enquêter… - Eh ! Hep ! Attendez ! - Hein ?... Dans l’obscurité naissante, le greffier distingua un chevalier, manifestement bretonnien d’après l’armure, assez jeune d’après la voix. Las, mais fidèle à ses obligations, il se rassit. - Abrams Göttlichglück, chevalier errant ! - Vous portez bien votre nom, les inscriptions allaient fermer… - Hans retint un bâillement. - Je viens pour les joutes ! - Naturlich… Eh bien, voila qui est noté, bonne chance à vous, messire… - La chance est mon deuxième nom, héhé ! - Ah oui… Eh bien, bonne nuit… - Merci messire ! Bonne nuit également !
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Altdorf. Les annexes de la caserne, une chambre spartiate.
- Je t'en ai trouvé un. Il sera parfait. - Descends donc de cette fenêtre. - Tu comptes vraiment rester ici tout ce temps ? - C'est une chambre comme une autre. C'est toujours mieux que la tienne. - Les étoiles sont de bonne compagnie, tu devrais essayer. - Donc, un cheval ? - Oui. J'ai sondé son esprit. Courageux, docile, endurant. Un cheval de guerre quoi. - Parfait. Je l'appellerai Neige. - Il est noir. - Peu m'importe... J'ai croisé une femme aux inscriptions, de la même nature que nous. - Oh, oui, on m'a dit que d'autres y participaient. Tu devrais faire attention, il n'y aura pas que des mortels en face de toi. - Cela ne rajoutera que plus de défi. Je suis là pour ça après tout. - Je trouve toujours que c'est une mauvaise idée. - Si tu t'inquiètes tellement pour moi, tu n'as qu'à faire mon écuyer. Tu seras aux premières loges. - Ahah ! Moi ! Ton écuyer ! - Eh bien ? - C'est une excellente idée. Serai-je payée au moins ? - J'ai également cru reconnaître ton "amie". Mais elle ne m'a pas vue. - Oui. Elle a quelques intérêts dans certains participants. - Une femme de son espèce n'agit que par intérêt, de toute manière. - Tu devrais faire attention à ce que tu dis. Elle connait mon affection pour toi, mais si tu lui poses problème, je ne pourrai rien faire. - Je ne comprends pas l'estime que tu lui portes. Elle ressemble tellement à... - Non, justement. Je n'accorde le respect qu'à ceux qui en ont en retour. Topaze n'avait aucun respect, aucun honneur. - Si tu le dis... Laisse-moi maintenant s'il te plait, il me faut méditer et me reposer avant les premiers combats. - Kat' ? - Hum ? - Fais attention.
La lune haute, la ville endormie vit passer une silhouette encapuchonnée sur les toits. Un corbeau plana en direction de la forêt. A l'aube, le tournoi commencerait.
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Ven 26 Mai 2017 - 11:24
Trois heures avant le lever du soleil…:
Ah, Altdorf ! Ville de couleurs et de senteurs toujours surprenantes, la cité débordante de joie et de vie, comme si les guerres si récentes faisaient déjà part d’un lointain et nébuleux passé, n’avait cesse d’étonner Albéric de Sérignac. Mais ce qu’il préférait, c’était se promener seul dans les ruelles étroites, un bout de ciel étoilé découpé à la serpe entre les ombres des toits biscornus pour seul compagnon. Il lui fallait profiter de ces précieux moments de tranquillité. Demain, à l’aube, les tournois commenceraient. Ah ! Qu’il avait hâte ! Euphorique, il se laissa tournoyer sur lui-même, laissant s’échapper un rire cristallin. Ici, dans la pénombre et le silence, la lune timide au-dessus de lui, il pouvait se promener à sa guise sa guise sans aucune âme humaine pour le déranger. Oh, il y avait bien eu cette catin, qui avait essayé de l’interpeller le soir dernier. Un sourire grimaçant s’étira sur le visage du jeune homme alors qu’il se souvenait de la rencontre. Elle avait essayé de lui saigner ça bourse. Lui, en retour, il l’avait saignée. Avec tout cela, il ne devrait plus avoir faim avant un moment, l’aventure l’avait bien remis d’aplomb pour le tournoi à venir. Albéric frémit de joie à l’idée des dangers qu’il allait devoir surmonter dans les jours à venir. Que d’aventures, que de combattants aguerris ! Un léger bruit de tissus attira doucement son attention et, levant les yeux, il put apercevoir des rideaux de gaze dansant dans le vent depuis une fenêtre ouverte. L’espace d’un instant, de longs cheveux flottèrent dans son champ de vision avant de disparaître de l’ouverture. Le jeune homme esquissa un petit sourire. Il n’avait plus faim, mais il pourrait bien lui donner une petite leçon tout de même.
La jeune vie, vêtue d’une légère robe de nuit, se retourna soudainement sur son lit lorsque la figure d’un jeune homme élancé et en armure se découpa dans l’encadrement de la fenêtre de sa chambre. Dans la lumière de la lune, tout ce qu’elle pouvait deviner de son visage plongé dans la pénombre était son sourire, large et éclatant. « Voyons, voilà qu’il est bien imprudent de laisser ses fenêtres après le crépuscule… l’on peut faire toute sorte de rencontres dans les heures les plus sombres de la nuit… » La dernière chose qu’elle vit de lui alors qu’elle se sentait entrer dans un profond sommeil, furent des deux yeux rougeoyants.
***
Dans la cité impériale d'Altdorf, les villageois se réveillaient et, comme d'habitude, il y avait eu des victimes durant la nuit passée. On n'y prêta pas plus d'attention qu'en temps qu'il faisait (en plus, il faisait beau), et pour ne rien arranger, l'attention des citadins, toujours avides de sensations fortes, était pleinement consacrée à l'ouverture du Grand Tournoi de la Reiksguard !!
Journée normale du Grand Tournoi de la Reiksguard :
L'arène près du palais impérial fut agrandie au prix d'une audace architecturale des plus louables : les places les moins chères en étaient devenues si haut perchées que toute chute accidentelle pouvait s'avérer dommageable, et si le culte de Shallya n'existait pas, personne ne serait allé se soucier des malchanceux... La tribune, cependant, avait également été rénovée, offrant à sa Majesté Impériale, ainsi qu'aux invités de marque, une vue imprenable sur l'ensemble de l'arène. Levé de bonne heure, l'Empereur présidait l'ouverture des combats, et fit un discours d'une certaine longueur sur les mérites de toutes les personnes présentes, de toutes les personnes ayant contribué à l'événement,des églises, de la campagne récemment remportée,des perspectives d'un avenir commun... Il fallut que le Reiksmarshall remarque les mines somnolentes des illustres seigneurs bretonniens pour aller avertir sa Majesté qu'il était temps de donner le signal du départ. Alors, Karl Franz donna le signal.
Ce fut dès lors six jours de liesse, six jours de défi, six jours de combats. Six jours durant, la cité respira au rythme des affrontement, des détonations des fusils, du fracas des armes. L'équivalent du budget impérial fut parié, gagné et perdu de manières diverses et variées, ce même équivalent étant cambriolé dans le quartier aisé de la capitale, les adeptes de Ranald n'ayant aucun scrupule à rater un combat pour vider une maison de son argenterie, à un tel point que l'on dut faire doubler les patrouilles. Les participants, eux, n'avaient cure de ces basses occupations. Chaque jour, les combats s'enchainaient avec la précision impériale, les plus faibles étaient éliminés, les vainqueurs progressaient vers la victoire. Chacun avait ses raisons, sa motivation, sa volonté guidant son bras. Mais tous ressentaient cette même mélodie, la mélodie de la gloire, la mélodie de l'honneur.
Au bout de six jours de combats, trente-et-un participants s'étaient qualifiés, et tous les regards étaient désormais braqués sur eux.
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Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Ven 26 Mai 2017 - 14:18
Epreuves à pied Septième jour
Dans l’administration impériale, il y eut quelques remous lorsque l’on se rendit compte que le nombre de participants à pied était impair. Les fonctionnaires d’Altdorf, que même l’influence chaotique ne pouvait défaire de leur attachement à la perfection mathématique, furent perturbés. Il fallut qu’un grand prêtre de Verena vienne à leur secours en leur suggérant que les probabilités faisaient également partie du monde merveilleux des chiffres, aussi il fut décidé qu’un tirage au sort déciderait d’un participant qui serait automatiquement qualifié pour les quarts de finale.
Epreuves à pied : Mathias Thulmann accède automatiquement aux quarts de finale ! (Interrogé par les imprimeurs de la gazette d’Altdorf, il répondit : « Priez Sigmar, et il vous entendra ! »)
Qualifiés aux huitièmes de finale : - Samuel Aidamis des Sept Monts (Aidamis) - Helmut van Orsicvun (Arcanide Valtek) - Jacques le limier (Calidus5) - Léonard de Rouergue (Chevalier Rouergue) - Albéric Sérigac de la Motte d’Artois (Gromdal) - Eléonore de Boisserand (Hjalmar Oksilden) - Thelma Auerbach (Oleg von Raukov) - Jürger Friedwald (vg11k) - Vladimir Nessenov (Von Essen) - Malvira de Madrugada (Arken) - Dmitrij Donskoj (MagnanXXIII) - Robin Osbourne (Agilgar de Grizac) - Friedrich Uhrmacher (Nyklaus von Carstein) - Richter Ketzerfeuer (Ethgri Wyrda)
Thelma Auerbach (Oleg von Raukov) contre Vladimir Nessenov (Von Essen)
Fille d’un comte électeur, Thelma ne semait pas, elle fauchait. Elle fauchait avec les balles de son long fusil, et si cela ne suffisait pas, elle sortait « Couteau à beurre », son arme devenue célèbre dans le public, voire même fort convoitée. L’ingénieure était cependant tellement redoutable qu’il ne s’était trouvé aucun roublard assez brave pour tenter le larcin. Pour ce septième jour de tournoi, elle était tout aussi fraiche et déterminée qu’elle l’avait été au début. Sa détermination fut décuplée lorsqu’elle aperçut de loin son nouvel adversaire.
Vladimir, alias Von Essen le vampire, l’aperçut également. Il avait espéré, viscéralement espéré que « veste de cuir » se fasse éliminer avant qu’il ne puisse la croiser sur l’arène, peine perdue. Le chroniqueur dégaina sa propre rapière.
