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Sujet: Re: Le Mercenaire Mar 19 Mai 2015 - 13:45
Salut à toutes et à tous les enfants et bienvenus à cette suite tant attendue du Mercenaire!
J'espère que cela vous plaira et n'hésitez pas à laisser une appréciation
Je quittai la grotte et les deux malandrins le matin même; Stanislas m'avait expliqué le chemin pour rejoindre la route et je lui en fus plus d'une fois reconnaissant. Les pluies de la veille avaient si bien détrempé les sous-bois que j'aurais été incapable de retrouver notre piste de la veille même si j'étais tombé le nez en plein dessus. Une fois sur les bons pavés de la voie impériale, il ne me restait qu'à me laisser porter par Dieter et j'atteignis "la ville" un peu plus tard. Je sus que j'en étais finalement proche en entendant faiblement la cloche d'un temple donner l'heure aux bonnes gens.
Au détour d'une sinuosité de la route, la ville apparu devant moi et je fus plus qu'un peu surpris de sa taille. Je m'étais figuré que les gens du cru l'appelaient "la ville" uniquement par habitude et surtout parce qu'en comparaison des trous boueux où ils vivaient eux-mêmes les quelques cabanes de mauvaises planches qui devaient constituer un vague hameau étaient ce qui se rapprochait le plus d'un endroit civilisé à des lieues à la ronde. Mais je dus bien admettre que je me fourvoyais grandement en arrivant devant une belle enceinte de pierre, percée d'une large porte en excellent état et gardée par deux hommes en livrée. Deux autres étaient de faction sur une tourelle un peu plus loin qui dominait insidieusement la route et je songeai alors qu'ils avaient dû me voir depuis un bon moment déjà.
Tout cela finit de dissiper mes illusions sur la prétendue petitesse de l'endroit et j'étais sûr à présent de trouver de quoi boire et me délasser dans une bourgade de cette importance. C'est donc d'un ton joyeux que je m'adressai aux factionnaires:
-Holà! La bonne journée à vous, portiers. Quelle est donc le nom de cette ville que je vois joliment dressée devant moi?
Les deux hommes se regardèrent brièvement avant que l'un d'eux ne réponde. Il portait une courte barbe blonde plutôt soignée et son œil était vif. Il semblait détendu, sans doute assuré que toute menace serait décelée assez tôt par les autres gardes perchés plus haut, mais gardait tout de même sa longue pique à portée de la main. Il était sensiblement plus jeune que son compère et ne devait avoir plus d'un an de service à son actif.
-Elle se nomme Waldesherz, étranger, mais tout le monde alentour dit simplement "la ville" sans qu'il soit besoin de la nommer autrement.
Je souris à cette annonce; enfin quelqu'un qui pouvait me renseigner dignement.
-J'avais bien cru comprendre que les petites gens d'ici l'appelaient de la sorte, oui... Pour tout dire, je désespérais de découvrir jamais son véritable nom et je vous suis fort obligé d'avoir éclairé ma lanterne, dis-je en m'inclinant. Auriez-vous assez de bonté pour m'indiquer également où trouver une écurie pour mon cheval ainsi qu'un lieu où un honnête voyageur tel que moi pourrait se délasser tranquillement après plusieurs jours passés sur les routes poussiéreuses de votre belle province?
Les gardes sont habituellement toujours aptes à fournir ce genre de renseignements et tout particulièrement ceux qui sont souvent de faction à l'une des entrées de la ville. Quelle tenancière de bordel était assez pingre pour ne pas glisser discrètement une pièce ou deux aux sentinelles afin qu'elles recommandent leur établissement aux voyageurs de passage? Dans certaines villes du sud il n'était pas rare que telle ou telle maison close donne des primes ou d'autres avantages en nature aux gardes si des clients se présentaient en déclarant venir de leur part. Mais à la mine franche et sérieuse de celui-ci, je sus tout de suite qu'il n'avait pas compris l'allusion... Il m'indiquait une adresse quand son compagnon le poussa du coude et leva les yeux aux ciel à mon intention.
-Vous seriez plus à l'aise au " Die Grunzende Katze ", m'est avis. Vous trouverez pas d'endroit plus accueillant en ville que c'lui-là. Vous devriez tomber dessus sans trop de mal, c'est dans l'quartier de la scierie.
Je souris devant l'air scandalisé du jeunot et leur lançai un cliquet à chacun.
-Pour votre peine, mes bons amis. Je vais suivre votre excellent conseil, je crois. Ha, et si d'aventure deux hommes se présentaient ici dans quelques jours, l'un parlant difficilement et l'autre grand et maigre à faire peur, ne vous effarouchez pas trop de leur mauvais aspect et ayez la grande bonté de me faire prévenir aussitôt dans cet établissement que vous me recommandez; vous n'aurez pas affaire à ingrat, je peux vous l'assurer.