Dans les tribunes toujours aussi bondées, on scanda le nom de Thelma, qui semblait bien plus populaire que l’estranger qui était manifestement un noble aristocrate qu’une raison obscure avait obligé à quitter sa tour d’ivoire. Armé d’une rapière et d’une petite rondache, portant par-dessus son costume une simple cuirasse d’acier doré, le sire Nessenov portait une perruque blanche, et lui-même semblait avoir le visage poudré jusqu’à ne plus en vouloir…
Malgré ce déguisement grotesque, Thelma reconnut le « monsieur-grande-gueule » de l’autre fois, et arma son long fusil du Hochland. Le signal fut donné.
Une détonation résonna, alors-même que le noble kislévite était lancé dans une course folle vers son adversaire ; cette fois-ci le sixième sens du vampire le secourut, car il braqua sa rondache au bon moment (1T annulée !). Nullement perturbée, Thelma rechargea avec une efficacité à toute épreuve, braqua et tira une seconde fois, mais la balle siffla par-dessus l’épaule de l’aristocrate que rien ne semblait arrêter. La foule retint son souffle alors que Nessenov approchait…
L’impact fut brutal : le noble renversa littéralement l’ingénieure, tous deux tombant à terre, Thelma lâchant son fusil ; elle ne s’attendait guère à un tel contact et ne put riposter efficacement (Test de peur raté ; 0T). Les deux combattants roulèrent dans la poussière de l’arène, Von Essen sentant déjà les effets du maudit talisman sur lui (0T). Thelma elle-même ressentit une vigueur incroyable l’envahir, repoussa violemment Vladimir et se remit sur pied (Test de peur réussi !). Avant-même de dégainer sa lame, elle asséna au noble un coup de pied qui l’envoya rouler dans la poussière (1T, 1B, 1PV !). Un tonnerre d’acclamations de la populace accueillit cet élan de violence. Von Essen, complètement déboussolé, ne put que se relever péniblement (0T). - Hé ! – lança-t-il. – Je croyais que la violence n’était jamais la bonne solution… - On est en tournoi, monsieur-je-me-poudre-les-fesses… - l’ingénieure sortit alors sa fameuse lame, et s’approcha du vampire. La rondache opposée par Von Essen eut l’efficacité d’un tissu de soie : « Couteau à beurre » lui ôta un bout, avant d’entailler profondément la cuirasse du vampire (test raté, 1T, 1B, 1 PV !). - JE, - le vampire bondit de nouveau sur l’ingénieure, - NE ME, - il évita la lame, - POUDRE PAS, - et fracassa la garde de sa rapière contre la joue de l’ingénieure, - LES FESSES !! (1T, 1B, 1 PV !) Thelma, stupéfaite, recula de quelques pas. Le noble qui lui faisait face, finalement, faisait presque pitié à voir : perruque de travers, costume ravagé, rondache amochée… - Hé, - dit-elle finalement. – On est quand-même en tournoi. Fulgurante, elle chargea Nessenov, qui n’eut guère l’occasion d’opposer quoi que ce soit ; « Couteau à beurre » acheva de laminer sa cuirasse, et le noble tomba à la renverse, pour ne plus se relever (3T, 2B, 2PV !!).
Premier test des règles de la mascarade (8 tests réussis, test de fuite raté ) : A ce moment-là, alors que la tête de Vladimir n’était plus couverte de sa perruque poudrée, un cri parmi tant d’autre retentit : « Eh bah ! Mais c’est cette canaille de Von Essen ! ‘Faut le brûler, c’ui-là ! » Le cri aurait pu se perdre dans le tumulte, mais quelque chose venait de changer : les époux Boisserand le perçurent immédiatement. Ce fut comme si un voile venait de se lever de leurs regards, révélant que l’individu gisant sur l’arène n’avait rien de naturel. « Bouge pas, Shannon. » « Hein ? Jürger ? » « Dagan ? Tu le sens, toi aussi ? » « Que veux-tu dire, Jürger ? » « Il est pas net, ce type. » De l’autre côté de l’arène, un vieux répurgateur se leva brusquement de son siège et se mit descendre les gradins en bousculant la populace. « A mort les morts !! » - grinça-t-il d’une voix éraillée et terrifiante. Cela acheva d’interpeller Heinrich Reinhardt, qui se leva de son siège à son tour. Hrofil Halfdane, le chevalier géant, fronça les sourcils et ressembla à un dieu des mers courroucé. Le baron de Joli-Tonneau, qui ne se séparait plus du baron de Vigne-Bleue et du seigneur Dangorn de Castagne, eut comme un moment de sobriété miraculeuse : « Par la Dame, mais c’pas un péquenaud comme les autres ! » Au sein d’une des loges de luxe, une dame de la cour se mordit la langue… Et dame Arken qui est en Azérotte… - pensa-t-elle.
Le répurgateur finit par bondir sur le sable de l’arène, sous les yeux médusés de la tribune impériale. Avant que quiconque n’ait pu l’en empêcher, il sortit un pieu de ses vêtements, s’approcha du noble gisant à terre et planta le pieu dans sa poitrine. Von Essen n’émit qu’un hurlement muet ; son corps se rigidifia dans la seconde. Le répurgateur sortit alors une torche… avant d’être accosté par le sire Robin Osbourne. - Vous voulez du feu ? Friedrich Uhrmacher accepta machinalement le briquet, et fut même vaguement satisfait en voyant le chevalier asperger le vampire d’un alcool fort. Depuis la tribune de l’empereur, des cris retentirent : sa Majesté exigeait de savoir ce qui pouvait bien se passer pour… un tel acte… et ce fut le sire Osbourne qui se chargea de la chose : - Ouais ! Ouais on le brûle parce que c’t’un vampire ! Il a même organisé le tournoi du Fort de Sang, celui que vous avez pris pour une menace d’invasion bretonnienne ! Et déjà, les flammes crépitaient, devant les yeux nébuleux du répurgateur, l’air terrifié de Thelma (qui ne voyait pas du tout la fin de son duel ainsi) et les regards ahuris de la foule. - Je dois racheter mes erreurs en contrepartie de quelques vies maudites… - murmura Uhrmacher en serrant son médaillon sacré.
***
Quelque part dans les limbes, où l’impossible côtoie l’irréel… - Ah bah alors ? On vient à peine de s’installer ici et t’es déjà mort ! - Hein ? Vous êtes qui, vous, et je suis où ?! - Ben… Devant le chroniqueur se tenaient deux individus : un grand homme aux longs cheveux noirs, portant une armure nipponne, et un vieillard barbu vêtu d’une robe noire couverte d’arabesques. - … Ashur, protecteur de Lahmia, sabreur anobli du Nippon. - … Friedrich von Nettesheim. Je ne m’attendais pas à vous voir ici, messire. Enfin, vous êtes de nature impulsive, ça peut s’expliquer… - M’enfin… Je suis mort ?!! - Toujours aussi perspicace, - remarqua le sabreur en souriant. – Si tu n’étais pas mort, tu serais allé loin. - EH OH ! Je n’ai aucune intention de mourir ! - Bon bah tu vas p’tet revenir. Il y en a qui reviennent. Après tout, on est là où l’impossible côtoie le possible…
Dernière édition par Von Essen le Sam 27 Mai 2017 - 12:09, édité 1 fois
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Ven 26 Mai 2017 - 16:51
Il fallut attendre la fin de la matinée pour que la foule soit calmée, que l’arène soit nettoyée, et surtout, surtout, pour contenir les ardeurs de l’église sigmarite qui voyait désormais le péché partout, même dans l’œil de l’empereur. Ce dernier du par ailleurs user de son autorité impériale pour y parvenir, faisant même appeler la garde pour appuyer son propos : le Tournoi de la Reiksguard était destiné à unir les peuples, il était hors de question de le faire capoter sous prétexte qu’un criminel notoire s’était glissé parmi les dizaines de participants… Ainsi, bon gré mal gré, (et un peu contre le gré des sigmarites), les combats purent reprendre. Dans les tribunes, quelques individus se dirent qu’il faudrait redoubler de prudence…
Samuel Aidamis des Sept Monts (Aidamis) contre Helmut van Orsicvun (Arcanide Valtek)
Le jeune noble, qui avait jusque là combattu vaillamment et voyait l’avenir d’un œil optimiste, entra dans l’arène un peu secoué. Non seulement il pouvait croire que n’importe qui de ses adversaires n’était pas humain, mais en plus on cramait les suspects avec une efficacité… expéditive ; est-ce qu’ils se sont déjà dit que ça pouvait résulter en une erreur judiciaire irréparable ? Helmut van Orsicvun se dit platement que voila bien un participant de moins, il faudra qu’il raye son nom de ses notes personnelles, ou du moins qu’il y fasse état de son décès.
Le signal fut donné, et le sire des Sept Monts tira immédiatement sur la gâchette de son pistolet. La balle, toutefois, fut incapable de passer outre l’écu de son adversaire (1T, 0B). Samuel dégaina, et les épées des deux combattants de croisèrent. - Toi !! – asséna soudain Helmut. - Je te reconnais, c’est toi qui as tué mon père !! - J… Qu’… Pris de court par une telle accusation, Samuel perdit totalement ses moyens (test de peur raté malgré la relance ! 0T). - C’est toi !! Son adversaire, qu’il voyait pour la première fois, lui asséna une série de coups furieux, dont l’un finit par le blesser sévèrement à la cuisse (2T, 2B, 1 svg, 1PV !). - Mais, je ne vous connais même pas ! La douleur lui faisant reprendre ses esprits, le sire des Septs Monts riposta (Test réussi ! 1T, 0B), mais son adversaire para toutes ses attaques, avant de repartir dans un enchainement de frappes létales… - Tu as tué mon père !!! Helmut, se disant intérieurement que dans un tournoi, tous les moyens sont bons, même la calomnie, canalisa toute sa maîtrise sur son adversaire amoché (3T, 3B, 3 PV !!!) et le projeta à terre. Saignant de plusieurs blessures, le jeune homme fut immédiatement pris en charge par les shaléennes.
Jürger Friedwald (vg11k) contre Léonard de Rouergue (Chevalier de Rouergue)
Une fois les tâches de sang recouvertes de sable neuf, un nouveau combat fut annoncé. Un temps précieux avait été perdu dans la matinée, et l’administration impériale ne supportait pas les retards.
Lorsque Jürger se présenta sur l’arène, il fut largement acclamé par les tribunes : déjà, depuis la fatidique soirée à l’auberge, les clients avaient bizarrement changé de comportement envers lui, comme pour donner tort aux propos de… du type qu’on venait d’envoyer ad patres. On le regardait, faisant visiblement l’effort de ne plus grimacer à cause de son apparence troublante, on lui disait bonjour. Lors du tournoi, il gagna même une sacrée renommée parmi la populace, étant le seul simple soldat à s’être hissé aussi loin dans les combats, abattant ses adversaires d’un tir bien ajusté ou achevant les blessés alors qu’ils croyaient l’avoir au contact. Il était quelqu’un, il était… accepté. Pour le plus grand plaisir de ses amis. En face de lui se tenait un solide chevalier bretonnien, aux armoiries chatoyantes et à la renommée grandissante : un paladin du Graal, Léonard de Rouergue. Lui reçut une ovation tonitruante de la tribune des bretonniens, qui décidément ne voulaient pas trop se mêler à la populace impériale. Les nobles sires s’époumonaient à l’encourager, car en dépit de sa légendaire maladresse, Léonard était parvenu à devenir graaleux, tuer un démon majeur sans le faire exprès, conjurer le spectre qui hantait la Saincte Cave du baron de Havras et, enfin, parvenir en huitièmes de finale du tournoi de la Reiksguard.
Au signal, Léonard s’élança vers Jürger en invoquant le nom de la Dame. Le tirailleur, lui, vida la charge de son long fusil : la première balle se ficha dans le cimier du chevalier (0T), qui fonçait la tête la première. Précis et rapide, Jürger rechargea et tira, mais quelque bonne étoile semblait protéger le chevalier : la balle frôla son épaulière et ricocha vers une destination inconnue (0T). Interloqué, Jürger dégaina une courte épée et se prépara à esquiver la charge. Habitué aux attaques frontales des orques, il n’eut aucun mal à tromper la garde du chevalier (qui en fait voyait mal à travers son heaume) et tenta une frappe à la jambe (1T, 1B, 0 svg…) Quelque part dans une forêt bretonnienne… il s’avéra que Dame Nawenn, la sainte patronne du chevalier, n’avait encore fini de se maquiller… (… le chevalier n’a que son invu à 5… 1 invu !!) … le glaive du tirailleur fut alors repoussé d’une manière inexpliquée. Dans la populace impériale, des cris indignés s’élevèrent, d’aucuns crièrent même à l’hérésie, mais les bretonniens (railleurs), louèrent haut et fort le nom de la Dame du Lac. « Et alors, dame Nawenn ?! » «Je suis désolée, Madame. » « C’est la dernière fois que je me foule à votre place, nous sommes d’accord ? » « Oui Madame. » Le chevalier Léonard, quant à lui, retrouva enfin ses repères et brandit la grande épée qu’il avait choisie pour les épreuves. Totalement pris de court par l’intervention divine, Jürger ne vit pas le coup venir, et son pourpoint fut aisément traversé au niveau du flanc… (2T, 2B, 2 PV !!). Grognant de douleur, le tirailleur leva la main et déclara forfait.
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Dernière édition par Von Essen le Sam 3 Juin 2017 - 12:00, édité 1 fois
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Ven 26 Mai 2017 - 18:38
Epreuves des joutes Septième jour
Aux combats mouvementés du matin succéda la pause de midi. Les tavernes furent brièvement pleines à craquer, et durant deux bonnes heures la capitale entière se remplit la panse en attendant la reprise du tournoi… le septième jour des joutes ! Cependant, le retour aux tribunes ne se fit pas totalement dans l’ordre : les impériaux avaient du mal à avaler la régularité de l’intervention de la Dame, en toute mauvaise foi car il s’agissait d’un favori des soldats. Des regards, puis des mots en trop furent échangés, mais avant que la situation ne dégénère, Jürger en personne reparut. Un sorcier de Jade s’était présenté à l’hospice, et par ses soins le tirailleur était de nouveau sur pieds. C’est avec sévérité qu’il fit entendre qu’il respectait la victoire de son adversaire, et que la bénédiction de la Dame était bel et bien une bénédiction, sinon il ne serait pas ami avec le sire Dagan. L’ordre fut donc rétabli, pour le plus grand plaisir de Karl Franz et de son Conseil. Les joutes pouvaient reprendre.
Qualifiés aux huitièmes de finale : - Rance du Corbeau (Aidamis) - Wilhelm Kruger (Arcanide Valtek) - Le baron de Joli-Tonneau (Calidus5) - Aliénor (Chevalier Rouergue) - Ivan Niedovski de Zhedevka (Gromdal) - Roland de Boisserand (Hjalmar Oksilden) - Hrofil Halfdane (Oleg von Raukov) - Dagan d'Aquitanie (vg11k) - Yorek Stormoff (Von Essen) - Katarina Snjegynka (Arken) - Alain Magnan (MagnanXXIII) - Martin Delatour (Dangorn de Castagne) - Silvère de Castagne (Lord del Insula) - Boris Unschuldig (Ethgri Wyrda) - Heinrich Reinhardt (Ludwig Schwartzhelm) - Abrams Göttlichglück (Nyklaus von Carstein)
Martin Delatour (Dangorn de Castagne) contre Roland de Boisserand (Hjalmar Oksilden)
Comme cela était arrivé de nombreuses fois précédemment, deux chevaliers bretonniens se firent face. Comme cela n’était point arrivé précédemment, l’un était encore un jeune écuyer, rêvant d’adoubement, alors que l’autre était un vétéran aguerri, qui plus est béni par la Dame en personne. - Place aux jeunes !!! – beugla le brave comte Dangorn depuis les tribunes. - Oui ! Par la Dame du *Hic* ! – ajouta le baron de Joli-Tonneau, légèrement aviné. De son côté, Eléonore de Boisserand observait le jeune Martin avec une pointe de compassion. Bien qu’elle ne doutât pas de son potentiel, elle savait que la force n’avait encore point quitté le bras de son époux.
Le signal fut donné, et le sire Roland éperonna sa monture, son adversaire faisant de même. Le premier ne broncha pas lorsqu’un carreau d’arbalète, tiré par le second, le frôla de peu : des tireurs montés… Qu’est-ce que la jeunesse n’allait pas inventer de nos jours ! Le chevalier du Graal abaissa sa lance, et alors, l’impensable se produisit : alors même qu’il allait faire mouche, un éclair de lumière fugace surgit entre lui et sa cible, déviant l’attaque envers et contre tout (4T, 1T annulée, 3B, 2svg, 1 invu !). Martin, lui-même pris de court, ne put frapper efficacement avec son épée (0T), et les deux combattants se retrouvèrent à l’autre bout de la lice, indemnes. … - OUI !!! - Par la *Hic* du Lac !!! … Croulant sous les acclamations des bretonniens, Roland et Martin chevauchèrent l’un vers l’autre, le sire de Boisserand jetant sa lance et dégainant son épée bénie. Les lames s’entrechoquèrent, se séparèrent pour se croiser à nouveau, trouvèrent soudain l’ouverture tant attendue, quand subitement un nouvel éclat lumineux affola les montures et sépara les combattants (Roland : 4T, 2B, 1 invu, 1 PV ! – Martin : 1T, 1B, 0 svg, 1 PV !). - Par la Dame… Roland haussa les sourcils : c’était la deuxième fois d’affilée que la Dame du Lac semblait favoriser l’écuyer, et son coup pourtant redoutable en était amoindri, et lui-même ne s’en sortait guère indemne… Martin, quant à lui, adressait mentalement de ferventes prières à la Dame, étourdi par la violence de l’échange d’estocades, tant et si bien que malgré les cris provenant des tribunes (Sors-toi les doigts du c*** !!!), il fut presque éjecté de sa monture, et seule une volonté extérieure sembla s’opposer à la défaite de l’écuyer (Roland : 4T, 3B, 2 invus, 1 PV ! – Martin : 0T). Roland, décidé à en finir, ou du moins à ne pas rendre l’épreuve trop simple à son jeune adversaire, chargea derechef et asséna quelques coups de taille bien sentis (4T, 1B, 1 invu !!) mais, avec l’agilité qui était la sienne et l’aide de la Dame, Martin parvint à dévier les attaques, et eut même assez d’audace pour déséquilibrer son adversaire (1T, 1B, 0 svg, 1 PV !).
Dans les tribunes, on retenait son souffle. Les impériaux finissaient par être contaminés par l’euphorie de la tribune bretonnienne où la moitié des participants priait, et l’autre avait les yeux rivés sur l’affrontement. Même quelques individus peu recommandables furent impressionnés par la présence de la Dame lors de cette joute.
Ils n’étaient pas au bout de leurs surprises. De plus en plus échauffés, les deux combattants échangèrent des passes si féroces que dame Eléonore commença à se sentir inquiète pour son époux, quand soudain, un éclat lumineux encore plus aveuglant fit ouvrir les yeux à ceux qui priaient… Lorsque la lumière retomba, tout le monde vit le sire Roland chuter lentement de sa monture (Roland : 4T, 2B, 2 invus !!! – Martin : 2T, 1B, 0 svg, 1 PV !!!). Le jeune écuyer avait remporté cette manche…
Immédiatement descendue dans l’arène, Eléonore de Boisserand fut rassurée en entendant battre le cœur de son époux : il était simplement assommé. Elle laissa alors les shaléennes faire leur travail, et regarda en direction des trois hurluberlus (Dangorn, Joli-Tonneau et Vigne-Bleue) qui portaient le jeune Martin dans la tribune bretonnienne : il le méritait, se dit-elle, et ce fut vraiment un beau combat.
Dernière édition par Von Essen le Mer 31 Mai 2017 - 14:22, édité 3 fois
Essen Joueur d'Epée
Nombre de messages : 199 Age : 28 Date d'inscription : 02/04/2016
Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Ven 26 Mai 2017 - 20:36
Hrofil Halfdane (Oleg von Raukov) contre Dagan d’Aquitanie (vg11k)
S’il était venu depuis les rivages de l’océan jusqu’à la capitale, le grand amiral des Fils de Manann avait de bonnes raisons. Il avait en effet entendu les rumeurs suivantes : parmi les amateurs de tournoi, certains s’étaient amusés à rédiger un petit ouvrage destiné à la lecture de loisirs de la haute société. Ils y décrivaient un tournoi conduit par le dieu Manann en personne, avec des combats entre saumons et morues, bref, rien de sérieux, et tout cela ne pouvait que nuire à l’autorité du culte du Dieu des Mers. Hrofil était donc venu dans l’espoir de mettre la main sur ces plaisantins, sans que ses espoirs soient couronnés de succès pour le moment. Après, s’il pouvait emporter un coffre rempli d’or au passage, c’était toujours bon à prendre.