Sur quoi j'éperonnai doucement Dieter qui reprit son avance d'un pas tranquille. Waldesherz offrait un curieux spectacle; une fois passé son enceinte de bonne pierre, tous les bâtiments semblaient construits exclusivement en bois. La forêt était visiblement la source de toutes les richesses de la ville si j'en jugeais par le nombre de solides gaillards qui passaient avec une cognée ou une longue scie à l'épaule. Il me suffit de leur emboîter le pas pour trouver le quartier que je cherchais et le premier venu pu me renseigner facilement sur ma destination. Son sourire goguenard et mi-rêveur comme il m'expliquait le chemin m'assurait que l'établissement n'usurpait pas sa bonne réputation.
Il restait des chambres libres et malgré un prix à la nuitée un peu supérieur à mes estimations, l'établissement était plutôt propre ainsi que les filles qui y officiaient. J'avais d'avantage besoin de repos que de compagnie et je renvoyai à regret la donzelle que la tenancière m'avait expédiée, tout en songeant que quelques années plus tôt j'aurais bondi sur elle avec fougue. Je m'étendis quelques instants pour étirer mon dos et songeai à toutes les maisons closes qu'il m'avait été donné de visiter aux quatre coins de notre bon Empire. Celle-ci n'était pas parmi les plus fantasques que j'avais connue, mais elle se distinguais malgré tout pour une bourgade aussi reculée. Perdu dans mes pensées je ne tardai plus à m'assoupir.
MagnanXXIII Reiksmarshall
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Sujet: Re: Le Mercenaire Jeu 28 Mai 2015 - 14:46
Un texte tous les ans, à ce rythme il va pas allé très loin notre héros Enfin si tu lui fait dormir un an dans cet établissement je pense pas qu'il va pas dire non
Par rapport aux anciens textes, le gras italique est plus lisible. Ce serai parfais avec des illustrations, mais après il faut les trouver...
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Pour l'Empire ! :
Thomov Le Poussiéreux Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Le Mercenaire Jeu 28 Mai 2015 - 16:10
Merci pour ce commentaire, cher ami
Je verrai pour réduire le temps d'écriture, mais c'est sans garantie malheureusement (j'aime pas trop forcer et comme tu le sais certainement je bosse aussi sur pas mal d'autres trucs en parallèle)
Thomov Le Poussiéreux Joueur d'Epée
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Sujet: Re: Le Mercenaire Mar 4 Avr 2017 - 18:49
Et voici la suite du Mercenaire! Joie! Noël!
Je fus réveillé le lendemain par un entêtant grondement. On aurait dit qu'un gigantesque chat ronronnait sans relâche avec la régularité de la grande horloge astronomique d'Altdorf. Je mis plusieurs secondes à sortir tout à fait des restes de mon songe avant de me relever péniblement. Une nuit dans un bon lit avait chassé presque toutes mes douleurs dorsales, mais je n'étais pas dans ma meilleure forme pour autant. Crapahuter sous la pluie battante et dans ces bois détrempés deux jours durant risquait fort de se payer d'une bonne toux grasse à vous faire cracher vos tripes au sol. Renonçant à élucider le mystère de l'origine de ce bruit insolite, je fouillai dans mes affaires à la recherche de vêtements pas trop sales et descendit avec le reste de mes frusques que je tendis à une servante qui passait.
-Ayez l'obligeance de me laver ces nippes au plus tôt, ma brave. Je n'ai plus rien à me mettre.
La fille paru surprise mais n'ajouta cependant rien et je repris ma route vers la salle principale. Un bon feu ronflant chassait agréablement le froid de cette matinée humide d'automne et je claquai des mains avant de les frotter l'une contre l'autre aussi près du feu qu'il m'était possible d'approcher sans me brûler.
La pièce qui la veille m’avait paru enchanteresse perdait un peu de sa superbe à la lumière froide du jour. A la nuit tombée, les draperies qui pendaient des murs, les nombreux tableaux suggestifs et les myriades de bougies donnaient à l’endroit un irrésistible air de cour des miracles qu’il était loin d’arborer encore alors que je pouvais voir combien de fois chaque tenture avait été reprisée, la grossièreté du trait du peintre et que le soleil inondait pleinement la salle. Rien n’est plus triste pour moi qu’un bordel au petit matin ; cela dit, comme je m’étais contenté de dormir cette nuit, j’espérais qu’il me réservait encore quelques bonnes surprises.
-Mais n'est-ce pas là notre dernier client? Je n'ai pas eu le plaisir de vous accueillir en personne au "Grunzende Katze" hier soir, noble étranger. Mais je suis certaine que nous trouverons bientôt l'occasion de réparer cette malencontreuse entorse aux règles de l'hospitalité...