Dagan d’Aquitanie, lorsqu’il se présenta à l’arène, eut droit à des sourires venant de toutes parts. Droit, chaleureux envers tous ceux qui le croisaient, le compagnon du soldat maudit de Mörlenfurt semblait être son exact opposé, et certains mauvais esprits trouvaient leur amitié fort douteuse. Enfin, ceux-là se taisaient, car la majorité des personnes présentes, l’empereur en tête, saluaient cette belle amitié entre chevalier et soldat.
Au dessus de leurs têtes, le ciel s’était couvert. De gros nuages chargés de pluie, prélude à un orage d’été, s’amassèrent, plongeant la lice et les tribunes dans leur ombre intimidante. Le signal fut néanmoins donné, et dans l’air devenu peu à peu chaud et humide, les cris de guerre des deux adversaires retentirent. Les spectateurs furent surpris par cette joute peu orthodoxe : trident contre épée ! Les deux jouteurs se rencontrèrent un milieu de lice dans un bref fracas métallique et se séparèrent : ils s’en étaient sortis indemnes… (Hrofil : 4T, 1T annulée, 3T, 3B, 2+1 svg ! – Dagan : 2T, 1B, 0+1 svg !) Dans les tribunes, il y eut comme un silence gêné. Après l’affrontement spectaculaire qui avait eu lieu, cette rencontre commençait de manière bien fade. Cependant, le géant des mers planta son trident dans le sable, et dégaina son sabre. Dagan l’attendait de pied ferme. Au moment où ils se croisaient à nouveau, Hrofil feinta, laissant son adversaire frapper et opposant son bouclier au moment opportun (Dagan : 2T, 1B, 0+1 svg) ; il riposta dès lors avec brutalité, quand une faible lueur dorée sembla ralentir son coup au dernier moment… (3T, 2B, 1 invu, 1 PV !) Dagan se rendit compte de la dangerosité de son adversaire : son armure faite d’écailles métalliques miroitait et présentait des failles qui étaient des leurres… Tentant de trouver la vraie faille, il frappa à des angles difficiles à atteindre, sans succès (1T). Hrofil, à l’aise avec son sabre béni par un prêtre de Manann, enfonça sans ménagement l’armure du chevalier (3T, 1B, 1 PV !). Se sentant faiblir, entendant de loin les encouragements de Shannon, Dagan tenta une ultime passe, mais fut vigoureusement repoussé par le bouclier ouvragé de l’amiral (1T, 1B, 1 svg), alors que ce dernier, déterminé, à en finir, lacéra le flanc du sire d’Aquitanie, se jouant manifestement de l’acier bretonnien (3T, 1B, 1 PV !!) Se sentant incapable de poursuivre, Dagan brandit son épée lame vers le bas, en signe de reddition.
Katarina Snjegynka (Arken) contre Silvère de Castagne (Lord del Insula)
La pluie finit par tomber, rendant le sable de la lice humide et les costumes des braves gens trempés. Des fracas de tonnerre retentirent au loin. Cependant, le mauvais temps n’étant rien pour l’administration impériale, nul ne songea à interrompre les joutes.
Wilhelm Kruger observa avec envie les deux chevaliers qui allaient se faire face : l’un était celui qui lui devait une revanche, l’autre était une prodigieuse combattante qu’il aurait bien voulu combattre. Silvère de Castagne, lui, savait parfaitement qu’on pensait à lui. Le nom du sire Kruger fut annoncé dès les premiers jours du tournoi, mais celui-ci finit par le retrouver avant qu’il ne trouve l’occasion de le prendre en chasse : Wilhelm l’assura qu’il voulait à tout prix une revanche, fut-ce un combat à mort si tel était le désir du paladin. Il jura même sur son honneur qu’il ne se nourrirait pas durant tout le tournoi, pourvu que Silvère lui laisse le loisir de se battre en tournoi, et peut-être lui faire face. Ayant un sens des valeurs légèrement différent de celui des répurgateurs, le sire de Castagne finit par accepter. Quant à Dangorn, son cousin, sa fréquentation des barons du vin importé l’empêchait de reconnaitre parfois son propre écuyer…
Silvère chargea au signal, voyant devant lui la demoiselle Snjegynka, l’une des rares femmes à participer au tournoi. S’il lui avait fait face dix ans auparavant, il aurait cru à une mauvaise farce. Or, sa rencontre avec Penthésilée de Gransette eut à jamais changé sa vision sur la gent féminine… Katarina, elle, chargea tout simplement.
Les tribunes s’étaient un peu endormies, et la pluie en distrayait plus d’un. Lorsque toutefois un fracas qui n’avait rien à voir avec le tonnerre résonna, tout le monde se rappela qu’il se passait quelque chose… Ceux qui l’avaient vu n’en croyaient pas leurs yeux : Silvère, le chevalier blanc de Bretonnie, avait failli être désarçonné ! Et son adversaire plantait déjà sa lance dans le sol, indemne ! (Katarina : 3T, 3B, 1 invu, 2 PV ! – Silvère : 1T annulée) « Bah ? Allez, tous ensemble, SILVERE, SILVERE ! » - entendit-on le brave cousin du chevalier. Mais déjà, la guerrière kislévite fonçait sur le sire de Castagne qui souffrait d’une profonde blessure en haut du torse… Il ne put qu’opposer une défense efficace (1T, 0B), se protégeant de plusieurs attaques aussi puissantes que précises (Katarina : 3T, 2B, 2 svg). « Si tu crois que tu as le temps de souffler… » Armant soudain un coup encore plus redoutable, la guerrière abattit un tel revers de taille que l’écu du chevalier vola en éclats (4T, 4B, 3 svg, 1 PV !!) ; manquant de tomber de sa monture, Silvère sentit soudain une douleur fulgurante dans son bras gauche, qui ne lui répondait plus… Blessé davantage dans son orgueil, mais sachant faire preuve d’humilité, le paladin tint son épée lame vers le bas, et Katarina rengaina.
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Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Sam 27 Mai 2017 - 20:20
Intermède I
Dans l'après-midi qui suivait son premier duel, Thelma avait rendez-vous dans l'école Impériale d'Ingénieur, la prestigieuse institution où elle avait fait ses études. Elle profitait de son retour à Altdorf pour voir quelques amis. Elle descendit donc de carrosse devant la petite porte de l'école, salua le vieux portier qu'elle n'avait plus besoin de soudoyer pour sortir quand elle le voulait, et traversait la première cour vers le Laboratoire de Machinerie Thermodynamique lorsque le directeur adjoint à la communication de l'école surgit du bâtiment administratif en la hélant : « - Frau Ingénieure Auerbach, vous n'allez pas au bon endroit ! - Comment ça, Herr Ingénieur-Docteur-Directeur ? - Vos amis ont organisé une petite fête, venez donc dans la salle Stefan Franz. »
La salle Stefan Franz, du nom du Prince du Reikland qui avait créé l'école avec l'aide du grand ingénieur Leonard Da Miragliano plus de 500 ans auparavant, était la grande salle de réception, celle où la cérémonie de remise de diplôme avait lieu. Au bout de cette cette pièce de 5 mètres de haut, une estrade supportait le poids du volumineux directeur de l'école, qui s'interrompit dans sa péroraison lorsqu'elle entra. Thelma fut donc applaudie pendant la minute qu'elle mit à traverser la partie buffet où s'affairaient encore des serviteurs, puis celle où l'attendait le public d'ingénieurs réunis à la hâte. Elle regardait les bustes des grands ingénieurs, disposés le long des murs à intervalle régulier, son regard s’arrêtant sur celui de Frau Ingénieure Meikle, la première femme à avoir été admise dans le collège, avant de se porter sur la fresque représentant le Maître en personne, Leonardo da Miragliano, entouré des douze exemplaires de son invention la plus fameuse, le Tank à vapeur. Elle fut félicitée d'avoir non seulement révélé un vampire, mais en plus de l'avoir vaincu au corps à corps, et presque sans difficulté ! C'était donc bien la preuve de la grande valeur des ingénieurs au combat, et de leur excellence dans tous les domaines de l'art de la guerre ! Cet exemple devrait rabattre le caquet de tous ces arrogants chevaliers qui nous sous-estiment ! Le discours du directeur de l'école fut suivi de celui du Maître de la guilde des Ingénieurs, qui rappela la provenance des objets utilisés par Thelma. L'efficacité pour trancher le métal de son épée, qu'elle avait fait elle-même à partir d'un matériaux qu'elle avait inventé, était à présent prouvée. L'école proposait donc de produire ces lames à grande échelle, pour en équiper tous les ingénieurs, sous le nom de « Lames en Céramique Fendeuse d'Armure de Auerbach ». Mais il fallait à Thelma une explication. Elle avait déjà gagné un tournoi et abattu un chef ogre (puis un officier de la Reiksguard dans la foulée), et elle n'avait pas été à ce point acclamée par ses pairs. Un chef ogre, ça vaut bien un vampire, non ? Les discours prirent fin à l'heure où les ingénieurs estiment acceptable de commencer à boire, et le buffet commença. A la question qui lui brûlait les lèvres, le maître de guilde répondit : « Mais enfin, c'était à Carroburg ! Au Middenland ! C'est beaucoup moins prestigieux, et les informations ne sont pas toujours fiables, surtout avec ces ulricains ! Vous avez vaincu un monstre ancien, connu pour ses crimes depuis des décennies, et devant l'ensemble de la cour et sous les yeux de l'Empereur lui-même, c'est pas comme affronter un goinfre dans une masure abandonnée d'une province reculée ! » Une heure plus tard et le punch aidant, Thelma parvenait à convaincre Herr Ingénieur-Professeur-Directeur de l'école de lui prêter le Fiabilité pour quelques jours... Encore une heure après, le jeune greffier du poste des inscriptions, Hans Friedrich von Hansa, qui se satisfaisait d'avoir été oublié par ses supérieurs après la fin des inscriptions, et qui n'avait donc rien à faire, subit le débarquement de l'ingénieure dans son bureau. « Je viens m'inscrire, mais pour la joute cette fois. » Hans Friedrich regarda la jeune femme étrangement calme. « Mais vous savez que les inscriptions sont finies, ce n'est pas possible ! - Faites un petit effort, je vous rappelle que ce bureau est au rez-de-chaussée... - Excusez-moi, mais je ne vois pas le rapport. - Attention, vous ne voudriez pas que je fasse entrer ma monture dans votre bureau, mais je suis sûre que ça vous persuaderait. » La jeune femme avait un grand sourire et un fusil dans les mains. - Je crois que je vais aller voir votre monture, juste pour être sûr, hein. - Oui, et prenez donc le registre des inscriptions avec vous. » Le bruit devant le bâtiment était assourdissant. Hans Friedrich n'avait jamais vu un tank à vapeur de si près, et ne s'était pas attendu à voir un panache de fumée en sortir, ni les sillons laissés par les roues du véhicule dans les pavés de la rue. - Fiabilité est très heureux de vous voir ! Vous savez, c'est une race un peu particulière, au lieu d'avoir un canon à vapeur à l'avant, il a un canon à répétition Feu d'enfer. C'est plus pratique dans un tournoi. Il a tendance à l'utiliser contre ceux qui le contrarie... » Un mélange de Hochlander et de Ostlander, il est évident que ça ne peut pas être subtil, pensait Hans Freidrich, qui prit quand même le risque de contrarier un peu Fiabilité en rappelant qu'il ne pouvait pas y avoir d'équipage dans l'épreuve de joute. Mais Thelma se pensait capable de conduire cette bête seule. Le greffier garda donc pour lui ses autres réserves. L'ingénieure se répéta : « Alors, vous m'inscrivez ? »
***
La fin de l'après-midi approcha. Mathias attendit que les combattants et la foule sortent de l'arène pour pouvoir commencer son enquête. En effet, les événements de la journée ne firent que confirmer ses craintes... Les ténèbres rôdent dans Altdorf, un vampire y fut déjà vaincu. Un tel tournoi au cœur de l'Empire est une opportunité pour un vampire pour franchir les remparts en toute discrétion. Sigmar sait ce qu'un vampire peut engendrer à proximité du Palais Impérial... Rien que de penser à cela lui hérissa son épaisse moustache poivre-sel.
La pluie continua de tomber sur le sable encore chaud de l'arène. Un orage était sur le point de débuter. Les recherches ne menèrent à rien, l'eau ayant déjà effacé toute trace. Le répurgateur devra redoubler d'effort, les combats à venir pourront être ses derniers. Cela n'altéra en rien la foi de l'homme au chapeau à longs bords, qui retourna sans ses quartiers une longue pipe en bois béni en bouche, en attendant d'en savoir un peu plus sur les participants. L'austère personnage avait déjà une petite idée...
***
Malgré l'incident survenu pendant les épreuves à pied, le précepteur Reinhardt fut présent lors de chaque combat. Il put déjà avoir une première impression sur certains candidats et savait de toute évidence que ce tournoi n'allait pas être une promenade de santé. Après les derniers combats, Heinrich dut se diriger vers la Commanderie de la Reiksguard. Des nouveaux ordres furent reçus quant à la sécurité de la population au sein de la cité-état, le Reiksmarshall ne pu se permettre d'attendre le lendemain de l'incident, la protection de l'Empereur devait être augmentée. Mannslieb éclairait Altdorf lorsque le chevalier rentra à la caserne, dans l'espoir d'y trouver le sommeil pour le huitième jour des épreuves.
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Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Sam 27 Mai 2017 - 20:38
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En plus du tournoi, Halfdane avait des responsabilités en lien avec son ordre à remplir. Recruter en fait partie, et les Reiklander, s'ils sont des marins d'eau douce, n'en sont pas moins des marins. Le culte de Manànn, particulièrement à travers celui du fleuve Reik, y est très fort. Avec sa garde de chevaliers du cercle intérieur, L'amiral des Fils de Manànn devait donc rendre visite aux corps de Pistoliers d'Altdorf. Halfdane n'aurait jamais atteint ce grade dans l'Empire, alors qu'il est étranger, s'il n'était pas habile. Connaissant les Altdorfers, il se prépara en prenant un long bain, peigna sa barbe (ce qui n'est pas facile lorsqu'il y a des coquillages dedans) et ses cheveux et se coiffa « style négligé », pour être le plus proche possible des représentations de son dieu. Ses écuyers le vêtirent de son armure d’apparat aux motifs changeants comme l'océan, lustrèrent son trident et lui tendirent son sabre d'abordage magique, qui, puisqu'il était composé d'eau, pouvait entrer dans n'importe quelle armure. Il vérifia l'apparence de chacun de ses chevaliers. Enfin, ils partirent, chevauchant les grands destriers blancs que les ignorants prennent pour des élémentaires d'eau. Évidement, ils firent forte impression en entrant dans la caserne en formation du trident. Bien que la date ne lui convienne pas particulièrement bien du point de vue du tournoi, Hrofil l'avait choisie pour une raison très simple : les chevaliers de l'Ours Noir, certainement l'ordre le plus rustre et le moins esthétique de tout l'Empire, étaient en train de repartir dans le plus grand désordre avec leur équipement dépareillé et en aidant leurs congénères déjà (ou encore) ivres. En plus, sa victoire en duel, qui datait d'à peine trois heures, était dans tous les esprits. Il connaissait son discours par cœur et savait l'adapter en fonction du public. A l'écouter, les Reiklanders crurent qu'ils seraient respectés par les bons chevaliers « forts, mais pas très futés, qui ont besoin d'un altdorfer qui s'y connaît » venant du Nordland et de l'Ostland, c'est à dire la majorité de l'ordre. Il eu des entretiens avec les futurs chevaliers les plus motivés. « Ton père est capitaine dans la flotte du Reikland, tu adores Manann mais tu as le mal de mer ? Ça tombe bien, on y va presque jamais, en mer, on est sur le littoral et autour des rivières. Nous sommes de véritables chévaliers, pas des marins ». « Pourquoi les Fils de Manann plutôt qu'un autre ordre de templier de Manann ? Parce que les autres sont des suppôts de Marienburg, nous sommes le seul ordre véritablement au service de l'Empire. Lorsque l'Empire reprendra la province rebelle des Wersterland, tu peux être sûr que eux, ils seront du côté de la cité séparatiste ! » Pendant ce temps, ses chevaliers parlaient aussi avec les jeunes gens, enquêtant discrètement sur la parution d'un certain livret tournant en dérision le dieu des océans...
***
La nuit s’était doucement installée en ce septième jour. Le mauvais temps avait étrangement fini par disparaître et laissait ainsi les cieux aux étoiles. L’empereur avait forcément fait organiser de grandes fêtes entre chaque jour de tournoi et les participants y étaient conviés. Une bonne partie de la noblesse bretonienne, impériale ou d’autres horizons s’était donc réunie au palais impérial.
Dans la grande salle de bal, parmi les différents attroupements qui s’étaient formés autour des personnalités, un petit groupe de bretonniens entourait le couple des Boisserands. Des remarques fusèrent ainsi que des compliments pour le spectacle du précédent combat. On louait les prouesses du chevalier du Graal et celles de son adversaire dans le même temps. Participant activement à la discussion, Eléonore était dans son élément et surprenait quelque peu les nobles alentour en parvenant à leur faire oublier momentanément qu’elle portait toujours ses atours guerriers. Elle avait certes laissé sa cotte de maille de facture naine dans leurs appartements, mais sa fine gambison lui allait pourtant comme une robe. A ses côtés, Roland s’était délesté de son armure ancienne qu’il avait donné à un forgeron pour qu’il la répare. Il arborait donc une tunique en lin de couleur bordeaux et brodée d’argent. Un atour qu’il portait rarement, mais son épée à son flanc rappelait rapidement à ses interlocuteurs ses vœux guerriers. Cependant, même s’il ne portait pas son armure, la présence presque mystique du chevalier du Graal faisait toujours effet et les autres nobles lui parlaient avec déférence. De même, faisant honneur à ses origines, le gisorois lançait ses remarques laconiques avec soin. Après quelques minutes de discussions supplémentaires, Eléonore interrompit le débat pour se retirer avec son époux. Alors que le groupe si dispersait pour aller chercher diverses boissons ou autres sujets de discussions, la dame se tourna vers son mari avec un regard légèrement contrit. « Tu sais, je te connais, Roland. Tu n’as presque point pipé mot de la soirée, enfin encore moins que d’habitude. Tu es encore tracassé par cette défaite malheureuse ? » Roland fit tourner le verre de cognac bretonnien qu’il tenait encore dans sa main et regarda sa bien-aimée. Comme à son habitude, il réfléchissait à sa réponse. « Pas exactement. - Si tu souhaitais bien développer tes propos, j’en serais fort aise… - soupira Eléonore en taquinant gentiment Roland. - Je ne prétends pas comprendre la Dame ou ses plans pour ses servants, mais ce qui s’est passé dans l’arène n’était pas « commun ». Cela arrive souvent qu’en tournoi, Elle nous protège de coups mortels. Or ici, on aurait pu croire qu’Elle souhaitait faire arrêter le combat. Un simple écuyer a été protégé de mes bottes à maintes reprises et lui aussi avait du mal à ne serait-ce que me toucher. - Roland… Je t’ai connu mauvais perdant, mais je pensais que ce trait malencontreux de ta personnalité avait été enterré depuis longtemps. » Le chevalier du Graal roula des yeux en entendant la remarque, mais il ne put réprimer un petit sourire. Sa femme était bien la seule à oser lui parler de la sorte et il ne s’en plaignait pas. Cela lui rappelait constamment qu’il pouvait encore s’améliorer. Mais en ce moment, la situation était plus grave. « Je ne remets pas en doute les capacités martiales du sieur Delatour, bien au contraire. Le combat aurait peut-être eu la même issue même sans l’intervention de la Dame. Non, ce qui me gêne c’est que le seigneur de Castagne, un chevalier du Graal reconnu, a été mis à bas plus tôt. Et cette fois-ci la présence de la Dame ne s’était pas réellement faite sentir. » Eléonore remarqua que son mari avait commencé à passer sa main sur sa barbe finement taillée en bouc. Il était donc perplexe. « Tu penses que cela aurait un lien ? - Rien n’est sûr ma chère, mais… la présence d’engeance vampirique ne me rassure pas plus. Cela fait beaucoup trop de coïncidences en bien peu de temps. La Dame doit vouloir quelque chose. Peut-être veut-elle nous prévenir ? Elle nous préfère peut-être en dehors des combats pour nous permettre d’être plus alerte au cas où un autre incident devait se produire ? » Eléonore se rapprocha de son époux avec un air compatissant et lui posa sa main sur sa joue. « Tant de questions qui vous tourmentent et si peu de réponses… Laissons-nous une nuit de repos avant toute chose. Si quelque chose se trame derrière ce tournoi, nous le trouverons… mais en temps voulu. Il serait dommageable de gâcher l’occasion quand elle arrivera. - Comme toujours, tu es la voix de la raison, - soupira Roland qui prit la main de sa femme dans la sienne. Je ne comptais pas agir aussi brusquement que le répurgateur de ce matin. Il a eu la chance de tomber sur un véritable vampire cette fois-ci, mais sa prochaine accusation pourrait être faussée. La confiance aveugle fait que le juste se perd parfois sur sa propre voie. - De belles paroles, cependant... » - Eléonore prit le verre de Roland et le posa avec le sien sur un plateau non loin. – « Cette réception est de toute beauté, mais elle m’ennuie un peu à vrai dire. - Je partage ton avis. Si un de ces nobliau revient me demander s’il m’arrive d’être réveillé par un halo de lumière durant la nuit, je lui tords le cou. » Le couple rit de plus belle et, d’un commun accord, ils se dirigèrent vers leurs appartements. La nuit avait à peine débuté, ils avaient donc encore un peu de temps pour une balade nocturne dans les forêts environnantes. L’ambiance sylvestre leur manquait quelque peu et la voute étoilée était de toute beauté ce soir. Une fois équipés, ils quittèrent donc le palais, puis la cité, pour s’installer dans une clairière à quelques minutes à cheval. Une fois leur campement monté, comme de très nombreuses fois auparavant, Roland se saisit d’une branche qu’il tailla rapidement en forme d’épée longue. « Je suis peut-être éliminé du tournoi, mais tu as encore ton duel ! lança Roland en riant. » Sa femme gloussa devant le numéro de maître d’armes de son mari et elle s’équipa de son espadon. Leur séance d’entrainement allait durer un certain temps, mais elle ne fut point trop longue. Une blessure avant un combat important serait terriblement malvenue et une bonne nuit de sommeil valait parfois bien plus qu’un entrainement intensif. Une fois les passes d’armes terminées, Eléonore avait écopé de quelques bleus et elle n’avait réussi qu’à entamer un morceau de la lame en bois improvisée de son mari. Il restait le plus expérimenté des deux après tout. Mais elle avait pu perfectionner sa maîtrise de la garde du fou qui demande de garder sa lame vers le sol et ainsi laisser son adversaire tomber dans la contre-attaque qui suivait. La dame et le chevalier se couchèrent ainsi à la belle étoile, heureux comme toujours mais aussi curieux de savoir comment ce tournoi allait se dérouler. Cette fois-ci, ils allaient redoubler de vigilance...