Je tournai la tête vers la femme qui venait de pénétrer dans la pièce. Elle était habillée d'une bien étrange façon, comme si une dame de noble naissance avait savamment découpé de-ci de-là dans ses robes pour se dénuder au maximum sans perdre une once de prestance. Un roturier aurait certainement pu croire qu'il se trouvait face à une baronne ou une duchesse plus dévergondée et fantasque que la normale; mais mon éducation dans une authentique famille d'aristocrates me révélait qu'il ne s'agissait que d'une pâle imitation et que cette femme, pour toute attrayante qu'elle fut, n'était sans doute pas née dans un endroit plus prestigieux qu'une étable, l'arrière de la cabane d'un quelconque manant ou même un bordel pas si différent que celui dans lequel je me trouvais. Néanmoins il ne me coûtait rien d'être aimable avec elle. Aussi me retins-je de rire de son accoutrement et m'adressais-je à elle avec rien de plus qu'un fin sourire.
-Vous devez être la propriétaire de ce charmant établissement. Bien que je n’aie pas encore profité des charmes de votre personnel je tiens à vous féliciter pour l’excellente tenue des lieux. Il me semble que cette nuit de bon sommeil m’a redonné toutes les forces que l’âge m’a prit insidieusement ces vingt dernières années durant. A qui ais-je l’honneur, madame ?
Ce-disant je saisi délicatement la main qu’elle me tendait et m’inclinai très bas pour y déposer un semblant de baiser. Ce mouvement m’appris que la raideur de mon dos était encore bien présente et qu’il faudrait plus que quelques heures de repos pour qu’il retrouve un peu d’élasticité.
-Je me nomme Ulla Gastfreundlichen, mais mes amis m’appellent simplement Baronne.
-Ulrich von Beckdorf, dis-je en me redressent de manière un peu raide.
-Un gentilhomme dans ces murs ?! Voilà qui est terriblement excitant. Pour peu je me serais même laissée aller à goûter en personne à cette fameuse vigueur retrouvée… Mais d’autres occupations m’appellent, j’en ai peur. Il faudra vous contenter de mes filles.
-Je suis sûr d’être comblé par leurs attentions, mais je ne perds pas pour autant espoir que nous reprenions cette conversation un peu plus tard. Je compte en effet rester quelques jours sous votre toit. Je paierai d’avance, afin de dissiper tous les doutes que vous auriez pu nourrir sur ma situation financière.
-Voyons, je ne me serais jamais permise de pareils soupçons à l’encontre d’une personne de votre qualité.
Elle prit cependant les pièces que je lui tendais avec une vivacité qui trahissait l’amabilité de son discours. Je ne pris toutefois pas ombrage de ce geste : je connaissais assez son milieu pour savoir que les plus belles promesses de ses clients ne nourriraient pas ses filles bien longtemps. Une paie d’avance ne se refusait pas. Comme elle faisait mine se retirer, je la retins un instant.
-Une dernière chose avant que vous ne me quittiez : je n’ai pas pu m’empêcher de relever un bruit étrange ce matin. Nous ne l’entendons pas d’ici, mais je vous assure que depuis ma chambre c’est tout à fait net. Pouvez-vous me dire de quoi il s’agit ?
-Ha ! Vous parlez certainement du ronronnement chaleureux auquel notre maison doit son nom ; il s’agit en réalité d’un écho de l’activité qui règne à la scierie toute proche. Vous avez sans doute remarqué que la prospérité de notre ville, et donc de mon propre commerce, repose pour l’essentiel sur le travail du bois. Mais ne vous en inquiétez pas trop, vous verrez qu’on s’y habitue très rapidement.
Elle me laissa sur ces mots. Malgré son air confiant je n’étais pas si sûr de m’habituer à ce son particulier, comme un bourdonnement incessant bien qu’en sourdine.
La taule n’étant pas spécialisée dans les séjours de longue durée, je sortis avec l’intention de trouver un endroit où casser la croute. La matinée était plus avancée que je ne le pensais. Je fis un crochet par l’écurie afin de m’assurer que Dieter était bien traité puis me dirigeai vers cette fameuse scierie qui me vrillait les oreilles. Après tout, le travail dans un tel endroit devait être dur et chacun sait qu’un labeur harassant creuse fameusement l’appétit. Je tablais sur le fait que quelques marchands entreprenants supporteraient certainement le vacarme incessant des scies afin de s’assurer d’être au plus près de cette clientèle affamée.
Ma courte promenade m’en apprit un peu plus sur Waldesherz. Les rues dans ce quartier bourdonnaient d’une activité témoignant d’une grande prospérité. Presque toutes les bâtisses devant lesquelles je passai étaient encore parées du lustre de la nouveauté et je jugeai que la plupart n’avait pas plus de deux ans d’âge. Certaines étaient visiblement construites à la hâte et il n’était pas rare que leur devanture penche dangereusement sur la chaussée. Toute cette effervescence m’étonnait quelque peu et je me demandai ce qui pouvait en être la cause. Je finis par trouver où me restaurer en suivant un groupe de bucherons qui parlaient fort et ne faisaient aucun mystère de leur destination.