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Dim 28 Mai 2017 - 20:31
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Hmpf. Le combat à peine terminé, Albéric de Sérignac de la Motte se leva sans attendre et se dirigea vers la sortie des gradins, les sourcils froncés sous ses mèches rebelles, et la mine soucieuse. Les rivets de son armure cliquetèrent à peine alors qu’il louvoyait dans la foule qui se pressait aux portiques, et il bousculait sans ménagement les quelques civils qu’il trouvait sur son chemin, sans accorder d’attention à leurs cris de protestation. Perdu dans ses pensées, il ruminait sur le premier combat de la matinée, et plus particulièrement sur la manière … expéditive dont le vampire démasqué avait été congédié. Cela avait été pour le moins inattendu… Soudainement, il haussa négligemment les épaules, et tout soucis sembla disparaître de ses traits. Haha, voilà qui rajoutait un piment bienvenu aux épreuves ! Le jeune vampire avait hâte de voir où tout cela l’emmènerait. Peut-être irait-il lui aussi jusqu’à mour… « Albéric ! » Une main lui agrippa soudainement le poignet, le prenant par surprise et rompant le fil de ses pensées. Réagissant au quart de tour, le jeune homme se retourna, une expression de colère se dessinant presque instinctivement sur son visage, le gantelet déjà prêt à frapper. Son regard tomba sur une jeune femme aux cheveux bruns et bouclés laissés libres, vêtue de vêtements de voyages simples mais de bonne facture, et dont les yeux bruns, encadrés par un visage d’une grande beauté, le fixaient d’une étonnante intensité. Le vampire s’arrêta dans son geste, et toute hostilité disparut de son visage. « Éléan… mais qu’est-ce qu… — Pas ici ! le coupa-t-elle à voix basse. Trouvons d’abord un endroit plus calme. » Comme il ne réagissait pas, elle le tira d’abord par la main au travers de la foule et, une fois qu’Albéric fut remis de sa surprise, elle le lâcha et il la suivit diligemment, un petit sourire amusé sur le visage. Sur leur passage, nombreux furent ceux qui se retournèrent pour admirer l’un ou l’autre de ce couple de jeunes gens à l’étonnante beauté.
Ayant laissé une distance raisonnable entre eux et la foule qui se déversait depuis les arènes, ils s’installèrent dans une petite auberge sombre, à l’ambiance calme et tamisée, où ils pourraient discuter tranquillement. Dans le brouhaha de la salle, un Estalien faisait courir avec agilité ses doigts sur les cordes de son instrument, égayant l’ambiance d’une douce mélodie. Une fois qu’ils furent assis, Albéric se pencha sur sa table et, un petit sourire narquois et le regard curieux, adressa la parole à son interlocutrice. « Alors, vais-je enfin avoir droit à la raison de ta présence ici ? » La jeune dame fit une moue désintéressée. « Peu importe ma présence ici. Depuis … depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, je suis partie en voyage, et bien évidemment j’ai entendu parler du fameux tournoi de la Reiksguard et nous avons décidé de venir à Altdorf. Je voulais y participer, mais il m’a dit que c’était trop… — Parce que tu voyages avec lui ? le jeune vampire haussa un instant les sourcils de surprise. Ha ! J’aurais du m’en douter ! Comment va-t-il ? » La jeune femme sourit avant de répondre : « Il a bien changé, tu aurais peine à le reconnaître ! Mais nous voyageons discrètement… D’ailleurs, pour les inconnus, je m’appelle Jeanne, et lui Sérène. — Jeanne ? Sérène ? Haha ! Ça lui va bien ! » Intrigué par ces changements de prénoms, il lui demanda quelles raisons pouvait bien les avoir poussées à quitter la Bretonnie pour voyager sous de faux noms. Ils divaguèrent ainsi pendant un petit moment, racontant les aventures respectives qui les avaient menés jusqu’au Tournoi de la Reiksguard, et se remémorant les souvenirs de leurs jours passés ensembles. Mais, soudain, Jeanne redevint sérieuse et coupa court à leur discussion. « Mais là n’est pas la question. Depuis que je t’ai reconnu pendant les épreuves éliminatoires, je n’ai pas arrêté de te chercher… Tu es devenu fou ? » Le jeune vampire haussa un sourcil à cette mention, et eut une moue amusée, mais la laissa continuer. « Tu as vu ce que ce pauvre homme est devenu lors de la première épreuve ? — Homme, homme… » Albéric tenta de s’imposer, mais Jeanne ne lui en laissa pas l’occasion. « Sérène ne voulait pas que nous participions, et finalement je trouve qu’il avait raison ! Tu veux finir comme lui ? — Allons, allons, tu me connais, je ne me laisserai pas avoir si facilement. — Je te connais, répondit Jeanne nullement impressionnée, et c’est justement pour ça que je m’inquiète. — Tu devrais arrêter de te soucier de fous sauvages comme moi, ils n’en valent pas la peine. » Albéric ne perdait pas son petit sourire, bien qu’il fût difficile de juger s’il se voulait désinvolte ou rassurant. « Si cela peut te rassurer, je ne me laisserais pas prendre aussi facilement. Cela dit, je dois bien avouer que je ne saurais dire si j’arriverais à me … contrôler pendant les combats. Mais c’est cela qui fait le sel de la vie, le fait de ce savoir en véritable danger, de se savoir évoluer sur le seuil entre l’existence et le néant ! Haha, j’en frémis d’avance… Que j’ai hâte, que j’ai hâte ! » Alors qu’il se frottait les mains d’excitations, la jeune femme secoua la tête et soupira en signe de reddition. Décidément, Albéric ne changerait jamais… Ce dernier se pencha d’ailleurs de nouveau sur la table, ses yeux pétillants de connivence. Lorsqu’il prit la parole, c’était presque en chuchotant. « Tu sais, il y a bien plus que les épreuves en jeu qui se trament derrière ce tournoi… Le pauvre idiot qui s’est fait découvrir de ce matin et moi sommes loin d’être les seuls à de la … » Il regarda autour de lui avant de continuer : « De la société de la nuit à nous être joints à cette folle mascarade… Ô comment tout cela est excitant. S’il n’en tenait qu’à moi, je serais allé en débusquer un rien que pour voir sa tête, haha ! » Il s’arrêta un moment avant de reprendre, ses yeux se rétrécirent jusqu’à l’état de fentes, et il parla d’une voix grave. « Et il y a pire. On nous espionne. Si je ne me trompe pas, il ne s’agit pas que de moi : tous autant que nous sommes, partisans du tournoi, on nous observe, on nous guette, on nous catalogue. Je sens leurs yeux sur moi, presque en permanence. — Allons, Albéric, tu es sûrement encore en train de divagu… — Mon instinct ne me trompe jamais ! » Répondit-il immédiatement d’une voix soudainement sifflante. En un instant, le visage du vampire c’était assombri comme un orage d’été soudain et violent. Tout aussi vite, avant que Jeanne n’ait pu réagir, il reprit sa contenance comme si de rien n’était. « Enfin, ce n’est qu’une question de temps. Et quand je mettrais la main sur lui… » Le cuir sous ses gantelets protesta alors qu’il serrait la main d’une force insoupçonnée… un sourire carnassier perla sur son visage. Puis il haussa les épaules comme il dégagerait une mince couche de neige de sa cape en hiver, et il se retourna vers son amie. Chose rare, son regard était empreint de sérieux. « C’est pourquoi je ne veux pas rester longtemps avec toi. Je vais partir avant qu’ils ne reviennent. Je ne veux pas qu’ils puissent te relier à moi, cela vaut mieux. Et je suis sûr que Sérène, comme tu l’appelles, doit se morfondre en ton absence. — Oh, je l’ai prévenu que j’allais te voir, il doit être en train de se promener dans la ville … Tu le connais, c’est la première fois qu’il parcourt une grande cité, et Altdorf est sans pareille. Et ce n’est pas un espion humain qui saurait m’effrayer ! » Mais Albéric ignora sa dernière remarque. « Tu sais qu’il ne m’apprécie pas, n’est-ce pas. » Son regard était sans équivoque. « Tu seras en bien meilleure compagnie avec lui qu’avec moi. Si tu restes trop longtemps avec moi, il va t’arriver des ennuis. » Elle allait protester, mais il ne lui en laissa pas le temps. « Allez, regarde : je m’en vais. Je ne vais pas t’importuner plus longtemps, je te laisse retourner jouer les tourtereaux avec l’autre. » Il la sentit réagir à sa dernière pique, mais elle ne répondit pas. « Allons, tu devrais lui donner un indice de temps en temps. Timide et perdu comme il doit être, tu pourrais bien lui donner un coup de main… Tu ne l’as pas suivi dans ses errances pour rien, non ? » En rencontrant son regard, il vit qu’elle s’était mis à rougir, et elle baissa les yeux. Pour la première fois depuis leur réunion, la jeune femme parut moins sûre d’elle, plus vulnérable, et peut-être plus féminine. Qu’elle était belle, se dit Albéric l’espace d’un instant, avant de baisser les yeux lui-même. Finalement, sans lui laisser le temps de répondre, il se leva et quitta la table, sans un regard en arrière.
Une fois sorti de l’auberge, ayant regagné sa contenance désinvolte habituelle, le vampire regarda à droite puis à gauche. Ses narines se dilatèrent, et soudainement, il se retourna, le regard fixé sur une ruelle sombre qui tournait à l’angle de la taverne. Mais ses yeux ne percèrent que les ténèbres ordinaires dans lesquelles baignaient les vieux pavés et les pierres moussues des murs. Il n’y avait visiblement pas âme qui vive. Un sourire déchira à nouveau son visage, dévoilant des dents incroyablement blanches. L’espion ne pourrait pas lui échapper indéfiniment. Ce n’était qu’une question de temps.
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Lun 29 Mai 2017 - 21:11
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- Bon sang, que se passe-t-il ? Elle est attaquée ? Pourquoi restes-tu ici à ne rien faire ?! - Non, elle est seule là-haut. - Mais... Tout ce raffut... - Je crois que ça doit bien faire mille ans que je ne l'ai pas vue dans cet état. Depuis... - Le Duc, oui. Il faut faire quelque chose, elle va alerter tout le quartier. - Ma maîtrise des mots n'est pas aussi bonne que la tienne. - ... J'y vais.
Salira profita d'un silence temporaire pour frapper timidement à la porte. Aucune réponse. Pas de bruit non plus. Elle osa pénétrer dans la pièce. Le bureau n'était plus qu'un ramassis de bois fumant. Toute la salle n'était que destruction, jusqu'aux murs qui portaient les sévices d'une magie qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle la trouva devant la fenêtre, les mains serrées autour de la rambarde, les jointures blanchies. Aucune respiration. Aucun mouvement. Une statue. La colère et le silence. - Dame... La suivante osa quelques pas dans sa direction. Aucune réaction. Elle tourna le regard vers la droite, observant la porte qui avait miraculeusement survécu. Les appartements de ses mortels. Le sang la calmerait. Elle s'y dirigea lentement. Elle ne put retenir un hoquet de stupeur en découvrant le charnier. Ses quatre esclaves gisaient dans un amas de sang et de débris. Elle sentit soudain un regard sur sa nuque. Elle déglutit, réprimant tant bien que mal ce sentiment qu'elle croyait ne plus connaître. La peur. Non, la terreur. Elle se retourna avec précaution. Arken se tenait droite, les bras croisés, tout le corps tendu. Son menton relevé et barbouillé d'écarlate témoignait du récent massacre, tout comme ses yeux rouges luminescents, qui la fixaient intensément. - Dame... - Que veux-tu ? - Le bruit... les mortels... Nous sommes en ville... - Je m'en contrefiche. Qu'ils viennent. Salira ferma les yeux un court instant. Elle respira profondément. Quand elle releva la tête, son regard affichait une grande détermination. Elle savait être la seule à oser faire ça, la seule à pouvoir le faire sans en payer le prix. Sa maîtresse allait bientôt se souvenir des raisons qui l'avaient poussée à la choisir. - Dame Arken Von Geld, Comtesse d'Argent, Haute Conseillère de notre Reine et confidente de ses plus noirs secrets, vous allez vous ressaisir ! Vous êtes une digne aristocrate de Lahmia, pas une de ces vulgaires bêtes sans cervelle ! Sa tirade achevée, elle se crispa, attendant sa propre fin. Rien. Elle jeta un bref coup d’œil. La vampiresse faisait des yeux ronds, leur lueur rouge teintée de surprise. La colère avait été remplacée par... de la joie ? - Une bête... Mais bien sûr ! Ce murmure s'acheva par un sourire euphorique. Arken s'approcha de sa suivante, prit sa tête entre les mains et l'embrassa sur le front. - Rejoins Massa et trouvez-moi son corps. Je le veux dans la cave avant le lever du soleil ! Je pars, je n'en aurai pas pour long. La Dame invoqua son bâton d'une pensée et disparut dans des volutes obscures. Salira resta stoïque quelques instants avant de soupirer de soulagement. Puis, elle s'empressa de retrouver Massa, sa sœur.
***
Katarina, le heaume sous le bras, se dirigeait vers la caserne pour rejoindre sa chambre temporaire. La journée avait été longue et, malgré sa victoire, la mort de son congénère l'avait plus marquée qu'elle voulait bien l'admettre. Elle devait... - Katarina Snjegynka ? Deux hommes arrivaient à sa hauteur, tous deux vêtus sobrement mais avec distinction. Le plus grand, les cheveux en brosse, affichait un sourire qui se voulait certainement charmeur. - Pierre Patrick d'Aquitanie, journaliste renommé de cette chère cité. Je viens vous poser quelques questions. - Des questions ? A quel sujet ? - Votre victoire bien sûr ! Mes lecteurs seront heureux d'avoir le témoignage direct de la première femme à avoir vaincu le grand Seigneur de Castagne. - Oh. Je n'ai rien à dire. Nous avons combattu, j'ai gagné. - Mais, et vos impressions, vos émotions après votre victoire ? Ce que vous ressentiez au moment de charger ? - Je ne réfléchis pas à ce genre de chose quand je suis en combat. - Oh, je vois, intéressant. - Attendez... Que fais votre acolyte ? - Il prend des notes ! - Des notes ? Mais... - Un problème Kat' ? Une femme venait d'apparaitre au détour d'une maison. Pierre Patrick n'arrivait pas à deviner son âge, car son visage était caché dans la pénombre d'une capuche d'une longue pèlerine pourpre. Seuls de longs cheveux noirs en dépassaient. Il tendit sa main avec confiance. - Pierre Patrick d'Aquitanie. Journaliste d'Altdorf. Et vous êtes ? La femme ne fit pas un seul geste vers lui, et sa main resta en suspens quelques secondes avant qu'il ne la baisse avec gêne. Elle se tourna vers la chevalière qui répondit à sa place : - Tatiana Rubyn. Mon écuyère. Cette information lui fit oublier le manque de politesse flagrant de la nouvelle venue. Son assistant nota fébrilement quelques mots alors que lui-même haussa les sourcils. Il voulut poser une nouvelle question. Il regarda la combattante, il se tourna vers l'écuyère... Un léger frisson lui remonta la colonne vertébrale. Perturbé par ce nouveau sentiment tout à fait incongru en cette situation, il jeta un coup d'oeil à son apprenti. Il avait arrêté d'écrire, tenant son stylet à quelques pouces de la feuille. Sa main... tremblait ? - Hans ? - Chef ? Leurs deux voix étaient chevrotantes. Il osa un regard vers la guerrière, le sourire crispé. - Nous... nous vous dérangerons pas plus. Passez une bonne soirée. Au revoir ! Les deux journalistes firent un effort pour ne pas partir en courant. Les deux femmes attendirent qu'ils disparaissent avant de repartir toutes deux en direction de la caserne. - Tu m'expliques ? - Oh, juste une aura de peur primale. Rien de bien méchant. - Tu devrais faire attention. Tu as vu ce qu'il s'est passé ce matin. - Hélas... On est déjà venu m'en parler. Rubis porta la main à son front d'un geste distrait. - Elle voudrait réunir les trois pour le ramener. Mais je lui ai dit qu'il fallait d'abord qu'elle trouve le troisième si elle voulait avoir les nôtres. - Oh. Il est vrai qu'Emeraude ne nous a pas laissé de charmante lettre pour nous avertir de sa position. Mais... Tu lui fais assez confiance pour lui confier les bijoux ? - Je te l'ai dit. C'est une femme d'honneur.
Dernière édition par Von Essen le Mar 30 Mai 2017 - 14:11, édité 1 fois
Essen Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard Lun 29 Mai 2017 - 21:34
La lame siffla en fendant l’air, l’éclat de la lune se reflétant dessus de façon distordue par les fines nervures et rainures ornant l’acier sombre. Le monde changeait-il si vite ? Pourtant le tournoi du Fort de Sang n’était pas si lointain, du moins le lui semblait-il. Rapide comme l’éclair, l’épée virevolta en une série de mouvements de gauche et de droite. Silvère ne lui avait pas semblé différent, sa défaite n’était donc pas à mettre sur la cause de l’âge. Mais alors quoi ? D’une pirouette il se retrouva au milieu de la cour, et se remémorant une bataille passée Wilhelm se mit à enchaîner coups et parades alors que d’imaginaires guerriers de Khorne se ruaient sur lui. Une chose était sûre : il n’avait pas vu lors de sa charge l’éclat qui naguère animait le paladin blanc de Bretonnie, cet éclat que tous au Fort de Sang avaient vu et craint, cet éclat que lui-même avait vu pour la première fois juste avant que son bouclier ne soit brisé, et qui l’avait ensuite poussé à s’entraîner encore plus. Non, cette lumière avait disparu comme par enchantement lorsque la lance de Katarina Snjegynka avait approché le sire de Castagne. Un coup de malchance ? La Dame aurait-elle abandonné son favori ? Ou cela était-il un présage ? Le dragon de sang grimaça de dégoût. Si c’était un présage, cela avait peut-être à voir avec le duel d’avant. Après tout, la Divinité Bretonnienne avait été fort occupée lorsque les sires Delatour et Boisserand avaient croisé le fer. Peut-être avait-elle perdu toute son énergie à empêcher les deux chevaliers de s’étriper ? Non, impossible. Il avait vu cette bénédiction faire des miracles lors de situations désespérées, alors défendre un seul paladin contre une simple lance aurait été un jeu d’enfant. Les guerriers de Khorne laissèrent place à un chef de guerre orque noir, Murkad Dent d’fer, affronté en pleine bataille lors du siège d’une forteresse naine. Wilhelm s’était alors introduit dans les souterrains pour combattre l’orque dont la renommée était devenue assez grande pour parvenir à ses oreilles. Mais si la Dame avait pu protéger Silvère et l’amener à la victoire, elle devait avoir une raison pour ne pas l’avoir fait. L’image de l’orque s’estompa, et le vampire rengaina son épée, réalisant qu’il n’arrivait pas à se concentrer ce soir. Il lui fallait comprendre ce qui était arrivé à Silvère, sinon leur duel n’aurait pas de valeur, sans compter que le paladin avait été blessé dans son affrontement contre Katarina. Mais pour cela ses propres connaissances seraient loin d’être suffisantes. Y avait-il quelqu’un dans ce tournoi qui pourrait lui apporter une réponse ? Après tout, nombre de chevaliers Bretonniens étaient présents, mais Wilhelm avait l’intuition qu’il allait avoir besoin d’un avis extérieur, car il doutait de leur réelle érudition sur le sujet. Une damoiselle peut-être ? Mais y en avait-il seulement une dans les parages ? Wilhelm fixa la lune, sa décision prise : s’il voulait affronter Silvère au mieux de sa forme, il lui faudrait résoudre ce mystère, quel qu’en soit le coût.
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Helmut ferma son carnet, l’esprit occupé. La découverte de Von Essen s’était révélée être ce qu’on appelle dans le jargon « un coup à faire perdre ses cornes à un gor », littéralement un gros coup de malchance. Maintenant, non seulement les humains étaient sur leurs gardes, mais en plus les vampires l'étaient aussi. Le chroniqueur vampire avait péri sous le pieu d’un répurgateur, ce qui avait bien secoué l’assemblée, et qui plus est lui-même se trouvait alors en coulisses pour participer au duel suivant. Une chance que le sire des Sept Monts eût succombé à la ruse, parce que le public devait certainement être sur les dents. Pour autant, Helmut ne se laissa pas abattre, et entreprit immédiatement de passer en revue la liste des non-morts présents au tournoi. Si l’un d’eux devait servir de fusible, autant que le plan fût prêt. Ses rapports du jour avaient été fort instructifs. Manifestement certains participants œuvraient chacun de leur côté à quelques activités mystérieuses. Thelma Auerbach était à une petite fête organisée par son école d’ingénierie, qui devait ma foi être fort réputée pour fournir des diplômés aussi capables. Aux dernières nouvelles, le couple Boisserand se préparait pour une soirée mondaine tout à fait banale, et Albéric Sérignac de la Motte avait rencontré une jeune femme en ville. Impossible de savoir ce qu’ils s’étaient dits, mais il avait demandé à son agent de retrouver la demoiselle et de la suivre. Simple précaution, mais dans ce genre d’activités on peut toujours tomber sur des trésors d’intérêt simplement en étant rigoureux. Qui sait quels secrets un vampire comme Albéric pouvait cacher ? Helmut sourit tout en sortant dans le crépuscule, observant au passage le sire Kruger qui s’entraînait déjà dans la cour. Quelques chevaliers avaient repéré son manège et avaient décidé de rester tard pour l’observer, mais ils ne s’éternisaient jamais très longtemps, surtout quand ils s’étaient aperçus qu’il n’accordait pas plus de cas à leur présence qu’à celle d’une mouche. Le visage du chevalier trahissait une réflexion intense, bien plus que d’habitude, et Helmut devina que cela avait à voir avec les combats récents. Le sire Kruger avait-il un lien particulier avec l’un des combattants du jour ? À sa connaissance, seuls Von Essen et Silvère de Castagne avaient participé au tournoi du Fort de Sang. Avait-il tissé des liens d’amitiés avec l’un ou l’autre ? Ou des liens d’inimitié, et alors il ruminait sa colère de ne pas avoir pu les vaincre lui-même ? Helmut sortit son carnet et nota quelques mots, décidant que cette piste était intéressante. Ses déambulations l’amenèrent à l’endroit qu’il cherchait : l’auberge où Albéric et la jeune demoiselle avaient eu leur conversation quelques heures plus tôt. L’établissement était vivant, avec une ambiance joviale renforcée par la lumière tamisée. Des effluves de bière et de ragout emplissaient l’air, et Helmut se sentit soudain la cible de plusieurs regards lorsqu’il entra. Après tout il savait qu’il détonait, avec ses habits ostensiblement bretonniens et de bonne facture. Il avait pris la précaution de se déguiser avant de sortir, préparant son rôle jusque dans sa manière de parler. Tout en marchant tranquillement vers le comptoir il distribua de gauche et de droite quelques sourires chaleureux, sachant parfaitement comment le jouer. Une fois devant la planche en bois verni sur laquelle l’aubergiste servait ses clients, il s’assit nonchalamment et commanda un verre de vin. Le tenancier, un homme rugueux d’une quarantaine d’années à la barbe garnie et aux bras puissants, le regarda d’un air moqueur. « Un verre de vin ? C’est comme vous voulez, mais ici on n’a pas de grands crus. Mes clients sont plus habitués à la bière. » Helmut prit un air légèrement désolé, et répondit en prenant un accent bretonnien : « C’est que je ne suis pas un grand connaisseur de bières, voyez-vous. Ma famille n’a emménagé dans l’empire que récemment, et importe encore beaucoup de vin de ce pays. Je n’ai donc jamais encore testé la bière. » L’aubergiste sourit et sortit une large chope de sous son comptoir. « Alors n’attendez plus cher monsieur. Je brasse moi-même ma bière, et vous n’en trouverez pas de meilleure de ce côté du Reik, et même de l’autre si j’en crois mes clients. - Vraiment ? » Helmut prit un air intéressé. « C’est vrai que l’occasion parait être idéale. Je dois avouer que si le goût de ce breuvage est à la hauteur de ses vapeurs, alors il doit être délicieux. La chaleur des gradins est devenue désagréable en fin d’après-midi et je meurs de soif voyez-vous. » Avec un petit rire joyeux, l’aubergiste remplit la chope et la tendit à ce sympathique étranger. Helmut s’en saisit et l’approcha doucement de ses lèvres, fronçant les sourcils, avant d’avaler une petite gorgée. Devant le sourire de son interlocuteur, il ouvrit plus grand les yeux et but plusieurs lampées du breuvage ambré. Le goût était effectivement bon, mais ne valait pas la réputation que l’homme lui adressait. La bière faite au « Mulot Jovial », un établissement à quelques rues d’ici, était bien meilleure. Cependant, il prit un air satisfait lorsqu’il s’adressa à l’aubergiste. « Quel somptueux breuvage ! Ma foi, c’est criminel que l’on n’en ait pas plus en Bretonnie. Je vais parler de votre établissement autour de moi Monsieur, je peux vous l’assurer. » Le tenancier ne pouvait pas cacher sa fierté. « Ça fait plaisir de recevoir des compliments d’un étranger comme vous mein herr. Un artisan aime à savoir que son travail est apprécié. - Oh mais vous devez en voir beaucoup des étrangers ces jours ci, non ? Avec le tournoi, et tout. - C’est vrai qu’on a bien plus de clients qu’on avait jamais vu ces derniers temps. Tenez, pas plus tard que cette après-midi, on a eu un jeune chevalier accompagné d’une superbe donzelle. - Ah ça, je reconnais que les jeunes filles d’Altdorf sont toutes très jolies. Ce chevalier a bien fait son choix. - Mais elle n’était pas d’ici non plus, je vous l’assure. Quand on passe sa vie dans le coin, on sait reconnaître quelqu’un qui vient d’ailleurs. - Oh, s’était-il agit d’un rendez-vous amoureux ? Dites-moi tout monsieur, je trouve que cette histoire devient incroyablement romantique. - Oh, ce n’était sans doute pas vraiment ça, en passant entre les tables j’ai cru les entendre parler d’un certain Sérane, Sarène, ou Sérène, un truc comme ça. Même que le jeune homme a piqué une petite crise après et a parlé d’espions. C’est pas vraiment des sujets de rendez-vous amoureux non ? Et appelez-moi Franz, je ne veux pas que mes clients ne m’appellent pas par mon prénom. » Helmut sourit à cette remarque, sachant par là qu’il venait de faire un pas de plus vers l’acceptation sociale. « Eh bien monsieur Franz, je lève ma chope à votre bière, à ce tournoi, et à l’amitié entre la Bretonnie et l’Empire. Santé ! » Quelques exclamations appréciatives fusèrent, et quand Helmut sortit de l’établissement, quelques heures plus tard, sa bourse s’était allégée de plusieurs pistoles, mais il avait gagné quelques informations très intéressantes. Ainsi Albéric Sérignac de la Motte sentait qu’il était épié ? Voilà qui rendait l’évènement ma foi très amusant, mais aussi encore plus dangereux. Il allait falloir faire quelque recherche sur l’individu, et Helmut savait par expérience que ce genre d’homme ne devait pas être sous-estimé.
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Sujet: Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard